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Avec ou sans Hollande, le PS organisera une primaire

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  • Avec ou sans Hollande, le PS organisera une primaire

    INFO LE POINT.FR. Jean-Christophe Cambadélis prend tout le monde par surprise : il prend parti pour l'organisation d'une primaire, avec ou sans Hollande.
    PAR EMMANUEL BERRETTA

    « Je propose l'organisation d'une primaire. » Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, prend son monde par surprise. Samedi, devant le conseil national du PS, il fera adopter par vote le principe d'une « primaire de la Belle Alliance populaire ». Les partenaires de la gauche, écologistes et communistes, ayant fermé la porte, Cambadélis prend le risque d'exposer le président de la République à une primaire face à ses opposants internes, les Montebourg, Hamon, Filoche et autre Lienemann. C'est d'ailleurs en concertation avec le chef de l'État – que celui-ci soit candidat ou pas – que la décision a été actée lors d'un tête-à-tête discret le 8 juin dernier. En fait, la stratégie Hollande vers « une primaire de relégitimation » a été décidée dès le congrès de Poitiers en juin 2015. Outre le chef de l'État, quatre hommes sont dans la confidence depuis cette date : Jean-Christophe Cambadélis, Manuel Valls, Julien Dray et Christophe Borgel. François Hollande, s'il devait se présenter, ferait de cette primaire un grand moment d'explication de son mandat.
    Pour autant, Cambadélis ne ferme pas la porte à une primaire de l'ensemble de la gauche, mais il ne peut pas attendre plus longtemps l'assentiment des écologistes et des communistes. Sans eux, la primaire prendra pour base la Belle Alliance populaire (BAP). Seront candidats tous ceux qui se réclameront de la BAP, un mouvement qui dépasse le PS pour rallier associatifs et syndicalistes. Le scrutin aurait lieu dans ce cas les deux derniers week-ends de janvier. Bien sûr, il n'aurait pas l'ampleur de la primaire citoyenne de 2011. Mesurant que l'engouement ne serait pas le même (2,9 millions d'électeurs), le parti, en 2016, ne mettrait pas en place 10 000 bureaux de vote, mais bien moins. La primaire se déclinera en plusieurs débats télévisés. L'agenda du président, s'il devait être candidat, serait aménagé pour qu'il y participe. Dans la Ve République, ce serait inédit !
    Hollande joue son va-tout
    Cette primaire de la BAP va enfin trancher entre les deux lignes du « socialisme ». Il s'agit d'un « Bad Godesberg » dans les urnes si le candidat de l'aile réformatrice parvient à s'imposer à la gauche traditionnelle. Les « frondeurs » vont avoir leur tribune, leur(s) candidat(s) et vérifier ce qu'ils pèsent réellement auprès des sympathisants de gauche appelés à les départager. « On ne se dérobe pas au débat, contrairement à tout ce qui a été dit », lance Cambadélis, qui fait le pari de réduire cette opposition interne à pas grand-chose, considérant que l'électorat de gauche est bien plus modéré.
    Bien sûr, le scrutin n'est pas sans risque pour le président de la République. Dans le cas où il serait candidat, il pourrait être battu et subir une fin de mandat terrifiante (mais le quinquennat lui-même n'a-t-il pas été de la même teneur ?). Cela dit, tout n'est pas perdu d'avance. Le sondage publié vendredi 17 juin par Le Figaro montre que le chef de l'État peut encore jouer sa chance auprès des sympathisants de gauche. Sur ce segment électoral (donc celui de la primaire), il reste dans la course avec 19 % des réponses le désignant comme « meilleur candidat de la gauche », juste derrière Manuel Valls (21 %) et Emmanuel Macron (20 %). Il devance Arnaud Montebourg, crédité de 17 %. En fait, tout le monde se tient dans un mouchoir de poche. François Hollande peut très bien gagner cette primaire de la BAP. Et s'il devait la perdre, il n'aurait pas de regrets à avoir puisque, battu au sein de la gauche, il n'aurait dès lors eu aucune chance de gagner la présidentielle...
    Montebourg concurrencé sur sa gauche
    Deuxième conséquence : Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg vont devoir se déterminer. Pour Macron, les choses se compliquent un peu. Pour affronter Hollande, l'homme qui l'a promu conseiller puis ministre, la primaire l'oblige à une double trahison. Trahir son patron à qui il doit tout – ce qui n'est déjà pas simple – et couper avec le PS puisqu'il se dit, avec son mouvement En marche !, « ni de droite ni de gauche »... Macron peut-il se permettre d'affronter le candidat du PS alors qu'il a été le passager du pouvoir pendant plus de quatre ans ? C'est sur ce bras de fer psychologique que la partie s'engage entre François Hollande et son ministre de l'Économie.
    Quant à Montebourg, la primaire de la BAP l'empêche de rompre avec le PS dont il s'est encore dit « fidèle », très récemment. Il pouvait compter sur le soutien éventuel des communistes en quête d'un candidat emblématique, c'est fini ! En revanche, au sein de la primaire de la BAP, il subira éventuellement la concurrence d'une multiplicité de candidatures issues de l'aile gauche du PS, notamment celles de Benoît Hamon, de Gérard Filoche et de Marie-Noëlle Lienemann qui marchent sur ses brisées. Hollande, lui, n'aura pas à subir la concurrence d'un Manuel Valls qui a fait de sa loyauté au président l'une des pierres angulaires de sa stratégie à long terme. Si Hollande renonce à briguer un second mandat, alors, la route s'ouvre pour Manuel Valls, qui pourra se lancer dans cette primaire au nom des réformateurs de la gauche. Et il n'est pas si mal placé, comme le montre encore le sondage du Figaro du jour.
    L'organisation d'une primaire permettra aussi au PS de contrer l'impact médiatique de la primaire de la droite. Le 2 juillet, la Belle Alliance populaire se réunira en assemblée nationale pour adopter les 13 têtes de chapitre de « l'appel des progressistes ». L'organisation se déclinera en régions et au sein des cantons où la BAP disposera de correspondants. La campagne de la BAP déclinera dans chaque région les réussites du gouvernement tout au long de l'automne et de l'hiver.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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