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Algérie : la nécessité d'une transition pédagogique

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  • Algérie : la nécessité d'une transition pédagogique

    NIDAM ABDI / Consultant Senior en Innovation et Veille stratégique

    C'est peut-être l'élément essentiel qui manque à une société aux multiples difficultés, pour se mettre en ordre de marche : la pédagogie à tous les étages. À commencer par celle d'une politique qui peine à offrir une vision claire de l'après-rente pétrolière et celle d'une préparation de la majorité des jeunes Algériens qui ne voient encore qu'un avenir sombre à leur destin.

    Rare entrepreneur à développer un discours lisible sur les lacunes algériennes à former ses cadres pour affronter la mondialisation, Abdessamad Benkelfate, croit à un sursaut possible dans son livre "Pour l'Algérie de demain, le présent et notre avenir" (*).

    La singularité de l'auteur est qu'il n'appartient pas aux cercles de ces Algériens qui écrivent beaucoup sur le mal qui ronge leur pays. Lorsqu'elles ne sont pas journalistiques, ces plumes sont souvent celles d'universitaires, sinon de cadres qui tous émargent dans des sphères publiques et privées, nourries à la rente des hydrocarbures. Et pour beaucoup, les engagements ne sont jamais clairs et la démagogie est souvent à portée de main.

    Dans un pays où le traumatisme des années 90 n'est pas encore une page tournée, les voix de ceux qui n'ont aucun intérêt à s'exprimer dans l'espace public méritent l'attention. Abdessamad Benkelfate, homme d'affaires, est le premier qui emploie avec conviction la notion de transition pédagogique.

    Il explique : "ce sont les enseignants, les maîtres, ancrés dans la modernité qui aideront à combattre le fanatisme, sous toutes ses formes. C'est par la pédagogie que le formateur, lui-même formé au raisonnement critique, nous débarrassera de l'amalgame et fera cesser à nos enfants de confondre islam et islamisme, juif et sionisme, néo-conservateur américain et Amérique...".

    Le scandale politique au sommet de l'État, après des fuites massives de sujets du bac la semaine dernière, vient illustrer la désuétude du système éducatif en Algérie. Il concerne surtout la vision d'Abdessamad Benkelfate sur l'urgence de réformes donnant d'abord une priorité à une transition pédagogique par laquelle l'Algérie pourra réussir à passer d'une économie de la rente pétrolière à celle de la connaissance et de la production. On est loin de l'état d'esprit du patronat algérien qui actuellement ne pense qu'à s'écharper autour des secteurs délaissés par les pouvoirs publics.

    Ainsi, alors que chaque patron algérien est engagé dans une course pour consolider ses actifs, Abdessamad Benkelfate rappelle des réalités ubuesques. Notamment qu'à l'Université d'Oran, sa ville, "le département de mathématiques n'a d'inscrit qu'une dizaine d'étudiants. C'est plus qu'inquiétant pour une matière qui est essentielle au développement de pan entier de l'économie du pays".

    En entrepreneur qui s'est fait en dehors de la rente pétrolière et a une conscience aigüe des industries productives, Abdessamad Benkelfate aime rappeler des faits historiques : "... devrions-nous ignorer ou taire qu'il fut une époque où le Maghreb parlait latin et était le grenier de Rome ?...".

    Mais, l'auteur n'oublie à aucun moment de revenir à la réalité du moment. "Dans le monde, l'Algérie serait parmi les 10 pays les moins favorables aux entreprises..." Voilà qui donne du crédit à un observateur dont le rêve est de construire dans son pays, une ville scientifique qui accueillera sur un méga-campus, les plus brillantes universités du monde entier.

    (*) Abdessamad Benkelfate "Pour l'Algérie de demain, le présent et notre avenir", Chez Riveneuve Éditions.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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