Les éléments et chiffres ci-après sont extraits des pages 513 à 515 du livre Le siècle soviétique, édité conjointement par les éditions Fayard et Le Monde Diplomatique en 2003.
L’auteur, Moshe Lewin, a été professeur d’histoire à l’université de Pennsylvanie (USA) de 1978 à 2000. Juif polonais émigré en Israël après 1945 et sioniste 'de gauche', cet historien ne cache pas ses sympathies pour le trotskisme et le boukharinisme. Pour lui, comme pour tout trotskiste, les bolcheviks qui avaient pris le pouvoir dans un pays avant tout paysan et sans le concours d’une révolution en Occident se trouvaient dans une situation intenable 'd’un point de vue marxiste', la superstructure étant comme 'suspendue dans les airs' et dépourvue d’une base industrielle et prolétarienne suffisante pour édifier le socialisme.
Pour lui, comme pour tout bourgeois-trotskiste, le 'culte de la personnalité de Staline' n’était pas la manifestation naturelle de la naïveté des masses venant de sortir d’une oppression et d’une arriération séculaires et reconnaissantes des réalisations économiques et sociales gigantesques, mais était une résurgence d’attitudes populaires vis-à-vis du tsarisme. Pour lui, comme pour tout anti-communiste, le régime politique sous Staline (le stalinisme) n’était pas un régime de dictature du prolétariat, mais un régime 'despotique' héritier de la 'tradition bureaucratique et autoritaire russe'.
Mais passons sur tout ceci et concentrons nous sur quelques faits chiffrés que reconnaît cet historien bourgeois-trotskiste.
Nous ne nous attarderons pas ici sur le caractère de classe de la répression, la répression des exploiteurs et profiteurs anciens et nouveaux étant parfaitement justifiée et nécessaire à la construction d’une société nouvelle, socialiste, débarrassée de toute exploitation de l’homme par l’homme, mais sur son étendue : non le 'stalinisme' n’a pas été le pouvoir despotique d’un seul homme ni même d’une caste bureaucratique (une 'dictature sur le prolétariat'), mais bel et bien le pouvoir des travailleurs soviétiques…
Pour Moshe Lewin, il est d’abord évident qu’existent « des données fiables sur les camps et les purges » (par exemple celles publiées par l’historien V. N. Zemskov en 1990), très éloignées « de la pratique très répandue consistant à donner des chiffres incroyablement exagérés concernant l'ampleur de la répression sous Staline » (tels que ceux donnés par R. Conquest, R. Medvedev et O. Satunovskaja).
Selon Moshe Lewin (voir tableau ci-après), durant la période 1921-1953, il y a eu un total de 4,06 millions de condamnés en URSS, dont un peu moins de 0,80 millions de condamnés à mort.
Ces chiffres incluent les détenus politiques ainsi que les détenus de droit commun. Parmi le total des condamnés, on compte 0,96 millions de condamnés décédés durant la période où ils purgeaient leur peine durant la période 1934-1947, mais même les historiens bourgeois les plus consciencieux 'oublient' que les années 1941-1945 durant lesquels les nazis ont imposé à toute la population soviétique des conditions terribles ont provoqué un surplus de 0,58 millions de morts (N. Werth, comme tous les autres, les met sur le compte des 'crimes du stalinisme').
En fait, moins de 0,4 millions de détenus sont morts en détention dans les camps soviétiques durant les années de développement pacifique de la période 1934-1947 ! La population des camps est passée de 1,20 millions de détenus en janvier 1937 à 1,88 millions de détenus en janvier 1938, retombant à 1,67 millions de détenus au 1er janvier 1939. Si le nombre de condamnés a certes augmenté en 1937-1938 parallèlement à un aiguisement de la lutte de classe (comme d’ailleurs dans les années de la collectivisation) — qu’elle se place sur le plan national ou international —, c’est donc dans des proportions infiniment inférieures à celles avancées pendant des décennies par les laquais de la bourgeoisie internationale.
Ainsi, ce ne sont pas 19 millions de personnes qui ont été arrêtées et 7 millions de personnes exécutées rien que durant la période 1935-1941, comme l’a clamé Satunovskaja (elle-même victime de la répression) au cours de la campagne khrouchtchévienne de réhabilitation des condamnés politiques.
On est également très loin des chiffres avancés par Conquest : 9 millions de détenus politiques dans les goulags en 1939 auxquels s’ajoutaient 3 millions de morts durant les seules années 1937-1938 (exécutés et morts de causes diverses) et auxquels il fallait encore rajouter les détenus de droits commun !…
Conquest a ainsi avancé le chiffre d’une moyenne annuelle de 8 millions de détenus dans les goulags, tandis que Medvedev a avancé des chiffres encore plus trafiqués : 12 à 13 millions ! Selon Conquest, plus de 0,85 millions de détenus sont morts annuellement dans les goulags durant la période 1939-1953 !
Voilà qui réduit à néant la propagande bourgeoise sur les dizaines de millions de morts du stalinisme et ainsi la grossière analogie avec les camps nazis !
Il ne reste donc à nos petits-bourgeois défenseurs des 'droits de l’homme', entachés de préjugés petits-bourgeois tout de même inacceptables 'par principe' ! Nous leurs rétorquerons que ce qui est inacceptable, ce n’est pas la répression d’une minorité d’exploiteurs nécessaire pour assurer le bien-être des larges masses travailleuses, mais l’oppression armée engendrée par le développement du capitalisme, auquel on peut légitimement imputer les massacres de dizaines de millions de travailleurs dans les guerres coloniales et inter-impérialistes.
Il faudrait également comptabiliser les milliards de victimes des tortures physiques et morales provoquées par le développement 'pacifique' du capitalisme (la faim, l’exploitation du travail salarié, le chômage, etc.)
――――――――――――――――
Nombre de personnes condamnées pour des crimes contre-révolutionnaires et autres crimes particulièrement dangereux, et répartition par type de peine. (Source : B. P. Kurasvili, Istoriceskaja logika stalinizma, Moscou, 1996, pp. 159-160, tableau reproduit par Moshe Lewin dans Le siècle soviétique, p. 513.)
L’auteur, Moshe Lewin, a été professeur d’histoire à l’université de Pennsylvanie (USA) de 1978 à 2000. Juif polonais émigré en Israël après 1945 et sioniste 'de gauche', cet historien ne cache pas ses sympathies pour le trotskisme et le boukharinisme. Pour lui, comme pour tout trotskiste, les bolcheviks qui avaient pris le pouvoir dans un pays avant tout paysan et sans le concours d’une révolution en Occident se trouvaient dans une situation intenable 'd’un point de vue marxiste', la superstructure étant comme 'suspendue dans les airs' et dépourvue d’une base industrielle et prolétarienne suffisante pour édifier le socialisme.
Pour lui, comme pour tout bourgeois-trotskiste, le 'culte de la personnalité de Staline' n’était pas la manifestation naturelle de la naïveté des masses venant de sortir d’une oppression et d’une arriération séculaires et reconnaissantes des réalisations économiques et sociales gigantesques, mais était une résurgence d’attitudes populaires vis-à-vis du tsarisme. Pour lui, comme pour tout anti-communiste, le régime politique sous Staline (le stalinisme) n’était pas un régime de dictature du prolétariat, mais un régime 'despotique' héritier de la 'tradition bureaucratique et autoritaire russe'.
Mais passons sur tout ceci et concentrons nous sur quelques faits chiffrés que reconnaît cet historien bourgeois-trotskiste.
Nous ne nous attarderons pas ici sur le caractère de classe de la répression, la répression des exploiteurs et profiteurs anciens et nouveaux étant parfaitement justifiée et nécessaire à la construction d’une société nouvelle, socialiste, débarrassée de toute exploitation de l’homme par l’homme, mais sur son étendue : non le 'stalinisme' n’a pas été le pouvoir despotique d’un seul homme ni même d’une caste bureaucratique (une 'dictature sur le prolétariat'), mais bel et bien le pouvoir des travailleurs soviétiques…
Pour Moshe Lewin, il est d’abord évident qu’existent « des données fiables sur les camps et les purges » (par exemple celles publiées par l’historien V. N. Zemskov en 1990), très éloignées « de la pratique très répandue consistant à donner des chiffres incroyablement exagérés concernant l'ampleur de la répression sous Staline » (tels que ceux donnés par R. Conquest, R. Medvedev et O. Satunovskaja).
Selon Moshe Lewin (voir tableau ci-après), durant la période 1921-1953, il y a eu un total de 4,06 millions de condamnés en URSS, dont un peu moins de 0,80 millions de condamnés à mort.
Ces chiffres incluent les détenus politiques ainsi que les détenus de droit commun. Parmi le total des condamnés, on compte 0,96 millions de condamnés décédés durant la période où ils purgeaient leur peine durant la période 1934-1947, mais même les historiens bourgeois les plus consciencieux 'oublient' que les années 1941-1945 durant lesquels les nazis ont imposé à toute la population soviétique des conditions terribles ont provoqué un surplus de 0,58 millions de morts (N. Werth, comme tous les autres, les met sur le compte des 'crimes du stalinisme').
En fait, moins de 0,4 millions de détenus sont morts en détention dans les camps soviétiques durant les années de développement pacifique de la période 1934-1947 ! La population des camps est passée de 1,20 millions de détenus en janvier 1937 à 1,88 millions de détenus en janvier 1938, retombant à 1,67 millions de détenus au 1er janvier 1939. Si le nombre de condamnés a certes augmenté en 1937-1938 parallèlement à un aiguisement de la lutte de classe (comme d’ailleurs dans les années de la collectivisation) — qu’elle se place sur le plan national ou international —, c’est donc dans des proportions infiniment inférieures à celles avancées pendant des décennies par les laquais de la bourgeoisie internationale.
Ainsi, ce ne sont pas 19 millions de personnes qui ont été arrêtées et 7 millions de personnes exécutées rien que durant la période 1935-1941, comme l’a clamé Satunovskaja (elle-même victime de la répression) au cours de la campagne khrouchtchévienne de réhabilitation des condamnés politiques.
On est également très loin des chiffres avancés par Conquest : 9 millions de détenus politiques dans les goulags en 1939 auxquels s’ajoutaient 3 millions de morts durant les seules années 1937-1938 (exécutés et morts de causes diverses) et auxquels il fallait encore rajouter les détenus de droits commun !…
Conquest a ainsi avancé le chiffre d’une moyenne annuelle de 8 millions de détenus dans les goulags, tandis que Medvedev a avancé des chiffres encore plus trafiqués : 12 à 13 millions ! Selon Conquest, plus de 0,85 millions de détenus sont morts annuellement dans les goulags durant la période 1939-1953 !
Voilà qui réduit à néant la propagande bourgeoise sur les dizaines de millions de morts du stalinisme et ainsi la grossière analogie avec les camps nazis !
Il ne reste donc à nos petits-bourgeois défenseurs des 'droits de l’homme', entachés de préjugés petits-bourgeois tout de même inacceptables 'par principe' ! Nous leurs rétorquerons que ce qui est inacceptable, ce n’est pas la répression d’une minorité d’exploiteurs nécessaire pour assurer le bien-être des larges masses travailleuses, mais l’oppression armée engendrée par le développement du capitalisme, auquel on peut légitimement imputer les massacres de dizaines de millions de travailleurs dans les guerres coloniales et inter-impérialistes.
Il faudrait également comptabiliser les milliards de victimes des tortures physiques et morales provoquées par le développement 'pacifique' du capitalisme (la faim, l’exploitation du travail salarié, le chômage, etc.)
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Nombre de personnes condamnées pour des crimes contre-révolutionnaires et autres crimes particulièrement dangereux, et répartition par type de peine. (Source : B. P. Kurasvili, Istoriceskaja logika stalinizma, Moscou, 1996, pp. 159-160, tableau reproduit par Moshe Lewin dans Le siècle soviétique, p. 513.)
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