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Congo ; L'ambassadeur de France au Congo se fait le représentant de Sassou

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  • Congo ; L'ambassadeur de France au Congo se fait le représentant de Sassou

    Jean-Yves Ollivier, qui préside la Fondation de Brazzaville dont l’Alma Chamber Orchestra est partenaire (l’orchestre où joue Anne Gravoin, l’épouse de Manuel Valls) et a été décoré en juin 2015 de la Légion d’honneur des mains du premier ministre, confirme avoir échangé avec l’ambassadeur Vidon. Et pour cause : selon le récit de ce très proche de Denis Sassou-Nguesso, il a accepté une “mission de médiation” entre l’opposant et les autorités de Brazzaville. « Le gouvernement congolais m’a autorisé à rendre visite au général Mokoko. Je me suis rendu dans sa résidence à plusieurs reprises », explique Ollivier. L’objectif : parvenir à une déclaration « reconnaissant un état de fait et la décision de la cour constitutionnelle [et donc l’élection de Sassou – ndlr] et demandant au gouvernement de rendre au général Mokoko sa liberté d’action et ses prérogatives d’opposant légal et non violent », selon l’homme d’affaires.

    Celui-ci croyait avoir convaincu le général, bien connu des Français depuis qu’il a dirigé la force africaine en Centrafrique (Misca). En vain. C’est là qu’il explique avoir « informé » les autorités françaises. « Je suis français. Et il était de mon devoir d’informer les Français de cet échec provisoire de la mission de médiation », avance Ollivier. Quels « Français » ? « Des Français autorisés », dit-il. « Il est alors décidé que la France va appuyer un retour à cette médiation. Cet appui s’est matérialisé par la visite de l’ambassadeur Vidon », poursuit Ollivier. Il confirme également avoir prévenu en personne Mokoko du rendez-vous avec le diplomate français. « Après sa visite, j’ai eu un échange avec l’ambassadeur, raconte encore l’homme d’affaires. Il m’a dit qu’il avait passé un message d’apaisement et en faveur de la reprise des négociations, mais que le général Mokoko n’avait pas semblé répondre à ses recommandations. »


    Jean-Yves Ollivier décoré par Manuel Valls. © © Capture d'écran de la Fondation Brazzaville
    Jean-Yves Ollivier décoré par Manuel Valls. © © Capture d'écran de la Fondation Brazzaville
    L’épisode est en tout cas révélateur du positionnement de la France vis-à-vis du Congo de Denis Sassou-Nguesso. Ce n’est plus le soutien franc et massif d’antan, savamment mis en scène par des agences de communication bien implantées sur le continent. Mais c’est un solide mariage de raison, qui continue d’indigner la société civile congolaise.

    En octobre 2015, quand Denis Sassou-Nguesso a organisé un référendum pour modifier la Constitution afin de se maintenir au pouvoir, la France était attendue au tournant. Les mois précédents, le président français avait appelé à plusieurs reprises les chefs d’État à respecter les constitutions. Mais à l’approche de l’échéance, François Hollande a complètement changé de discours : « Sur le Congo, le président Sassou peut consulter son peuple ; cela fait partie de son droit, et le peuple doit répondre. Une fois que le peuple aura été consulté, et cela vaut pour tous les chefs d’État de la planète, il faut veiller à rassembler, à respecter et à apaiser », avait-il indiqué en octobre dernier. Les États-Unis avaient, eux, défendu une position opposée.

    Quelques mois plus tôt, quand Sassou s’était rendu à Paris, Manuel Valls s’était déplacé en personne, à son hôtel de luxe, pour le rencontrer. Une visite très surprenante pour un premier ministre, dans un cadre privé, en dehors de tout agenda officiel, alors que le président congolais préparait déjà son référendum et qu’il est poursuivi en France dans l’affaire des biens mal acquis (lire notre enquête sur les réseaux africains de Manuel Valls).

    À Brazzaville, l’opposition compare régulièrement l’attitude des autorités américaines et françaises en accusant ces dernières de grande complaisance avec le régime. L’ambassadrice américaine Stephanie Sullivan est saluée par tous pour son travail, alors que son homologue français, Jean-Pierre Vidon, semble invisible. « Elle reçoit les opposants, va les voir même, et parle avec tout le monde quand Vidon est complètement absent », confiait en mars dernier à Mediapart une source bien informée.

    Pourtant, à ce jour, la France n’a pas fait le moindre commentaire officiel sur la réélection de Sassou. Il n’y a pas eu de communiqué de félicitations de l’Élysée. Mais un communiqué critique du Parti socialiste, dénonçant le 25 mars « l’absence de transparence de l’élection présidentielle ». Le 22 avril, le porte-parole du Quai d’Orsay a quant à lui affirmé que « les conditions d'organisation du scrutin présidentiel au Congo, notamment la coupure des communications pendant l'essentiel des opérations de vote et de dépouillement, ne permettent pas d'en apprécier les résultats officiels ». Avant d’ajouter : « En l'absence d'une transparence suffisante pour certifier la crédibilité des résultats, la France encourage les autorités du Congo au respect, au dialogue et au rassemblement de l'ensemble des sensibilités politiques du pays. »

    En attendant, à Brazzaville, le général Mokoko, coupé du monde, est toujours accusé par le régime de vouloir fomenter un coup d’État, sur la base d’une vieille vidéo de 2007 où on l’entend converser avec des barbouzes proches de la DGSE. Il dit ne pas savoir « à quelle sauce » il va désormais être mangé. « Ils croyaient me faire peur et que j'allais m'aligner. Ils se sont trompés de client car je n'ai peur de rien ! », dit-il.

    Mediapart
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent
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