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Noureddine Bouterfa, un homme sans vision à la tête de l’Énergie

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  • Noureddine Bouterfa, un homme sans vision à la tête de l’Énergie

    Par Tewfik Abdelbari
    Noureddine Bouterfa, longtemps à la tête la compagnie publique Sonelgaz, vient d’être nommé à la tête du ministère de l’Énergie. Un poste particulièrement stratégique pour l’Algérie, pays pétrolier et fortement dépendant des hydrocarbures.

    La nomination de Bouterfa soulève un certain nombre de questions qui touchent, pour certaines, directement à la vie quotidienne des citoyens algériens.

    Ouvertement pro-hausse des prix

    Il le revendique depuis plusieurs années. En tant que PDG de la Sonelgaz, Bouterfa a maintes fois appelé à augmenter les tarifs de l’électricité et du gaz. À juste titre. Vu les prix pratiqués par la Sonelgaz, la société est largement déficitaires, croule sous les dettes et s’effondrerait telle un château de cartes si l’État ne la soutenait pas au prix fort.

    Or, l’Algérie n’a plus les moyens d’injecter annuellement des milliards de dinars pour maintenir une politique de subventions (trop) généreuse. Bouterfa a le mérite d’avoir compris que le modèle actuel de fonctionnement n’est pas viable économiquement. Il appelle donc, depuis plusieurs années, à revoir les tarifs de l’électricité et du gaz.

    Une manière de pousser à la rationalisation la consommation d’énergie, permettre à la Sonelgaz d’assurer ses dépenses d’investissements et de réduire le fardeau sur le budget de l’État.

    Maintenant à la tête du ministère de l’Énergie, Bouterfa pourrait-il mettre en pratique les politiques qu’il préconise depuis plusieurs années ? Certes, les prix de l’Énergie ne dépendent pas de lui. Les hausses et les baisses des prix de l’électricité sont décidées à un autre niveau. Mais sa nomination peut être perçue comme un signal clair que les prix des énergies pourraient augmenter et que le gouvernement compte revoir sa politique énergétique.

    Un manager sans vision

    Le président de la République a récemment fait des énergies renouvelables « une priorité nationale ». Déjà incontournable en tant que PDG de la Sonelgaz, Bouterfa devient désormais le centre de décision névralgique dans le domaine de la promotion des énergies durables. Il orientera désormais la politique nationale dans ce domaine.

    Or, le même Bouterfa a, à maintes reprises, montré son scepticisme (voire son opposition) à l’égard de cette question. Il y a peu, le désormais ministre de l’Énergie considérait le recours massif aux énergies renouvelables comme « inconcevable ». Lors de sa dernière sortie en date, il a de nouveau laissé transparaître son dédain envers les énergies renouvelables, déclarant que la Sonelgaz n’avait pas été « formellement » chargée de réaliser le programme du président de la République. Bouterfa était l’un des rares PDG de groupes énergétiques au monde à ne pas croire aux énergies renouvelables. C’est dire son retard.

    | Lire aussi : Après 15 ans de grands projets, les entreprises algériennes incapables de prendre le relais

    En plus des énergies renouvelables, Noureddine Bouterfa ne s’est pas distingué par une gestion particulièrement efficace. Il laisse derrière lui une Sonelgaz exsangue et croulant sous les déficits, il est vrai en raison d’une politique énergétique qui le dépasse.

    Cependant, il n’a pas non plus fait preuve de clairvoyance. Bouterfa pouvait tout de même prévoir la hausse vertigineuse de la demande interne, occasionnée notamment par un boom démographique largement anticipé. Dans le même ordre d’idée, l’expansion exponentielle du parc immobilier de ces dernières années était également un élément à prendre en compte, vu la communication à outrance du gouvernement sur les mises en chantier.

    Ceci supposait une augmentation des capacités de production d’énergie électrique, des efforts importants pour le raccordement au réseau. Or, les délestages réguliers, notamment en été et en plein capitale, sont une preuve du contraire.

    De plus, les déclarations de l’alors PDG de la Sonelgaz donne l’impression d’un groupe pris de cours. En effet, l’on perçoit plus une tendance à la réaction plutôt qu’à l’anticipation, propre à un dirigeant d’une telle entreprise publique stratégique.

    Quelle maîtrise du marché pétrolier ?

    L’un des principaux rôles du ministre de l’Énergie est lié au secteur des hydrocarbures, particulièrement du pétrole.

    Le nouveau ministre a-t-il des connaissances suffisantes sur le marché pétrolier mondial pour assumer une telle responsabilité ? Son rôle, en plus de parfaitement maîtriser les données du marché, sera de négocier les contrats de fourniture d’énergie de l’Algérie avec les partenaires étrangers. Bouterfa arrive dans une conjoncture difficile, dans laquelle les clients européens notamment, tentent de remettre en cause les contrats à long terme pour s’aligner sur les marchés du « spot ».

    Par ailleurs, le ministre de l’Énergie devra défendre la position de l’Algérie face aux autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques de l’Algérie au sein du cartel se sont révélées, pour le moins, infructueuses. Bouterfa aura-t-il la carrure pour peser face à un pays comme l’Arabie saoudite ? Pourra-t-il faire entendre la voix de l’Algérie au sein de l’Opep ?

    L’homme a passé toute sa carrière à Sonelgaz. D’abord en tant que protégé de l’ancien PDG avant de devenir PDG du groupe. On ne lui connaît pas des compétences à l’international. Il a signé des contrats jugés exorbitants avec General Electric, SNC Lavalin et Alstom pour la réalisation de centrales électriques. Il a même reconnu publiquement de probables défaillances dans la gestion de ces contrats.

    En interne, la question se pose également. Quelle stratégie compte-t-on adopter ? Ira-t-on vers une intensification de l’exploration ou misera-t-on sur l’intensification de l’extraction ? Par ailleurs, ira-t-on enfin résolument vers la valorisation des hydrocarbures nationales à travers la pétrochimie, ou continuera-t-on à vendre du pétrole brut pour importer de l’essence ?
    tsa
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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