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Faut-il craindre un Brexit ?

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  • Faut-il craindre un Brexit ?

    CHRISTIAN CHAVAGNEUX
    20/06/2016


    En juin 1944, Winston Churchill déclarait au Général de Gaulle « Sachez-le ! Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large ». A moins que l’horrible assassinat de la députée travailliste pro européenne Jo Cox ne fasse basculer durablement la campagne, la probabilité que les Britanniques choisissent le 23 juin de vérifier la prédiction de leur ancien premier ministre ne semble pas nulle.

    Si cela devait s’avérer, les partisans du Leave (sortir) promettent le nirvana pour le Royaume-Uni et ceux du Remain (rester) Armageddon. Ce ne sera ni l’un ni l’autre.

    Les effets financiers de court terme

    Un vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ouvrirait immédiatement une période d’incertitude pour l’économie britannique quant à ses futures relations avec l’Europe. Une incertitude financière, politique et commerciale.

    Les emprunteurs britanniques se verront réclamer des taux d’intérêt plus élevés

    La livre sterling devrait être chahutée sur les marchés des changes et connaître une dépréciation importante. Si cela devait se traduire par une difficulté des banques britanniques à se financer, la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne ont déjà annoncé qu’elles leur donneront tout l’argent dont elles ont besoin, le temps que la tempête se calme, afin d’assurer le fonctionnement du système bancaire. Il y a des chances pour que les emprunteurs britanniques sur les marchés financiers se voient réclamer des taux d’intérêt plus élevés pour combler cette incertitude. D’autres entreprises européennes pourraient subir le même sort dans ce climat général.

    Un imbroglio politico-économique immédiat

    A cela, s’ajoute un imbroglio politique dont il est impossible de prédire l’issue.

    David Cameron, le Premier ministre, a indiqué qu’il ferait jouer immédiatement l’article 50 du traité sur l’Union européenne qui engage le retrait d’un pays. Mais il n’est pas certain de survivre longtemps à son poste en cas de défaite.

    Les conditions de la sortie de l'UE ne sont pas claires

    Or, les partisans de la sortie ont déclaré vouloir passer immédiatement des lois réfrénant la libre circulation des personnes et le pouvoir de la Cour de justice européenne, tout en engageant des négociations sur l’avenir des relations de commerce et d’investissement avec l’Union avant d’entamer la procédure de retrait. Ce que refusent les autres pays européens, à l’image de Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand qui a déclaré « In is in. Out is out ». De quoi susciter des tensions politiques fortes.

    Plusieurs types de relations possibles

    En admettant que cet aspect politique soit réglé, plusieurs possibilités s’ouvrent pour les futures relations avec l’Europe.

    Le Royaume-Uni pourrait intégrer l’Espace économique européen. Dans ce cas, peu de grands changements. Car il y aurait alors libre circulation des biens, des services et des capitaux et les institutions financières installées à Londres pourraient continuer à bénéficier du « passeport européen », c’est-à-dire de la possibilité de commercialiser leurs produits financiers dans l’ensemble de la zone.

    Une adhésion à l'espace économique européen changerait peu de la position actuelle

    Pour autant, les coûts de passage des frontières seraient un peu plus élevés. Et si le pays voulait continuer à participer à des programmes spécifiques comme Erasmus (échanges d’étudiants), Galileo (GPS européen) ou autres, il devrait y contribuer budgétairement. La Norvège est dans ce cas : elle contribue ainsi pour 135 euros par habitant au budget européen, tandis que la Suisse, qui dispose juste d’un ensemble d’accords sectoriels avec l’UE, paie 70 euros par habitant. Le Royaume-Uni paie aujourd’hui 150 euros par habitant : si elle devait se rapprocher du statut norvégien, la baisse de sa participation au budget resterait limitée.

    Mais les Britanniques pourraient vouloir se contenter d’un ensemble d’accords, comme la Suisse, d’une simple union douanière, comme la Turquie, d’un accord de libre-échange, comme le Canada ou bien en rester aux règles générales de l’OMC. Dans ce cas, la participation budgétaire du Royaume-Uni – équivalente aujourd’hui à 0,5 % du PIB du pays – serait économisée mais le business avec l’Europe beaucoup moins facile, ce qui se traduirait par des fuites d’entreprises et de moindres investissements.

    La City s'en sortirait

    Seule la City pourrait s’en sortir car elle dispose d’atouts considérables : un système juridique favorable aux créanciers, la langue anglaise, un environnement réglementaire accommodant, une expertise forte, des infrastructures de marché capables de traiter d’importants volumes financiers et un réseau de paradis fiscaux. Ce serait l’une des raisons pour lesquelles des financiers soutiennent le Brexit, une façon d’échapper aux évolutions européennes en faveur d’une remise en cause des paradis fiscaux.

    Le révélateur d’une Europe en train de mourir

    Ce référendum est le résultat des batailles internes au sein de la droite britannique entre une frange libérale et une frange nationaliste. Cette dernière fait campagne en montrant une file ininterrompue de migrants syriens, promettant de leur interdire l’accès au Royaume-Uni. Le Brexit mettrait en position de pouvoir la partie la plus extrême et la plus raciste de la classe politique. Nul doute que les autres partis européens du même genre en sortiraient plus forts à court terme. De plus, l’Ecosse, pro-européenne, pourrait relancer un référendum sur son appartenance au Royaume-Uni et faire sécession.

    Si un référendum était tenu dans d’autres pays, le résultat pourrait être négatif

    Enfin, un Brexit serait le sale révélateur d’une Europe en train de mourir par la faute de ses dirigeants. Il est malheureusement à craindre que si un référendum était tenu dans d’autres pays, le résultat pourrait être négatif.

    L’Europe d’aujourd’hui, c’est une zone qui prône l’austérité permanente, qui obéit aux ordres des lobbys du privé – comme le montre encore récemment le refus d’interdire les perturbateurs endocriniens sous la pression de l’industrie chimique -, un désert numérique, une zone qui n’engage pas franchement sa transition écologique, qui accepte des paradis fiscaux en son sein, un nain politique, technocratique, une zone qui transforme la Méditerranée en fosse commune.

    Les dirigeants politiques européens n’ont plus rien à proposer pour que l’Europe attire, séduise et mobilise les énergies

    Mettre en œuvre une union bancaire, créer un poste de ministre des Finances de la zone euro, proposer un sénat européen, etc., toutes ces propositions techniques et institutionnelles ne définissent pas un projet pour l’Europe. Les dirigeants politiques européens n’ont plus rien à nous proposer pour que l’Europe attire, séduise et mobilise les énergies. Ils s’étonnent ensuite de se trouver confrontés à une montée des populismes et des nationalismes. Ils en sont responsables et même un Brexit ne semble pas devoir se traduire par un sursaut. Si cela se produisait, la France et l’Allemagne annonceraient une plus grande proximité en matière de défense et de sécurité, dit-on. Cela ne suffirait pourtant pas à définir un projet. Nous sommes la génération européenne perdue.

    CHRISTIAN CHAVAGNEUX

  • #2
    Je suis convaincu que les british profitent plus de l'Europe et que cette dernière a tout à gagner à les lâcher cette bande de crevards!oeilfermé
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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