Ancien PDG d’Air Algérie, Wahid Bouabdellah est député du FLN. Dans cet entretien, il commente le dernier projet de loi organique visant à imposer le silence aux militaires à la retraite, critique Amar Saâdani et défend le général Toufik. Il revient longuement sur les relations algéro-marocaines et parle du roi Mohammed VI.
Un projet de loi visant à imposer le silence aux officiers supérieurs de l’armée vient d’être déposé à l’APN. Qui est visé ?
Quand on parle de personnel de réserve dans ce projet de loi, on se rend compte que beaucoup de personnes sont visées. Moi-même, je suis lieutenant du service national. Ceci étant dit, le devoir de réserve chez les militaires mis à la retraite ou de réserve est globalement respecté. Il n’y a pas lieu de le consacrer dans une loi. Actuellement, tous les cadres de la Nation sont astreints au devoir de réserve formellement défini, soit dans un contrat de recrutement, soit en cas de démission, soit en cas de mise à la retraite.
Est-ce que ce projet de loi vise à empêcher les anciens du DRS de faire de la politique ?
Il est normal que des militaires à la retraite ou de réserve soient astreints au devoir de réserve à vie pour ce qui est des secrets liés à la défense nationale mais ils ont le droit de participer à la vie politique. Parmi eux, il y a des gens engagés et bien formés. Pourquoi se priver de ce gisement ? Quand on avait besoin des officiers du DRS, on les mettait dans le Comité central du FLN et on leur faisait faire de la politique.
Les avocats du général Benhadid estiment que c’est une loi anti-Benhadid. Partagez-vous leur avis ?
Ce projet vise tous ceux qui leur posent problème et qui font désordre dont Hocine Benhadid par exemple. On peut encadrer le devoir de réserve. Pas dans une loi mais dans des textes de recrutements. D’ailleurs, les anciens du DRS n’ont jamais été bavards.
On les entend beaucoup ces dernières années…
Ils répondent et réagissent aux attaques. Ils n’ont jamais dévoilé des secrets d’État et n’ont jamais insulté le pays. Je vous rappelle que le principal intéressé est muet. C’est lui qui peut dire beaucoup de choses et qui a le plus de secrets.
Le général Toufik…
Bien sûr. Mais de par sa culture et son éducation, cet homme n’est pas quelqu’un qui parle et je ne pense pas qu’il soit visé. Ils (les dirigeants) savent qu’il est professionnel.
Allez-vous voter ce projet de loi ?
Je vais voter mais est-ce que je vais voter oui ou non, c’est après les débats que je vous le dirai. Je vais chercher à comprendre, cela dépend de l’exposé des motifs.
Le chef du FLN dont vous faites partie, Amar Saâdani, dit que les anciens du DRS ont un projet politique pour la présidentielle 2019 et accuse Rebrab d’avoir racheté El Khabar pour le compte de Toufik. Êtes-vous d’accord avec lui ?
D’abord, je ne fais pas partie de Saâdani mais du FLN. L’armée et le DRS ne sont pas les ennemis de la Nation. Jusqu’à présent, leur chef n’est autre que le président de la République. Donc, pourquoi les diaboliser ? Pourquoi diaboliser Rebrab ? Dans les pays qui se respectent, un industriel comme lui est décoré et remercié. Chez nous, on le met au pilori. Quant au général Toufik, il est au-dessus de la politique politicienne. Je le vois mal faire acheter un journal par quelqu’un d’autre. Durant les années 1990, on faisait des présidents parce que le contexte l’exigeait. Maintenant, le seul qui peut faire des présidents est l’urne.
Pourquoi Saâdani chercherait-il à « diaboliser » les anciens du DRS et surtout le général Toufik puisqu’il le pointe souvent du doigt ?
C’est probablement dû à une histoire passionnelle. Le général Toufik ne lui doit rien et ces (attaques) commencent à éveiller des soupçons comme dans toute histoire passionnelle. En tous cas, je ne pense pas que cela vient du président de la République. Quoi qu’en dise, le Président est quelqu’un qui prend de la hauteur. Quand il a envie de régler un problème, il le fait directement. Le Président n’a pas besoin d’un intermédiaire. C’est la cour qui tente d’anticiper sur ce qu’aurait voulu le prince.
Existe-t-il un lien entre le limogeage de Toufik et le retour de Chakib Khelil ?
Le seul lien qui existe est Chakib Khelil. Le général Toufik a été limogé à cause de Chakib Khelil et à cause des enquêtes (sur la corruption). Pourtant, ces investigations n’incriminent ni le Président, ni son entourage.
Vous dites que le président Bouteflika n’a rien à avoir avec la diabolisation du général Toufik mais il a fini par le limoger à cause de Chakib Khelil. Comment expliquez-vous cela ?
Il y a des choses qu’on ne comprend pas puisqu’il n’y aucune visibilité. Est-ce que Khelil est venu parce qu’on a voulu l’exfiltrer pour qu’il ne parle pas ? Est-ce qu’il revenu pour aider l’Algérie sur le plan technique ? J’en doute. Est-ce qu’il est revenu parce qu’on estime qu’il a été victime d’une bavure ? Personne n’a de réponses à ces questions. Mais je suis convaincu que le Président reste au-dessus de ces petites aventures. Des personnes anticipent et pensent que cela va lui plaire. Tout cela n’est que mise en scène.
| Lire aussi : Comment la réhabilitation de Chakib Khelil risque d’ouvrir la boîte de Pandore
Nicolas Sarkoy s’inquiète pour l’avenir Algérie et dit que le Maroc est chanceux d’avoir un roi comme Mohammed VI. Le roi marocain est-il aussi bon comme le prétend Sarkozy ?
Sarkozy doit s’inquiéter pour son avenir personnel et pas celui de l’Algérie. Mohammed VI n’a pas besoin de l’ancien président français pour dire que le Maroc est chanceux d’avoir un roi comme lui. Les Marocains le disent. Et au risque de vous surprendre, je vous le confirme. Mohammed VI est un roi qui aime son pays. Il est très accessible et se promène seul. Les gens l’accostent et ça ne l’énerve jamais. Il a transformé le paysage politique et bouleversé l’économie. Il a eu le courage de prendre des décisions. Il a fait le métro, le tramway, des autoroutes, la régionalisation avec discrétion et efficacité. Chez nous, on utilise beaucoup le « bendir » mais les résultats tardent à venir.
Un projet de loi visant à imposer le silence aux officiers supérieurs de l’armée vient d’être déposé à l’APN. Qui est visé ?
Quand on parle de personnel de réserve dans ce projet de loi, on se rend compte que beaucoup de personnes sont visées. Moi-même, je suis lieutenant du service national. Ceci étant dit, le devoir de réserve chez les militaires mis à la retraite ou de réserve est globalement respecté. Il n’y a pas lieu de le consacrer dans une loi. Actuellement, tous les cadres de la Nation sont astreints au devoir de réserve formellement défini, soit dans un contrat de recrutement, soit en cas de démission, soit en cas de mise à la retraite.
Est-ce que ce projet de loi vise à empêcher les anciens du DRS de faire de la politique ?
Il est normal que des militaires à la retraite ou de réserve soient astreints au devoir de réserve à vie pour ce qui est des secrets liés à la défense nationale mais ils ont le droit de participer à la vie politique. Parmi eux, il y a des gens engagés et bien formés. Pourquoi se priver de ce gisement ? Quand on avait besoin des officiers du DRS, on les mettait dans le Comité central du FLN et on leur faisait faire de la politique.
Les avocats du général Benhadid estiment que c’est une loi anti-Benhadid. Partagez-vous leur avis ?
Ce projet vise tous ceux qui leur posent problème et qui font désordre dont Hocine Benhadid par exemple. On peut encadrer le devoir de réserve. Pas dans une loi mais dans des textes de recrutements. D’ailleurs, les anciens du DRS n’ont jamais été bavards.
On les entend beaucoup ces dernières années…
Ils répondent et réagissent aux attaques. Ils n’ont jamais dévoilé des secrets d’État et n’ont jamais insulté le pays. Je vous rappelle que le principal intéressé est muet. C’est lui qui peut dire beaucoup de choses et qui a le plus de secrets.
Le général Toufik…
Bien sûr. Mais de par sa culture et son éducation, cet homme n’est pas quelqu’un qui parle et je ne pense pas qu’il soit visé. Ils (les dirigeants) savent qu’il est professionnel.
Allez-vous voter ce projet de loi ?
Je vais voter mais est-ce que je vais voter oui ou non, c’est après les débats que je vous le dirai. Je vais chercher à comprendre, cela dépend de l’exposé des motifs.
Le chef du FLN dont vous faites partie, Amar Saâdani, dit que les anciens du DRS ont un projet politique pour la présidentielle 2019 et accuse Rebrab d’avoir racheté El Khabar pour le compte de Toufik. Êtes-vous d’accord avec lui ?
D’abord, je ne fais pas partie de Saâdani mais du FLN. L’armée et le DRS ne sont pas les ennemis de la Nation. Jusqu’à présent, leur chef n’est autre que le président de la République. Donc, pourquoi les diaboliser ? Pourquoi diaboliser Rebrab ? Dans les pays qui se respectent, un industriel comme lui est décoré et remercié. Chez nous, on le met au pilori. Quant au général Toufik, il est au-dessus de la politique politicienne. Je le vois mal faire acheter un journal par quelqu’un d’autre. Durant les années 1990, on faisait des présidents parce que le contexte l’exigeait. Maintenant, le seul qui peut faire des présidents est l’urne.
Pourquoi Saâdani chercherait-il à « diaboliser » les anciens du DRS et surtout le général Toufik puisqu’il le pointe souvent du doigt ?
C’est probablement dû à une histoire passionnelle. Le général Toufik ne lui doit rien et ces (attaques) commencent à éveiller des soupçons comme dans toute histoire passionnelle. En tous cas, je ne pense pas que cela vient du président de la République. Quoi qu’en dise, le Président est quelqu’un qui prend de la hauteur. Quand il a envie de régler un problème, il le fait directement. Le Président n’a pas besoin d’un intermédiaire. C’est la cour qui tente d’anticiper sur ce qu’aurait voulu le prince.
Existe-t-il un lien entre le limogeage de Toufik et le retour de Chakib Khelil ?
Le seul lien qui existe est Chakib Khelil. Le général Toufik a été limogé à cause de Chakib Khelil et à cause des enquêtes (sur la corruption). Pourtant, ces investigations n’incriminent ni le Président, ni son entourage.
Vous dites que le président Bouteflika n’a rien à avoir avec la diabolisation du général Toufik mais il a fini par le limoger à cause de Chakib Khelil. Comment expliquez-vous cela ?
Il y a des choses qu’on ne comprend pas puisqu’il n’y aucune visibilité. Est-ce que Khelil est venu parce qu’on a voulu l’exfiltrer pour qu’il ne parle pas ? Est-ce qu’il revenu pour aider l’Algérie sur le plan technique ? J’en doute. Est-ce qu’il est revenu parce qu’on estime qu’il a été victime d’une bavure ? Personne n’a de réponses à ces questions. Mais je suis convaincu que le Président reste au-dessus de ces petites aventures. Des personnes anticipent et pensent que cela va lui plaire. Tout cela n’est que mise en scène.
| Lire aussi : Comment la réhabilitation de Chakib Khelil risque d’ouvrir la boîte de Pandore
Nicolas Sarkoy s’inquiète pour l’avenir Algérie et dit que le Maroc est chanceux d’avoir un roi comme Mohammed VI. Le roi marocain est-il aussi bon comme le prétend Sarkozy ?
Sarkozy doit s’inquiéter pour son avenir personnel et pas celui de l’Algérie. Mohammed VI n’a pas besoin de l’ancien président français pour dire que le Maroc est chanceux d’avoir un roi comme lui. Les Marocains le disent. Et au risque de vous surprendre, je vous le confirme. Mohammed VI est un roi qui aime son pays. Il est très accessible et se promène seul. Les gens l’accostent et ça ne l’énerve jamais. Il a transformé le paysage politique et bouleversé l’économie. Il a eu le courage de prendre des décisions. Il a fait le métro, le tramway, des autoroutes, la régionalisation avec discrétion et efficacité. Chez nous, on utilise beaucoup le « bendir » mais les résultats tardent à venir.
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