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Pourquoi le diagnostic du FMI sur l’Algérie est incomplet

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  • Pourquoi le diagnostic du FMI sur l’Algérie est incomplet

    Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la situation algérienne soulève des questions quant à la pertinence de l’analyse. En effet, les « remèdes » du Fonds sont connus, bien qu’ils n’aient pas toujours porté leurs fruits : libéralisation à outrance, ouverture sur l’extérieur et déréglementation.

    Pour l’Algérie, les principales actions préconisées ont trait à la dévaluation du dinar, l’endettement extérieur et la libéralisation des importations, en plus des réformes structurelles et diversifications habituelles. Cependant, le FMI ne mentionne à aucun moment le problème de l’économie informelle, un mal qui ronge l’économie nationale et qui représenterait jusqu’à l’équivalent de 60% du PIB, selon Amara Benyounes.

    Mise en garde contre les restrictions des importations

    Les importations massives de ces dernières années pèsent désormais lourdement sur la santé financière du pays. Le déficit de la balance des paiements de près de 27 milliards de dollars en est une des conséquences les plus inquiétantes. Il faut évidemment « stimuler les exportations » comme le préconise le FMI, et ne pas seulement tenter de limiter les importations à travers des mesures administratives.

    Dans le même temps, il faut comprendre l’origine de la flambée des importations. Tout d’abord, la manne pétrolière a permis au gouvernement de procéder à une augmentation généralisée des salaires, ce qui a dopé la consommation des ménages. Ainsi, le pouvoir d’achat a augmenté, mais s’est orienté vers les produits importés, faute de production locale.

    Sauf que ces hausses de salaires sans contrepartie et ces gains de pouvoir d’achat ont vite été rattrapés et grignotés par l’inflation. Ainsi, le pouvoir d’achat réel de la majorité des Algériens (salariés) ne justifie pas une telle hausse des importations. En réalité, cette dernière est aussi tirée par l’informel, qui pousse la demande. L’exemple de l’explosion des importations de véhicules est instructif : plus de 4,5 milliards de dollars en 2014. Les revenus, non soumis aux taxes et impôts, s’accumulent et permettent aux acteurs de l’informel de prospérer. À leur tour, ils consomment en grande quantité des produits importés.

    Endettement sans perspective ?

    Le FMI préconise également un retour à l’endettement extérieur. C’est, en soi, une solution intéressante pour financer l’économie. À condition que cette dette serve à financer des projets. L’Algérie s’est déjà partiellement engagée sur cette voie, notamment avec les financements chinois pour la réalisation du grand projet portuaire du Centre.

    Mais s’il est consacré au financement des importations ou sert à combler les déficits et assurer les dépenses de fonctionnement, l’endettement extérieur serait une erreur monumentale. La même erreur commise dans les années 1990, avant que… le FMI ne vienne « sauver » l’Algérie, avec les conséquences que l’on connaît.

    Or, dans les conditions actuelles, rien n’indique que le recours à l’emprunt étranger serait fait à bon escient. Il n’existe aucun autre projet structurant d’envergure inscrit au programme et qui nécessiterait un recours à l’endettement externe. Ni plan de relance particulier qui mobiliserait d’importants financements.

    Justement, le FMI serait mieux inspiré de contribuer à la mise en place d’un véritable plan économique pour l’Algérie, en collaboration avec le gouvernement et d’autres acteurs, notamment du secteur privé. Ce qui fait défaut à l’Algérie est notamment la formulation d’une véritable stratégie de sortie de crise et de diversification économique.

    Un dinar surévalué

    Le constat du FMI sur le dinar algérien est, pour sa part, incontestable. La monnaie nationale est effectivement surévaluée au regard des fondamentaux de l’économie. Le taux de change effectif réel, calculé par la Banque d’Algérie, démontre que la valeur nominale du dinar est trop appréciée. Il faut donc dévaluer.

    La monnaie nationale est le reflet de ce qu’un pays produit comme richesse. Or, l’Algérie produit essentiellement du pétrole, le reste étant négligeable. Ainsi, avec la baisse drastique des cours du pétrole, il n’est pas surprenant que le dinar suive la même tendance.

    Au-delà de ces formules sans cesse répétées depuis des années, les experts du FMI n’ont rien apporté de nouveau. Mais surtout, ils n’ont jamais fait allusion à l’informel qui gangrène l’économie. Un fait qui dénote soit d’une méconnaissance de l’économie algérienne, ou pire, d’une forme de mauvaise foi à l’égard du pays.

    C’est pourtant le deuxième plus grand problème du pays, après la dépendance aux hydrocarbures. L’existence de l’informel est pourtant un symptôme de la déstructuration de l’économie nationale. Il est à l’origine des nombreuses distorsions de prix, notamment dans l’immobilier. En effet, les sommes en circulation en dehors du circuit officiel permettent à ces acteurs d’acquérir de nombreux biens, contribuant ainsi à la spéculation et la hausse des prix.

    L’informel est un phénomène qui gangrène l’économie nationale et touche à tous les secteurs, sans exception. Même dans le domaine de la santé, les cliniques privées ne facturent pas et paient des médecins au noir.

    Par ailleurs, comment se fait-il que l’on manque aujourd’hui de liquidités en Algérie ? Où sont donc passés les 1 000 milliards de dollars injectés grâce à la vente de pétrole ces dernières années ? Dans une économie « normale », l’argent circule, il ne disparaît pas : il passe d’un acteur à un autre mais n’est pas « détruit », surtout dans une économie en croissance. Donc, à moins d’un phénomène de thésaurisation (épargne) particulièrement élevé, l’argent ne devrait pas « disparaître ».

    Il est donc évident qu’une partie de cette manne est vampirisée par le secteur informel. En effet, les fonds sortent de l’économie officielle et donc du circuit bancaire, pour se retrouver, au moins en partie, en dehors du circuit officiel : sous-déclarations de chiffres d’affaires, pas de paiement des impôts, fraudes diverses… Toutes ces sommes sont cachées et échappent à tout contrôle et n’apparaissent donc plus.

    De plus, n’étant pas dans un circuit fermé, une partie de cet argent sort ensuite d’Algérie. En effet, ces fonds sont changés en devises à travers le marché parallèle. Il sort ensuite via des circuits bien connus pour servir à l’acquisition de biens immobiliers et de consommation à l’étranger, notamment en Europe.

    Tewfik Abdelbari
    TSA
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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