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Le prix de leurs dérives

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  • Le prix de leurs dérives

    “Et si un sioniste voulait acheter un média national, va-t-on aussi le laisser faire ?”

    Cette absurdité par laquelle le ministre de la Communication a voulu convaincre de l’utilité d’empêcher la cession d’El Khabar, si elle est incongrue, renseigne tout de même sur le fondement de l’intervention politico-judiciaire contre la vente du journal : le fait que l’acheteur ne soit pas dans les bonnes grâces du pouvoir justifie l’obstruction politique faite à la transaction commerciale.
    Après, c’est à la justice de s’adapter pour apporter son concours à cette entrave. La démarche n’est pas nouvelle quand il s’agit, pour le clan, de tenir à distance ceux qui ne partagent pas les règles de sa doctrine politico-affairiste… Ces dernières années, la conception oligarchique de l’activité économique s’est imposée et a chargé le gouvernement et l’administration de monter la garde sur les domaines dédiés à l’enrichissement rentier de ses membres.
    Parce qu’il cultive une dynamique de croissance qui l’amène à générer d’incessants projets industriels, le patron de Cevital s’est régulièrement heurté à cette stratégie de “containment” par laquelle la coterie protège son domaine privé. Car c’est à cela que se réduit actuellement l’économie nationale : un domaine privé réservé à la tribu auquel on n’accède qu’à l’issue d’une initiation de type sectaire. Et le pouvoir ne lésine pas sur les moyens quand il s’agit de fermer la porte à ceux qui rechignent à leur intégration clanique : il est capable d’inventer une compétence sidérurgique aux Qataris pour stopper le projet de Cevital à Bellara ou d’imaginer une forme de concession pour un port en eau profonde au profit des Chinois pour mettre fin à son rêve de complexe portuaire.
    Cette dépense d’énergie gouvernementale est engagée dans le seul souci de contrarier l’expansion d’un groupe industriel dont le propriétaire ne figure pas dans la nomenclature. Au point qu’un ministre assimile sa “salutaire” intervention à celle qu’aurait suscitée la tentative de prise de contrôle d’un média national par un “sioniste”. Quand on sait ce que signifie le terme sioniste dans le registre géopolitique national…
    Plus, quand il s’agit d’un projet industriel, le pouvoir redouble d’effort lorsqu’il faut empêcher cet entrepreneur d’acquérir un média. Ce sont des dizaines de chaînes de télévision qui vont ainsi être fermées pour pouvoir jeter le bébé avec l’eau du bain, pour pouvoir engloutir KTV dans un sacrifice massif de télévisions. Des télévisions qui ont pourtant longtemps prospéré malgré les abus éditoriaux, réels pour beaucoup d’entre elles.
    Mais devant l’avalanche de révélations scandaleuses, le pouvoir n’a que le choix d’assumer les décisions qu’imposent les dérives mafieuses de certains de ses membres ou d’imposer, par la répression, le silence sur leurs frasques. Apparemment, il préfère nous faire payer le prix de la seconde option.


    M. H.
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."
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