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Le G7 gouverne-t-il le monde?

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    Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie et Grande Bretagne sont réunis 48h dans l'archipel nippon pour un sommet du G7 centré sur la croissance et la lutte anti-terroriste. 40 ans que ce groupe informel se réunit chaque année. Avec quels résultats?

    C'est à Ise-Shima, au centre du Japon, célèbre pour son sanctuaire shintoïste, que vont se retrouver pendant 48 heures les chefs d'Etat des pays du G7. Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie et Grande Bretagne. Jusqu'en 2014, ils étaient 8, mais la Russie a été expulsé du processus depuis la crise ukrainienne.

    Ce sommet informel existe depuis 40 ans. Il a été créée à l'initiative de Valéry Giscard D'Estaing, en pleine crise pétrolière pour que les puissances les plus industrialisées de ce monde oeuvrent ensemble au redressement économique dans une ambiance décontractée.

    Depuis l'objectif n'a pas beaucoup évolué, mais les sujets abordés ce sont beaucoup étoffés. Quand on lit le communiqué final de la réunion des ministres des finances du G7 du Japon (qui préfigure les thèmes qui seront abordés par les chefs d'Etat), on voit que les têtes de chapitres ont beau garder une connotation économique, le spectre est bien bien plus large.

    re-dynamiser l'économie. Il sera notamment question de l'impact que pourrait avoir une sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne sur la croissance mondiale. Sempiternelle question des G7, les pays devraient s'engager à ne pas jouer sur leur taux de change pour se faire de la concurrence déloyale.
    construire un système financier plus résilient. Résilient c'est le mot à la mode, le FMI l'utilise régulièrement, cela veut dire en gros, qui sait résister aux chocs. Là, il s'agit ni plus ni moins d'éviter une nouvelle crise mondiale.
    trouver les moyens d'atteindre une croissance soutenable et inclusive. Dans ce chapitre il y a à boire et à manger: on y parlera santé, pandémie, crise des réfugiés, et de la nécessité pour les pays en développement de moderniser leur système de collecte d'impot et leur niveau de taxe.
    rendre les flux financiers plus intègres. Une façon de désigner pudiquement les suites des révélations des Panama Papers, mais aussi la lutte contre le terrorisme.
    Gros programme, auquel le Président Hollande a ajouté les suites de la COP 21 et une discussion sur la préservation du patrimoine culturel face aux agressions terroristes. Palmyre, musée de Mossoul, trésors de Tombouctou seront donc aussi au programme.

    Est-ce possible d'aborder tous ces sujets en 48h?

    Non bien sur que non. Les chefs d'Etat ne sont là que pour signer un texte qui a déjà été négocié pendant de longues semaines par ce qu'on appelle les sherpas. Ici un article du Monde sur les sherpas en 2012.

    Les sherpas, ce sont les conseillers diplomatiques qui travaillent dans l'ombre, et comme leur surnom l'indique ils manœuvrent sur un terrain escarpé et difficile pour qu'à la fin les chefs d'Etat viennent planter le drapeau au sommet. Voir ici un article du Financial Times en anglais.

    C'est un des postes les plus important de la République. L'actuel Sherpa de François Hollande est Jacques Audibert, un énarque passé auparavant par... Radio France Alsace.

    Ces G7 ont-ils un impact?

    A court terme, on n'en a pas l'impression, mais à long terme, ils peuvent avoir une influence. Lors du troisième G7 en 1979 à Tokyo, le communiqué final considère qu'il ne faut pas augmenter les salaires pour ne pas ajouter de l'inflation à l'inflation des matières premières. De fait, si on fait le bilan, les salaires ont été contenus dans les pays développés depuis 30 ans, et ils ne sont plus une cause de l'inflation, d'où les problèmes actuels de déflation et d'endettement des ménages affirment même certains économistes.

    Si vous prenez le G7 de 1986, la crise de la dette fait alors rage en Amérique Latine. La déclaration finale souligne la nécessité d'appliquer des politiques d'ajustement structurel dans les pays en développement... et elles seront appliquées.

    C'est dans les G7 des années 80 aussi que l'on plaide pour la libre circulation des capitaux, des marchandises, la déréglementation (à l'époque le couple Thatcher Reagan dominait les débats), concrètement, tout cela s'est réalisé ensuite.

    Mais l'influence des G7 s'est ensuite émoussée. D'abord parce que les thèmes abordés sont devenus de plus en plus disparates. Ensuite parce que ces 7 pays ont pesé de moins en moins lourd. Ils représentent encore aujourd'hui la moitié du PIB mondial (46%), mais 10% de la population, et il n'y a pas la Chine.

    Crise financière aidant, le G7 est donc devenu G20 en 2008. Il a coopté la Turquie, l'Arabie Saoudite, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, l'Indonésie, et l'Australie vers l'Est, le Brésil l'Argentine et le Mexique à l'Ouest, l'Afrique du Sud en Afrique. Le FMI, l'Union Européenne ont également rejoint la partie.

    Moins homogène, le G20 produit des communiqués plus vagues et conciliants. On est passé, raconte un conseiller au Financial Times d'une conversation intime à une ambiance "hall de gare de la station Waterloo à Londres". Du coup, les G7 retrouvent un intérêt pour les 7 puissances qui y participent.

    Mais parler du climat et de la croissance sans la Chine, de la crise migratoire sans la Turquie, des Panama Papers sans le Panama et ses cousins paradis fiscaux et judiciaires, est-ce bien sérieux?

    Ta ta ta ta mettons, nous à la place des grands de ce monde. En ces temps troublés, l'entre soi a du bon. De plus le cadre de ces G7 est toujours méticuleusement choisi, un sanctuaire shintoïste cette fois, or vous connaissez la chanson... Si la photo est bonne... Elle le sera.



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