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Michel Floquet publie “Triste Amérique”. Pour lui, “le rêve américain est mort”

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  • Michel Floquet publie “Triste Amérique”. Pour lui, “le rêve américain est mort”

    C’est un livre qui fait du bien. Ainsi, cette Amérique glorifiée pour son «rêve», pour ses ambitions, sa liberté, son melting-pot, n’est pas aussi magnifique qu’on le croyait? Michel Floquet, grand reporter et correspondant aux Etats-Unis pour TF1, publie «Triste Amérique», un livre à charge, terrible, mais documenté avec précision.

    Les États désunis sont le pays où il y a le plus de crimes par arme à feu, le plus d’incarcérations, le plus de pauvres, le plus de minorités méprisées, le plus de religiosité étouffante… Jamais la fracture sociale n’a été aussi évidente, et elle s’aggrave de jour en jour. Du coup, surgissent des politiciens comme Ted Cruz, Sarah Palin, Donald Trump, qui incarnent ce qu’il y a de pire dans l’American Way of Life. Le livre de Michel Floquet se lit avec rage et passion, et aussi avec curiosité: cette Amérique-là, on ne nous en parle jamais. A dévorer ces pages, on comprend pourquoi.

    BibliObs. Le portrait que vous faites des Etats-Unis diffère beaucoup de ce qu'on a l'habitude de lire en France.

    Michel Floquet. On croit connaître l’Amérique, elle nous est si familière à travers le cinéma, les séries télévisées, ses grands hommes comme Obama… Souvent on s’arrête à cette vision superficielle du pays. Mais il est beaucoup plus compliqué que cela. Bien différent de nos fantasmes. C’est ce que j’ai découvert pendant ces cinq années passées à parcourir le pays. Il y a une autre Amérique. Faites d’inégalités et de violence, de tensions raciales et d’impossibilité à vivre ensemble…

    Parlons de l’Amérique qui vote pour Trump…

    La plupart des Américains détestent désormais «Washington», c’est à dire l’establishment, ses représentants, son administration fédérale et même son gouvernement. Jamais ce sentiment n’a été aussi fort. Ces gens-là ont la conviction que le pays est paralysé. Mal géré par une bande de politiciens professionnels coupés des réalités. Et comment leur donner tort? Chaque fin d’année, le vote du budget amène le pays au bord de la paralysie et pendant ce temps-là, des dizaines de milliers de ponts, par exemple, attendent d’être réparés…

    Trump profère des horreurs sur les minorités, sur les femmes, et pourtant rien ne semble pouvoir lui nuire…

    C’est vrai. Cela lui fait du tort bien sûr, mais surtout chez les électeurs qui de toute façon ne l’aimaient pas. Trump a été méprisé par la presse et les intellectuels dès le début. Ils ne donnaient pas cher de sa campagne, c’était un sujet de plaisanterie. Et aujourd’hui il est à peu près certain, sauf coup de théâtre, d’obtenir l’investiture républicaine. C’est donc que ses outrances n’ont pas découragé l’Amérique profonde, ou plutôt l’Amérique réelle. Trump appelle un chat un chat ou plutôt un latino un latino … Il s’adresse à des gens excédés, épuisés, qui cinq ans après la sortie de la «grande récession» sont encore plus pauvres qu’en 2008.

    A-t-il une chance d'être élu ?

    Pourquoi pas? Les mêmes qui disaient qu’il n’aurait jamais l’investiture assurent aujourd’hui qu’il n’ira jamais à la Maison Blanche. Il faut donc s’y préparer. Il n’est pas favori mais il a une vraie chance. Hillary Clinton n’est pas aimée. Elle incarne à la puissance dix cette élite politicienne abhorrée. Elle est perçue comme cupide, ce qui est vrai. L’affaire de sa boîte mail personnelle utilisée lors de son passage au département d’Etat, le scandale de Benghazi, tout cela sera utilisé contre elle après les conventions, lorsque la campagne démarrera vraiment.

    Quelle part de responsabilité porte Obama dans cette situation?

    Obama a énormément déçu. Son bilan, c’est pratiquement huit ans pour rien. Sur le plan intérieur, jamais les inégalités n’ont été aussi grandes. Le rêve américain, l’idée que si on travaille on fera mieux que ses parents, est définitivement mort. L’Amérique est devenue le pays champion de la reproduction sociale. Pour ce qui est de la politique étrangère, c’est encore pire. Les talibans sont aux portes de Kaboul. Le retrait calamiteux d’Irak et la gestion molle de l’affaire syrienne ont engendré Daesh, l’état islamique. Et sur les ruines de cette politique hésitante, Poutine a fait un retour fulgurant, au Proche-Orient comme en Ukraine.

    Vous racontez des choses incroyables sur les risques alimentaires, les violences policières, la dureté de la société en général. N'êtes-vous pas excessif?

    Tout ce qui est dans le livre est vrai, factuel. 3000 morts par an d’intoxication alimentaire. C’est plus que le 11 septembre chaque année! 12.000 morts par arme à feu, sans compter les suicides. Environ 1100 personnes tuées chaque année par la police. Environ, car il n’y a pas de statistiques officielles. Cela fait tout de même entre 3 et 4 victimes par jour, généralement issues des minorités. Mais aussi un taux d’incarcération unique au monde, bien supérieur à celui de la Corée du Nord ou de l’Iran. Au quotidien, sorti de Manhattan ou des quartiers chics de la côte ouest, la société américaine est largement inhumaine, difficile à vivre. L’individualisme, le matérialisme ne sont pas de vains mots. Ils induisent un rapport à l’autre très particulier. Je raconte par exemple l’histoire de ce maître-nageur licencié pour avoir sauvé un baigneur qui se noyait en dehors de sa zone de surveillance…

    LOBS'Amérique est aussi un pays qui fait envie au monde entier. Et vous, vous ne lui trouvez aucune qualité?

    Si bien sûr. Personne ne conteste sa créativité, ses élites intellectuelles, ses engagements en faveur des droits de l’homme à l’étranger… Il y a plusieurs Amérique, mais la plus importante n’est pas forcément celle qu’on croit.

    l'OBS

  • #2
    Le rêve américain n'existe à l'heure actuel que pour les diplômé de bonne écoles .

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