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Baccalauréat au Maghreb: Retour sur un examen sous haute surveillance

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  • Baccalauréat au Maghreb: Retour sur un examen sous haute surveillance

    Phénomène social, nouvelle tendance dans les milieux scolaires ou tout simplement mise à mort de la méritocratie et de l'égalité des chances à l'accès à l'université, la triche ou la fraude au baccalauréat au Maghreb a pris des proportions alarmantes. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie sont confrontés à un fléau en passe de devenir phénomène social, au point de mobiliser depuis quelques années un formidable arsenal informatique, un déploiement 2.0 des TIC et des mesures sécuritaires dignes ‘'d'un casse'' du siècle entre brouilleurs de télécoms, écoutes, surveillance réseau.... Mais, l'amère expérience vécue au bac version 2016 par plus de 800.000 candidats en Algérie a montré l'inefficacité de ce déploiement de moyens techniques et humains pour débusquer les fraudeurs. Le fait est qu'en Algérie, la fraude a été massive dans certaines épreuves, reconnue par le ministère de l'Education, et a obligé le gouvernement, rareté dans les annales de l'histoire du bac si l'on excepte l'année 1992 où cet examen a été totalement refait, à se réunir pour trouver des solutions urgentes. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui avait promis ‘'zéro fraude'' et ‘'zéro tolérance'' (voir notre édition du 26 mai 2016) pour la session 2016 du baccalauréat, avait confirmé à demi-mot que des brouilleurs de télécommunication seront installés pour empêcher toutes communications durant les épreuves, ensuite des contrôles d'adresses IP (Internet Protocol) ont été déjà mis en place, et que les fraudeurs pourraient être poursuivis en justice, outre le fait que cette année, l'entrée dans les salles d'examen a été fixée à 8h30, au delà, tout retardataire sera refoulé. Pour expliquer que les moyens techniques de lutte contre la fraude 2.0, elle a notamment affirmé que « nous avons des compétences qui sont en mesures d'identifier ces tentatives de fraude à travers la demande d'information, et ceux également qui répondent en envoyant des solutions ». « J'attire l'attention que ce n'est pas le fait d'être tout seul qui va assurer la sécurité. Nous avons déjà identifié des adresses IP, et je peux vous garantir, à travers la commission constituée de la DGSN, des ministères de la Poste et des TIC, de la justice et du ministère de l'Education, mise en place cette année afin que l'échange d'informations soit instantané entre nous et des actions immédiates seront prises, sans qu'on puisse ne pas tenir compte des poursuites judiciaires que nous allons engager », a affirmé la ministre. Et puis cette affirmation de la ministre à son passage du 24 mai à la chaîne 3: « Aucune fuite des sujets n'est envisageable, encore moins possible. Il n'y a aucune chance pour la fuite des examens du bac. Tout est verrouillé. Les 150 personnes qui ont confectionné les questions sont dans les locaux de l'ONEC. Ils ne sortiront que le dernier jour du bac. Ils sont dans un bunker, coupées du monde extérieur, de leur famille, et cet isolement devrait mériter de partager avec nous cette obligation non seulement de ne pas frauder, mais d'aller vers une plus grande moralisation de cet examen ».

    Au final, cela a été un grand ‘'bluff'', puisque les épreuves de certaines matières étaient déjà étalées sur les réseaux sociaux et le scandale a été énorme. De l'enquête menée depuis les premières instants de la découverte de la fuite des sujets, il y a cette information selon laquelle les services de sécurité ont saisi des équipements de l'Office national des examens et concours (Onec).

    La ministre a-t-elle parlé trop vite ou a-t-elle péché par naïveté ? Le fait, historique et sociologique est que le bac 2016 sera refait partiellement pour rendre une certaine crédibilité, largement entamée, à cet examen. Sept disciplines de la filière «sciences expérimentales», les épreuves de mathématiques, des sciences de la nature et de la vie, de physique et d'anglais, de français et d'histoire géographie et de philosophie seront refaites le 19, 20, 22 et le 23 juin. Ces quatre dernières disciplines seront, selon la ministre, totalement ou partiellement partagées avec d'autres filières (mathématiques, technique mathématiques, et gestion et économie).

    Des arrestations, nombreuses, dans plusieurs villes du pays, sont opérées, alors que l'enquête des services de sécurité se poursuit pour faire toute la lumière sur ce scandale.

    Mais, l'Algérie n'est pas isolée dans ce triste palmarès. Au Maroc, les TIC sont devenues l'arme de prédilection des candidats à l'aventure de la triche et la fraude.

    Maroc, 3G et puces de 007

    La fraude au Maroc est devenue une science rare, utilisant les dernières nouveautés en matière de TIC. Ainsi, sur les 306.000 candidats qui ont passé l'examen régional du baccalauréat, le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle marocain a enregistré 3.048 cas de triche, soit plus de 1%. Mais, le bac national a débuté hier 7 juin pour se terminer mercredi 9 juin, avec près de 431.934 candidats. La session de rattrapage, organisée au Maroc chaque année, aura lieu du 12 au 14 juillet. Une petite curiosité, toutefois, qu'il faut relever. Les examens du baccalauréat régional, première grande épreuve avant le national, ont été marqués par des arrivées en retard de candidats liées au changement automatique d'heure sur les smartphones. Le ministère de l'Education marocain a annoncé qu'il va « permettre aux candidats au baccalauréat qui n'ont pas pu se présenter aux épreuves de passer les épreuves de rattrapage dans la matinée du vendredi 10 juin ». Mais, au Maroc, la triche a pris des allures de science-fiction, où tous les moyens sont bons pour décrocher le sésame de l'entrée à l'université. De minimes entre 2000 et 2010, les cas de fraude avérée sont passés de 1.009 en 2008 à 10.956 en 2015. Pour mettre un frein à cette boulimie de fraude, les responsables du ministère de l'éducation imposent cette année 2016 aux candidats de signer un engagement écrit où ils déclareront avoir pris connaissance des lois et règlements concernant la fraude dans les examens et des sanctions encourues : jusqu'à un an de prison ferme, en plus d'une amende comprise entre 5.000 et 10.000 dirhams. En attendant, un projet de loi demandant des sanctions plus dures traîne au Parlement, où la Commission permanente chargée de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants a annoncé le report du dépôt des amendements au texte 02-13 relatif à la répression de la triche aux examens scolaires. Le volet concernant la prison ferme à l'encontre des élèves fraudeurs fait débat, car l'article 7 du projet de loi prévoit, en effet, des peines d'un mois à deux ans de prison ferme ainsi que des amendes comprises entre 2.000 et 20.000 dirhams pour les tricheurs, plus l'interdiction de passer des examens pour une durée de deux ans.

    Tout comme en Algérie et en Tunisie, téléphones portables et appareils de transmission électronique sont interdits, avec une surveillance maximale des centres d'impression des épreuves écrites, des cellules de surveillance des données circulant sur Internet et des équipes mobiles, équipées de détecteurs de métaux, feront des descentes inopinées dans les centres d'examen afin de contrôler les candidats. Durant la session 2014, un cas de triche unique a été enregistré: une jeune fille avait eu recours à une opération chirurgicale pour se faire implanter un écouteur dans l'oreille, relié à son téléphone portable.

    Tunisie, un bac au long cours

    En Tunisie, les épreuves du bac ont démarré le 1er juin et se prolongeront jusqu'au 8. Mais, c'est surtout une impressionnante mobilisation contre la fraude. Comment ? Le ministère de l'éducation a relativement réduit le nombre de candidats par salle, passé de 20 à 18 et même parfois à 16. Il y a aussi le déploiement de brouilleurs de télécommunication dans les salles d'examen, qui ont été efficaces durant les années précédentes. Grâce à ces brouilleurs, le nombre de fraudes est passé de 756 en 2014 à 247 en 2015. Quelque 135.613 élèves sont en train de passer le bac cette année en Tunisie. Tout tricheur risque l'annulation de son épreuve, mais également une interdiction de se présenter à l'examen du baccalauréat pendant 5 ans. Et il peut être définitivement renvoyé de tous les établissements scolaires publics.

    Faut-il migrer vers le système anglo-saxon?

    Mais, il faut quelque part se rassurer, car le monopole de la triche ou de la fraude n'est pas seulement en Algérie ou au Maghreb, mais partout dans le monde, y compris en France, en Inde, en Chine ou au Congo dont les autorités avaient tout simplement annulé la session 2015, car les épreuves avaient tellement fuité sur les réseaux sociaux que les médias en avaient fait cas la veille de l'examen.

    Le remède à cette situation dramatique, avec toutes les conséquences sociales, culturelles et économiques, est d'abandonner le système d'évaluation français, devenu obsolète, qui passe par l'obtention du bac pour entrer à l'université, et adopter le système anglo-saxon (américain, anglais, canadien...), l'accès à l'université à travers le contrôle continu.

    Mais, là, nous sommes dans une autre planète.


    le quotidien d'oran

  • #2
    Et que Nouria Benghebrit peut faire pour qu'il n'y plus de fraudes? ...... être partout en même temps...... si tout le monde est corrompus, même les parents , que peut on faire???????

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    • #3
      Dans des sociétés ou les passes droits , la corruption sont la norme jusqu'au plus haut sommet de l'État , pour quelle mystérieuse raison , les plus jeunes rameraient a contre courant ?
      Tricher , c'est dans ce contexte , un instinct de survie tout à fait logique

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