Le parlement tunisien a proposé, le 7 avril 2016, la candidature de Marwane Barghouti au Prix Nobel de la Paix, dans une démarche qui illustre la défiance de la Tunisie à l'égard de la normalisation rampante des pétromonarchies du Golfe avec Israël, considéré par les Palestiniens comme l'usurpateur de la Palestine.
Le parlement belge choisit Marwan Barghouti pour le Prix Nobel de la Paix
En écho, le parlement belge lui a emboité le pas. Les chefs de groupes politiques du parlement belge, toutes tendance confondues, ont adressé une lettre au "Comité Norvégien du Prix Nobel de la Paix" réclamant que soit remis au prisonnier politique palestinien cette distinction, considérant que ce condamné à perpétuité par la puissance occupante israélienne est le "Mandela palestinien".
"La paix exige la libération de Marwan Barghouti et celle de tous les prisonniers politiques, comme celle de l'ensemble du peuple palestinien, qui vit sous occupation depuis des décennies", ont écrit les parlementaires belges dans une lettre collective.
"En accordant le prix Nobel de la Paix à une personne qui symbolise la lutte du peuple palestinien pour la liberté, mais aussi leur aspiration à vivre en paix, un leader qui a la capacité d'unir les Palestiniens autour d'un projet politique qui s'appuie sur le droit international et le retour aux frontières de 1967, menacées par la colonisation galopante et l'absence d'horizon politique, le Comité du Prix Nobel de la Paix contribuerait à faire revivre l'indispensable espoir de sortir de l'impasse politique actuelle".
Cette lettre rappelle également la "Déclaration de Robben Island" de 2013, signée par huit prix Nobel de la Paix, ainsi que le président Jimmy Carter et le Sud-Africain Ahmed Kathrada, à l'intérieur de la cellule occupée durant 27 ans par Nelson Mandela dans la vieille prison de Robben Island.
Récidiviste, la Tunisie a refusé de criminaliser le Hezbollah libanais, considérant que la formation chiite est une formation combattante, assurant qu'elle soutenait sa lutte pour la libération du territoire libanais, par allusion aux fermes de Cheba'a, se démarquant ainsi de la majorité des états membres de la Ligue arabe, à l'exception de l'Algérie, dont la position est singulière en la matière.
La position de l'Algérie, de la Tunisie et de la Belgique tranchent avec la crispation philosioniste du pouvoir socialiste français, particulièrement de l'exécutif, François Hollande, qui se débrouillera toujours pour dénicher une "chanson d'amour" pour Israël, Manuel Valls, lié de "manière éternelle à Israël" ou encore l'ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le petit télégraphiste des Israéliens lors des négociations internationales sur le nucléaire iranien.
Ce papier a été publié pour la première fois le 5 juin 2009 sur www.renenaba.com au lendemain du discours du Caire du président fraîchement élu américain Barack Obama. L'auteur a décidé de le remettre en ligne, en guise de flashback à la veille de la commémoration du premier centenaire de la promesse Balfour, alors que le président américain est en fin de mandat et que la Palestine est en voie de de phagocytose totale de la part des Israéliens.
L'auteur revient sur cet aspect méconnu de la guerre psychologique menée par Israël contre les Arabes en vue de les contraindre à intérioriser leur infériorité dans un papier intitulé "La symbolique de la sentence contre Marwane barghouti ou de l'usage du calendrier comme fonction traumatique".
La symbolique de la sentence contre Marwane Barghouti
Cinq peines de prison à vie et une peine de sûreté incompressible de 40 ans de détention, soit, pour une durée de vie moyenne de 60 ans, un total de 340 années de détention, record mondial absolu de tous les temps. Il faudra donc à Marwane Barghouti, le chef de la jeune garde palestinienne, plus de trois siècles de vie pour purger la peine que lui a infligée dimanche 6 juin 2004 la justice israélienne.
Trois siècles pour purger un crime imprescriptible le "crime de patriotisme". La sentence est sans surprise, tant par sa lourdeur que par le choix du jour du verdict.
Le patriotisme palestinien est une matière corrosive, le principal obstacle à l'expansionnisme israélien, la peine peut paraître dans ce contexte justifiée dans la logique hégémonique israélienne et de la fonction traumatique du verdict.
Il n'a échappé à personne que la sentence est tombée le jour où la planète entière ce dimanche là avait les yeux rivés sur les plages de Normandie où les anciens alliés de la Deuxième Guerre mondiale -Américains, Anglais, Français et Russes- scellaient leur réconciliation avec leur ancien adversaire allemand. Luxe de raffinement ou de sadisme ?
Le verdict israélien contre l'un des symboles du combat national palestinien est intervenu le jour anniversaire de Marwane Barghouti. Il singularise ainsi Israël en plaçant ce pays à contre-courant d'une tendance générale au dépassement des conflits hérités de la guerre froide.
Mais ce verdict de guerre n'est pas le fruit d'un hasard fortuit. La bataille dans l'ordre symbolique revêt une importance primordiale dans le contexte de guerre totale que livre Israël, car elle détermine, au delà d'une lecture linéaire de l'actualité, l'issue d'un combat capital, la bataille pour la captation de l'imaginaire arabe et partant la soumission psychologique de ses adversaires.
Dans cette guerre psychologique, deux dates ont une fonction traumatique dont Israël en use régulièrement à l'encontre de ses ennemis à la manière d'un coup de butoir répétitif afin d'intérioriser l'infériorité arabe et d'ancrer dans l'opinion l'idée d'une supériorité permanente israélienne et partant d'une infériorité irrémédiable arabe.
La date traumatique de la bretelle du 5-6 juin
La grande date traumatique est celle de la bretelle du 5-6 juin surchargée d'histoires:
Sur cette date se concentre en effet la troisième guerre israélo-arabe de juin 1967 ; la destruction de la centrale nucléaire irakienne de Tammouz le 5 juin 1981, ordonnée par Menahem Begin pour tester les réactions du nouveau président socialiste français François Mitterrand ; le lancement de l'opération "Paix en Galilée" contre le Liban, le 6 juin 1982, visant à déblayer la voie à l'élection à la présidence libanaise du chef phalangiste libanais Bachir Gemayel, enfin le 6 juin 2004 la lourde condamnation de Marwane Barghouti.
La Guerre de juin 1967, première guerre préemptive de l'histoire contemporaine, a permis à Israël, -déjà à l'époque première puissance militaire nucléaire du Moyen-Orient et non «le petit David luttant pour sa survie contre un Goliath arabe»-, de s'emparer de vastes superficies de territoires arabes (le secteur Est de Jérusalem, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le plateau syrien du Golan et le désert égyptien du Sinaï) et de briser l'élan du nationalisme arabe. Mais elle a du même coup accéléré la maturation de la question palestinienne et favorisé l'émergence du combat national palestinien qui demeure encore de nos jours, 42 ans après, le principal défi qui se pose à Israël.
Le parlement belge choisit Marwan Barghouti pour le Prix Nobel de la Paix
En écho, le parlement belge lui a emboité le pas. Les chefs de groupes politiques du parlement belge, toutes tendance confondues, ont adressé une lettre au "Comité Norvégien du Prix Nobel de la Paix" réclamant que soit remis au prisonnier politique palestinien cette distinction, considérant que ce condamné à perpétuité par la puissance occupante israélienne est le "Mandela palestinien".
"La paix exige la libération de Marwan Barghouti et celle de tous les prisonniers politiques, comme celle de l'ensemble du peuple palestinien, qui vit sous occupation depuis des décennies", ont écrit les parlementaires belges dans une lettre collective.
"En accordant le prix Nobel de la Paix à une personne qui symbolise la lutte du peuple palestinien pour la liberté, mais aussi leur aspiration à vivre en paix, un leader qui a la capacité d'unir les Palestiniens autour d'un projet politique qui s'appuie sur le droit international et le retour aux frontières de 1967, menacées par la colonisation galopante et l'absence d'horizon politique, le Comité du Prix Nobel de la Paix contribuerait à faire revivre l'indispensable espoir de sortir de l'impasse politique actuelle".
Cette lettre rappelle également la "Déclaration de Robben Island" de 2013, signée par huit prix Nobel de la Paix, ainsi que le président Jimmy Carter et le Sud-Africain Ahmed Kathrada, à l'intérieur de la cellule occupée durant 27 ans par Nelson Mandela dans la vieille prison de Robben Island.
Récidiviste, la Tunisie a refusé de criminaliser le Hezbollah libanais, considérant que la formation chiite est une formation combattante, assurant qu'elle soutenait sa lutte pour la libération du territoire libanais, par allusion aux fermes de Cheba'a, se démarquant ainsi de la majorité des états membres de la Ligue arabe, à l'exception de l'Algérie, dont la position est singulière en la matière.
La position de l'Algérie, de la Tunisie et de la Belgique tranchent avec la crispation philosioniste du pouvoir socialiste français, particulièrement de l'exécutif, François Hollande, qui se débrouillera toujours pour dénicher une "chanson d'amour" pour Israël, Manuel Valls, lié de "manière éternelle à Israël" ou encore l'ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le petit télégraphiste des Israéliens lors des négociations internationales sur le nucléaire iranien.
Ce papier a été publié pour la première fois le 5 juin 2009 sur www.renenaba.com au lendemain du discours du Caire du président fraîchement élu américain Barack Obama. L'auteur a décidé de le remettre en ligne, en guise de flashback à la veille de la commémoration du premier centenaire de la promesse Balfour, alors que le président américain est en fin de mandat et que la Palestine est en voie de de phagocytose totale de la part des Israéliens.
L'auteur revient sur cet aspect méconnu de la guerre psychologique menée par Israël contre les Arabes en vue de les contraindre à intérioriser leur infériorité dans un papier intitulé "La symbolique de la sentence contre Marwane barghouti ou de l'usage du calendrier comme fonction traumatique".
La symbolique de la sentence contre Marwane Barghouti
Cinq peines de prison à vie et une peine de sûreté incompressible de 40 ans de détention, soit, pour une durée de vie moyenne de 60 ans, un total de 340 années de détention, record mondial absolu de tous les temps. Il faudra donc à Marwane Barghouti, le chef de la jeune garde palestinienne, plus de trois siècles de vie pour purger la peine que lui a infligée dimanche 6 juin 2004 la justice israélienne.
Trois siècles pour purger un crime imprescriptible le "crime de patriotisme". La sentence est sans surprise, tant par sa lourdeur que par le choix du jour du verdict.
Le patriotisme palestinien est une matière corrosive, le principal obstacle à l'expansionnisme israélien, la peine peut paraître dans ce contexte justifiée dans la logique hégémonique israélienne et de la fonction traumatique du verdict.
Il n'a échappé à personne que la sentence est tombée le jour où la planète entière ce dimanche là avait les yeux rivés sur les plages de Normandie où les anciens alliés de la Deuxième Guerre mondiale -Américains, Anglais, Français et Russes- scellaient leur réconciliation avec leur ancien adversaire allemand. Luxe de raffinement ou de sadisme ?
Le verdict israélien contre l'un des symboles du combat national palestinien est intervenu le jour anniversaire de Marwane Barghouti. Il singularise ainsi Israël en plaçant ce pays à contre-courant d'une tendance générale au dépassement des conflits hérités de la guerre froide.
Mais ce verdict de guerre n'est pas le fruit d'un hasard fortuit. La bataille dans l'ordre symbolique revêt une importance primordiale dans le contexte de guerre totale que livre Israël, car elle détermine, au delà d'une lecture linéaire de l'actualité, l'issue d'un combat capital, la bataille pour la captation de l'imaginaire arabe et partant la soumission psychologique de ses adversaires.
Dans cette guerre psychologique, deux dates ont une fonction traumatique dont Israël en use régulièrement à l'encontre de ses ennemis à la manière d'un coup de butoir répétitif afin d'intérioriser l'infériorité arabe et d'ancrer dans l'opinion l'idée d'une supériorité permanente israélienne et partant d'une infériorité irrémédiable arabe.
La date traumatique de la bretelle du 5-6 juin
La grande date traumatique est celle de la bretelle du 5-6 juin surchargée d'histoires:
Sur cette date se concentre en effet la troisième guerre israélo-arabe de juin 1967 ; la destruction de la centrale nucléaire irakienne de Tammouz le 5 juin 1981, ordonnée par Menahem Begin pour tester les réactions du nouveau président socialiste français François Mitterrand ; le lancement de l'opération "Paix en Galilée" contre le Liban, le 6 juin 1982, visant à déblayer la voie à l'élection à la présidence libanaise du chef phalangiste libanais Bachir Gemayel, enfin le 6 juin 2004 la lourde condamnation de Marwane Barghouti.
La Guerre de juin 1967, première guerre préemptive de l'histoire contemporaine, a permis à Israël, -déjà à l'époque première puissance militaire nucléaire du Moyen-Orient et non «le petit David luttant pour sa survie contre un Goliath arabe»-, de s'emparer de vastes superficies de territoires arabes (le secteur Est de Jérusalem, la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le plateau syrien du Golan et le désert égyptien du Sinaï) et de briser l'élan du nationalisme arabe. Mais elle a du même coup accéléré la maturation de la question palestinienne et favorisé l'émergence du combat national palestinien qui demeure encore de nos jours, 42 ans après, le principal défi qui se pose à Israël.
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