Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Maroc-USA : Stratégies du faible contre le fort

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Maroc-USA : Stratégies du faible contre le fort

    Après la tempête qui a secoué les relations Maroc-USA ces derniers mois, on peut maintenant raisonner à froid. Il n’est pas toujours aisé de bâtir et mettre en œuvre une stratégie de défense contre les attaques de la plus grande puissance mondiale. Dans ces « conflits asymétriques » comme les appelle le suisse Jacques Baud, certains petits pays dans des circonstances données, ont réussi à vaincre des mastodontes (les Afghans ont vaincu l’URSS, et le Vietnam a vaincu la France et les USA), mais dans la majorité des cas, lorsque le plus faible défie le plus fort frontalement, il finit par se faire déchiqueter (Irak, Lybie …..).

    Les stratégies du faible contre le fort sont aussi anciennes que la vie sur terre ! Aussi bien dans le monde végétal qu’animal, les faibles et les petits ont toujours tenté de développer des techniques de survie pour échapper aux attaques et agressions des puissants. Les deux stratégies les plus connues et les plus courantes sont l’esquive et la cohésion. L’esquive signifie que le plus faible tente par différents moyens d’éviter l’attaque du prédateur soit en se dissimulant soit en prenant la fuite. La cohésion c’est le renforcement de la solidarité du groupe, ce qui a permis plusieurs fois à des buffles d’éventrer des lions.

    Mais il existe une troisième stratégie qu’on rencontre plus rarement car elle nécessite une certaine intelligence qui permet de convaincre le prédateur non seulement de préserver le plus faible mais aussi de le défendre et de le protéger : en exemple, les oiseaux qui nettoient les dents des crocodiles ont imaginé une stratégie gagnant-gagnant qui marche ! Au niveau des relations internationales, c’est ce choix qui a été fait par le Japon et par la Corée du Sud durant la seconde moitié du vingtième siècle.

    A l’opposé, les attitudes les plus dangereuses pour le plus faible sont celles qui consisteraient à baisser la garde, à dormir sur ses lauriers, à faire trop confiance au prédateur, ou plus grave encore de croire que le plus faible peut faire peur au superpuissant en criant fort, en le défiant ou en l’insultant. Faute de masse musculaire, de crocs ou de venin mortels, il est nécessaire de se rabattre sur l’intelligence, la matière grise et la ruse, d’autant plus que les USA n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, ce sont eux qui le disent.

    En plus, le modèle de décision aux USA est un iceberg : la partie apparente est constituée de l’Administration présidentielle et du congrès, mais la partie cachée, celle des véritables décideurs qui tirent les ficelles derrière les rideaux est constituée des lobbies de l’armement, du pétrole, de l’information, de la finance et des médias.

    Faire face aux menaces, à peine cachées, des USA contre le Maroc nécessite de faire appel aux trois stratégies susmentionnées :

    -L’esquive : d’abord en évitant l’affrontement direct et le défi. Le Maroc peut aussi marquer des points importants sur des registres qui constituent notre talon d’Achille. Le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles dans leur intégrité. Il faut reconnaitre qu’aujourd’hui ces libertés posent de gros problèmes de ballotage entre une société majoritairement conservatrice et hypocrite, et une minorité consciente de la nécessité absolue de respecter les conventions et les normes internationalement reconnues en la matière.

    -La cohésion : Le renforcement de la solidarité nationale, du patriotisme et du sentiment de marocanité chez nos concitoyens. Nous en sommes encore loin car la majorité des marocains ne se reconnaissent pas d’abord en tant que tel. Les composantes religieuses, ethniques ou régionales ont encore de la prévalence, or ce qui fait la force d’un peuple c’est le sentiment partagé d’appartenir à une nation avant toute considération raciale, tribale, ethniques ou religieuse. Si ce sentiment s’estompe le risque d’effritement augmente.

    -« The win-win strategy » consisterait non seulement à montrer patte blanche, mais en plus, à s’ingénier pour trouver les moyens de convaincre les décideurs américains de la nécessité de garder le Maroc comme un allié incontournable en Afrique. Les relations tous azimuts avec les lobbies susmentionnés doivent être renforcées car c’est avec ces derniers qu’il faut être en phase, négocier et trouver les compromis pour garantir notre sécurité, notre souveraineté et notre intégrité territoriale. Ce sont ces forces qui influencent les décisions politiques américaines à tous les niveaux.


    Abdelilah Kamal*Professeur universitaire



    Dernière modification par haddou, 08 juin 2016, 11h49.
Chargement...
X