20 Mai 2016 TARIK BOUAFIA / JEAN ARAUD
TAR
Depuis quelques semaines, le Venezuela fait régulièrement la une de l’actualité internationale. Comme au temps d’Hugo Chavez, une importante campagne médiatique de dénigrement et de mensonge est menée contre la Révolution Bolivarienne. Même si en effet le Venezuela traverse une période difficile notamment sur le plan économique, la réalité de la situation décrite par les médias s’avère très souvent partiale et caricaturale. Journaliste installé depuis quarante au Venezuela, Jean Araud suit de très près l’actualité dans le pays. Son analyse de la situation diffère radicalement de ce qu’on entend généralement dans les médias dominants.
Le 6 décembre dernier, l’opposition vénézuélienne remportait pour la première fois en quinze ans les élections législatives. Quatre mois plus tard, quel bilan pouvons-nous tirer des premières actions de l’opposition à l’Assemblée Nationale?
En réalité aucun bilan ne surprend véritablement. Le nouveau président de l’Assemblée Nationale, Ramos Allup, est un politicien de la vieille école bien connu des Vénézuéliens pour son style provocateur. Le bilan est marqué par des provocations suivies d’autres provocations. La nouvelle Assemblée Nationale a tenté d’ignorer les autres niveaux de pouvoirs, en essayant par exemple d’imposer trois de ses députés qui avaient été élus de manière frauduleuse, ou en essayant de faire passer certaines lois des plus extravagantes. Parmi ces lois, une « loi d’amnistie » a pour objectif de pardonner des personnes condamnées et qui purgent leur peine, ou des hors-la-loi, pour des actes de corruption. Le véritable bilan est un véritable show médiatique, prudemment diffusé par certains grands médias internationaux, et plusieurs protestations populaires contre les prétentions de l’Assemblée Nationale, celles-là avec peu de couverture médiatique. Mais jusqu’à présent, cette Assemblée Nationale n’a pas réussi à imposer ses trois députés, ni aucune de ses lois extravagantes.
Côté économique, le Venezuela a été frappé de plein fouet par la baisse du prix du pétrole. Puis, depuis quelques semaines, le pays fait face à une terrible sécheresse qui affecte sérieusement l’approvisionnement en énergie. Enfin, l’oligarchie économique mène depuis des années une redoutable guerre économique en créant désapprovisionnement, pénuries… Face à ce contexte difficile, quelles sont les principales mesures qu’a prises le gouvernement pour d’un côté affronter ces problèmes et de l’autre conserver les nombreuses conquêtes sociales acquises ces quinze dernières années?
Cette question et une synthèse parfaite du panorama général actuel au Venezuela. Face aux difficultés d’approvisionnement en électricité, le gouvernement a pris les mêmes mesures que prendrait n’importe quel autre gouvernement face à une telle situation. D’un côté une campagne d’information auprès de la population a été mise en place avec des messages tels que « je suis prudent, je consomme efficacement », et d’un autre côté, il y a eu une réduction des heures de travail dans les organismes publics afin de minimiser la consommation en énergie.
Face au désapprovisionnement, créé par l’opposition afin des déstabiliser ou pour tenter de provoquer une explosion social, des programmes baptisés « motores » ont été développés afin de développer d’autres moteurs économiques que le pétrole. Ces programmes concernent principalement les manufactures, l’agriculture et le tourisme. On a également développé des activités de cultures urbaines afin de pallier au désapprovisionnement et à la distribution d’aliments sur le marché noir. En réalité, ce désapprovisionnement est le résultat de l’accaparement des produits.
Par exemple, le peuple n’a pas les moyens de s’approvisionner en sucre, ni en pain, sous le prétexte qu’il n’y a pas de farine. Mais curieusement, si on fait le tour des boulangeries de Caracas, on peut voir dans les vitrines toute sorte d’articles de boulangerie et de pâtisserie, mais bien entendu à des prix astronomiques. Cela est juste un exemple qui en illustre des centaines d’autres.
Les conquêtes sociales continuent cependant de se développer et ce malgré la crise économique. Le gouvernement maintient fermement certains programmes d’éducation, de logements et le système de pensions. Le gouvernement a également multiplié les augmentations de salaires afin que la population puisse faire face à l’augmentation démesurée du prix des denrées.
De nombreux historiens, analystes, voient dans cette guerre économique menée contre la Révolution bolivarienne un remake de la guerre menée par les secteurs oligarchiques chiliens contre le président Salvador Allende dans les années 1970. Selon vous, cette comparaison est-elle justifiée ?
L’époque n’est pas la même, mais oui, il existe des similitudes, et la principale est que ces deux cas sont des guerres économiques menées depuis Washington. Au Chili, se fut de manière couverte, mais aujourd’hui au Venezuela cela est fait à la lumière du jour. La grande différence est qu’au Chili, les militaires ont utilisé la manière forte, et qu’ici au Venezuela, les militaires se présentent comme des citoyens armés.
TAR
Depuis quelques semaines, le Venezuela fait régulièrement la une de l’actualité internationale. Comme au temps d’Hugo Chavez, une importante campagne médiatique de dénigrement et de mensonge est menée contre la Révolution Bolivarienne. Même si en effet le Venezuela traverse une période difficile notamment sur le plan économique, la réalité de la situation décrite par les médias s’avère très souvent partiale et caricaturale. Journaliste installé depuis quarante au Venezuela, Jean Araud suit de très près l’actualité dans le pays. Son analyse de la situation diffère radicalement de ce qu’on entend généralement dans les médias dominants.
Le 6 décembre dernier, l’opposition vénézuélienne remportait pour la première fois en quinze ans les élections législatives. Quatre mois plus tard, quel bilan pouvons-nous tirer des premières actions de l’opposition à l’Assemblée Nationale?
En réalité aucun bilan ne surprend véritablement. Le nouveau président de l’Assemblée Nationale, Ramos Allup, est un politicien de la vieille école bien connu des Vénézuéliens pour son style provocateur. Le bilan est marqué par des provocations suivies d’autres provocations. La nouvelle Assemblée Nationale a tenté d’ignorer les autres niveaux de pouvoirs, en essayant par exemple d’imposer trois de ses députés qui avaient été élus de manière frauduleuse, ou en essayant de faire passer certaines lois des plus extravagantes. Parmi ces lois, une « loi d’amnistie » a pour objectif de pardonner des personnes condamnées et qui purgent leur peine, ou des hors-la-loi, pour des actes de corruption. Le véritable bilan est un véritable show médiatique, prudemment diffusé par certains grands médias internationaux, et plusieurs protestations populaires contre les prétentions de l’Assemblée Nationale, celles-là avec peu de couverture médiatique. Mais jusqu’à présent, cette Assemblée Nationale n’a pas réussi à imposer ses trois députés, ni aucune de ses lois extravagantes.
Côté économique, le Venezuela a été frappé de plein fouet par la baisse du prix du pétrole. Puis, depuis quelques semaines, le pays fait face à une terrible sécheresse qui affecte sérieusement l’approvisionnement en énergie. Enfin, l’oligarchie économique mène depuis des années une redoutable guerre économique en créant désapprovisionnement, pénuries… Face à ce contexte difficile, quelles sont les principales mesures qu’a prises le gouvernement pour d’un côté affronter ces problèmes et de l’autre conserver les nombreuses conquêtes sociales acquises ces quinze dernières années?
Cette question et une synthèse parfaite du panorama général actuel au Venezuela. Face aux difficultés d’approvisionnement en électricité, le gouvernement a pris les mêmes mesures que prendrait n’importe quel autre gouvernement face à une telle situation. D’un côté une campagne d’information auprès de la population a été mise en place avec des messages tels que « je suis prudent, je consomme efficacement », et d’un autre côté, il y a eu une réduction des heures de travail dans les organismes publics afin de minimiser la consommation en énergie.
Face au désapprovisionnement, créé par l’opposition afin des déstabiliser ou pour tenter de provoquer une explosion social, des programmes baptisés « motores » ont été développés afin de développer d’autres moteurs économiques que le pétrole. Ces programmes concernent principalement les manufactures, l’agriculture et le tourisme. On a également développé des activités de cultures urbaines afin de pallier au désapprovisionnement et à la distribution d’aliments sur le marché noir. En réalité, ce désapprovisionnement est le résultat de l’accaparement des produits.
Par exemple, le peuple n’a pas les moyens de s’approvisionner en sucre, ni en pain, sous le prétexte qu’il n’y a pas de farine. Mais curieusement, si on fait le tour des boulangeries de Caracas, on peut voir dans les vitrines toute sorte d’articles de boulangerie et de pâtisserie, mais bien entendu à des prix astronomiques. Cela est juste un exemple qui en illustre des centaines d’autres.
Les conquêtes sociales continuent cependant de se développer et ce malgré la crise économique. Le gouvernement maintient fermement certains programmes d’éducation, de logements et le système de pensions. Le gouvernement a également multiplié les augmentations de salaires afin que la population puisse faire face à l’augmentation démesurée du prix des denrées.
De nombreux historiens, analystes, voient dans cette guerre économique menée contre la Révolution bolivarienne un remake de la guerre menée par les secteurs oligarchiques chiliens contre le président Salvador Allende dans les années 1970. Selon vous, cette comparaison est-elle justifiée ?
L’époque n’est pas la même, mais oui, il existe des similitudes, et la principale est que ces deux cas sont des guerres économiques menées depuis Washington. Au Chili, se fut de manière couverte, mais aujourd’hui au Venezuela cela est fait à la lumière du jour. La grande différence est qu’au Chili, les militaires ont utilisé la manière forte, et qu’ici au Venezuela, les militaires se présentent comme des citoyens armés.
Commentaire