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À quoi ressemblera le travail demain ?

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  • À quoi ressemblera le travail demain ?





    Gaspard Koenig, philosophe et écrivain français qui invite à une renaissance du travail par un socle de droits fondamentaux pour les travailleurs de demain et Bernard Michel, président de la foncière immobilière Gecina, qui imagine les futurs du bureau comme un ensemble mobile et fractal, nous livrent leur vision des « Futurs du travail ».

    À la levée du rideau – c’est la chute de la règle des trois unités qui tombe : temps, espaces, actions sont éclatés. Aux trois coups du brigadier, c’est une exposition sans surprise : anciens contre modernes, incarnés par les doctes et dramaturges du classicisme et les héros des temps modernes, les « 4 Fantastiques ». Au programme des péripéties ? C’est le « réel (de l’objectivation ou de la technè) » qui viendra tuer le débat sur la rigidité normative. Pas de coups de théâtre inattendus donc : au théâtre des représentations sur « Les Futurs du travail » seule reste la vraisemblance des faits des scenarii avancés.

    L’intérêt de se pencher sur cette pièce hydride, mi-shakespearienne, mi-moliéresque, tiendrait-il alors dans son dénouement parfois teinté d’absurde ? L’usage veut en effet que leurs auteurs préfèrent avoir recours au fameux « deus ex machina » dont les scenarii prennent une tournure contre-utopique pour faire oeuvre de catharsis collective. Parmi eux, ce sont les scénarios d’anticipation comme « Trepalium », série surfant sur les prévisions d’une société sans emploi, où seul 20% de la population serait active.

    Quant aux gourous de la Valley, ils multiplient leurs chants incantatoires plus futuristes les uns que les autres : une pointe d’intelligence artificielle et de robotique et pour le reste l’ambition d’accomplir les technologies convergentes, les NBIC (Nanotechs, Biotechs, Informatique, Cognitique).
    Chemin se faisant, c’est la surenchère sémantique qui bat son plein. Faut-il alors encore en avertir le spectateur ? Ubérisation, génération de slasheurs, multi-taskers, crowd workers (pour « micro-travailleurs ») et autres « job à la con » pour assister les machines dans leurs défaillances… Les héros des temps modernes prennent comme un coup de vieux et surtout retrouvent leurs majuscules, renvoyant ainsi directement au film américain de Charlie Chaplin, Les Temps Modernes.

    Si cette rhétorique est déjà trop connue du spectateur comme le miroir social d’une réalité qui l’entoure, aujourd’hui ce qui fera vibrer le plancher de la scène, c’est une anti-pièce dont les ressorts de l’intrigue dévoileront le théâtre d’un nouveau monde, celui capable de rendre viable la renaissance du travail. Là est certainement l’intérêt de s’y arrêter.

    Droit de l’Actif : pour une génération d’outsiders à l’épreuve du feu
    C’est une tendance outre-Atlantique : d’ici 2020, 40% des Américains seront des travailleurs indépendants. Aujourd’hui, c’est plus d’un 1/3 de la population active aux États-Unis, selon la récente étude « Freelancing in America : 2015 ». Selon Gaspard Koenig :

    « Si ces prévisions restent propres aux États-Unis, elles s’étendent aujourd’hui à l’Europe : ainsi près de 25% des actifs sont déjà des travailleurs nomades« .

    En Grande-Bretagne, 90% des emplois créés en 2013 l’ont été sous la forme de travailleurs indépendants. Imposés ou tendance souhaitée par une génération d’outsiders ? Quoiqu’il en soit le « self-employed » est un fait outre-Manche. Et la France n’est pas un cas particulier de cette mutation culturelle. Gaspard Koenig précise :

    « Ainsi de 2006 à 2011, hors agriculture, les effectifs des travailleurs non-salariés ont progressé de 26% ».

    L’entreprise du XXIe sera ainsi éclatée : « le bureau sera là où je suis », la pluriactivité des salariés se naturalisera, l’horizontalité provoquée par les nouvelles technologies de l’information se démocratisera et avec l’entreprise sera impactée dans son organisation. C’est la fin du modèle captif : « The World is Flat ». Toujours selon Gaspard Koenig :

    « Cette vitesse de transformation de nos modes de travail et de notre rapport au travail convie à penser des régulations adaptées à ce nouveau paradigme salarial « .

    Salarial car nous sommes encore loin de pouvoir titrer sur une « ère post-salariale ». Il s’agit plutôt de faire cohabiter une régulation qui soit capable de transformer cet état de fait en un choix de vie possible pour le travailleur en quête d’autonomie et qui soit vectrice de synergies nouvelles pour les entreprises innovantes.

    « Le Code du travail n’est pas armé pour éviter à la nouvelle économie de se glisser dans ses interstices, comme avec le travail informel. Normal : il date du fordisme« .

    Gaspard Koenig propose ainsi via son think tank Génération Libre d’accompagner cette mutation de l’emploi. Et c’est à travers un socle de droits fondamentaux pour tous qu’il tente de répondre aux enjeux de demain. Il imagine ainsi un droit de l’Actif où l’emploi devient un sujet d’émancipation pour l’individu. Des garanties, répondant spécifiquement aux dérives d’une société de la contribution et ubiquitaire, sont proposées : elles vont du revenu universel en passant par le paiement de jours de congés des actifs non salariés par le donneur d’ordre à l’intégration d’un droit de l’Actif à la déconnexion.

    Le statut de l’Actif prend au sérieux la « modernité liquide » et invite donc au renversement de la hiérarchie des normes : l’entreprise remonte au premier niveau des négociations face à une nouvelle corporation professionnelle hybride, jaugeant ainsi entre flexibilité et sécurité. Alors ubérisation du salariat dans sa forme classique ? Pour Gaspard Koenig, c’est un raccourci sémantique. Il s’agit plutôt d’ouvrir à un contrat unique dans le cadre du droit salarié. C’est faire ainsi le rêve de « l’individu monade », pleinement autonome :

    « Une façon de booster une génération d’outsiders à l’épreuve du feu de la nouvelle économie« .

    Travailleurs nomades, ou le danger du mythe du super-héros
    Pour Bernard Michel, le propos est cependant à nuancer :

    « Si effectivement, la tendance montre le développement de nouveaux modes de travail, il faut aussi observer les démarches de plus en plus nombreuses des indépendants pour être considérés comme salariés. »
    Aussi si ce débat est dans l’actualité française aujourd’hui, il existe déjà depuis longtemps outre-Atlantique avec par exemple l’apparition des plateformes de micro-travailleurs comme Amazon Mechanical Turk (AMT).
    Pour l’entreprise de demain le propos est ainsi plus prosaïque : ces mutations sociales et aussi culturelles invitent surtout à réussir une première étape fondamentale, à savoir synchroniser un écosystème plus complexe. L’horizontalité des structures, des réseaux de coopération, de marché impulsée avec la numérisation fait que nos univers de travail et organisations managériales doivent trouver leurs règles dans un environnement fragmenté. Cette démarche renvoie presque à l’image de cet objet mathématique, la fractale qui implique un changeant d’échelle en continu. Selon Bernard Michel :

    « Ainsi créer plus de flexibilité et d’autonomie individuelle, c’est développer des dispositifs de communication et des bâtiments tout en « suites servicielles » pour aider les entreprises dans leurs tâches quotidiennes« .
    Pour une foncière immobilière, c’est aller au-delà de l’approche architecturale et s’ouvrir à la ville. Par exemple, avec la startup Indigo, Gecina a récemment lancé un projet de parkings partagés. Ce concept ouvre aux particuliers les places de parkings de bureaux, souvent inutilisées la nuit et le week-end. Toujours selon Bernard Michel :

    « Plus généralement, c’est « mutualiser l’urbain » afin de maximaliser les coûts de fonctionnement des locataires. Pour ce faire, il faut arrêter de tout mettre dans des cases : pourquoi ne pas imaginer que demain les restaurants d’entreprise, les salles de fitness, de réunion ou encore les auditorium seront accessibles aux riverains« .

    C’est aussi fabriquer des bureaux intégrant dès la conception une potentielle réversibilité de leurs espaces. Et cette dimension devient essentielle dans la valorisation d’un actif. Elle invite à anticiper les changements d’usage, de portage économique et de programme. Deux opérations de reconversion ont ainsi récemment vu le jour chez Gecina : rue Lecourbe (Paris 15e) et près du Parc Montsouris (Paris 13e), des bureaux ont été transformés en logements étudiants. Les salariés sont quant à eux confrontés à une organisation étendue : le recours à plus d’externalités, comme avec l’open innovation, est un exemple parmi d’autres. Enfin avec la multiplication des espaces tiers, les lieux de travail sont disséminés.

    « Il s’agit donc de trouver les leviers pour articuler ce nouvel écosystème et surtout le faire cohabiter avec l’ancien. »

    De même, si la mutation d’un travail en mode projet permet plus d’agilité, il peut tendre aussi à une montée de l’individualisation de la relation d’emploi. Un revers à ne pas souhaiter.

    contrepoints

  • #2
    C'est tout à fait possible, tu gère tout à partir d'un micro, au lieu d'être dans ton bureau, si ton travail ne nécessite pas que tu sois sur place, je crois que c'est très intéressant, on économise ainsi le temps, et l'énergie du déplacement, et on peut faire autre choses là où nous somme quand on n'a pas de boulot, les femmes aimeraient ca
    Dernière modification par Calopsitte, 29 mai 2016, 07h11.

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