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Réforme de la retraite : la grogne des travailleurs gagne du terrain

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  • Réforme de la retraite : la grogne des travailleurs gagne du terrain

    Le front de protestation contre la décision du gouvernement prise lors de la Tripartite le 5 juin dernier, de mettre un terme à la retraite anticipée et de fixer l’âge de départ à la retraite à 60 ans, prend de l’ampleur auprès des syndicats de travailleurs qui menacent de perturber la prochaine rentrée sociale si les pouvoirs publics ne renoncent pas à poursuivre leur action. « Injustice », « gifle », « provocation », « atteinte », « attaque », « mascarade ».

    Les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier la mesure prise par le gouvernement sous prétexte de crise économique et de risque de faillite du trésor de la Caisse nationale des retraites (CNR). Au-delà des mots, de nombreux travailleurs mécontents sont montés au créneau et se mobilisent afin de défendre ce qui est considéré comme un des plus importants acquis social en Algérie. Les secteurs de la Fonction publique, notamment l’éducation et la santé, mais aussi l’industrie sont les plus véhéments à l’égard de cette réforme et leurs réactions sont catégoriques.

    «Ce n’est pas avec l’atteinte aux droits des travailleurs qu’on va sauvegarder la paix sociale.» selon le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE). Même son de cloche du côté de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF) qui a déclaré qu’ «aucun ne peut rester indifférent face à cette situation » considérant l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 instituant le départ à la retraite sans condition d’âge comme un « acquis irréversible ».

    Une décision vécue comme une sorte de tromperie par l’UNPEF car entérinée par l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) présente lors de la Tripartite. En effet, la plupart des syndicats dénoncent le mutisme et la connivence de l’UGTA ainsi que de son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd.

    « A l’heure où on attendait une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la fonction, publique, le gouvernement nous surprend avec une décision prise en concertation avec l’UGTA qui ne représente nullement les travailleurs », a publié l’Unpef dans dans un communiqué Toutefois, des voix se sont élevées au sein même de l’UGTA pour rejeter la mesure du gouvernement. «Aucun travailleur ne pourra être productif après 32 ans d’activité» a soutenu Jamel Oudfel, coordinateur syndical de l’union.

    « Tant que le travailleur a effectué les 32 ans de cotisations, il doit prendre sa retraite, même s’il n’a pas encore atteint l’âge de 60 ans» a-t-il ajouté précisant néanmoins que la retraite anticipée et l’octroi d’une pension peuvent être théoriquement refusés si l’employé n’a pas comptabilisé le nombre d’années de cotisations suffisantes. Pour le SNTE, les syndicats sont face à une situation historique et «il n’est pas question de sacrifier le droit des travailleurs et leur acquis historique.

    Un sentiment partagé par le Conseil des lycées d’Alger (CLA) qui estime dans un communiqué que la fixation de l’âge de départ à la retraite à 60 ans est une « atteinte aux acquis historiques des travailleurs et particulièrement ceux de la retraite. » Par ailleurs, les syndicats craignent et à juste titre qu’avec la crise économique, les travailleurs algériens vont voir leur situation professionnelle décliner.

    Selon le CLA, les conséquences sont inquiétantes pour les travailleurs algériens car la mesure entraine la précarisation de l’emploi, la chute du pouvoir d’achat avec la stagnation du Smiget, alors que l’inflation augmente. Les syndicats taxent le gouvernement de vouloir faire valider la loi sur les retraites sans consultation des syndicats autonomes, réels représentants de la classe des travailleurs.
    Les manifestations se multiplient

    Suite à l’appel des syndicats, de nombreux travailleurs des secteurs de l’enseignement, de la santé et aussi de l’industrie ont manifesté physiquement leur ferme désapprobation. Les premières protestations ont eu lieu dès l’annonce de la mesure, mercredi et jeudi derniers, à Rouiba et dans les bases pétrolières du sud du pays. à Rouiba, elles sont l’initiative de centaines d’employés de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) pour qui les conditions de travail sont « très pénibles » et qui estiment que le « travail jusqu’à l’âge de 60 ans et au-delà des 32 ans d’exercice doit rester un choix» avant d’ajouter que « la retraite anticipée est un droit. Et ce n’est pas à nous de payer les conséquences des politiques infructueuses du gouvernement pour renflouer la CNR».

    La mobilisation a rapidement gagné les villes du sud comme Hassi R’mel, dans la wilaya de Laghouat, et Hassi Messaoud, dans la wilaya de Ouargla, où se sont déclenchés des mouvements de protestations au sein des unités de la Sonatrach réunissant des dizaines de travailleurs réprouvant la décision du gouvernement. Tous, à travers le territoire national, sont résolus à poursuivre la lutte quitte à perturber la rentrée sociale.

    Anissa Benkhelifa
    Le Courrier d'Algérie
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."
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