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La capitale des Zianides perd de son charme

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  • La capitale des Zianides perd de son charme

    Des infrastructures culturelles fermées, d’autres non encore achevées, des sites non entretenus, un téléphérique en panne, des trottoirs squattés par l’informel sont les signes de la clochardisation d’une ville autrefois perle du Maghreb.

    Le Centre des études andalouses de Tlemcen, réalisé dans le cadre de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 » et inauguré durant la même année, demeure de nos jours « une coquille vide ». Fermé depuis sa réception, ce centre, implanté à Imama, a pourtant bénéficié d’un volume d’investissement de 650 millions de dinars. Ce centre, qui s’étend sur une superficie de 10.000 m2, est doté d’une médiathèque, d’une bibliothèque, de salles de conférences, d’un espace internet, et jouit d’une architecture inspirée de l’Alhambra d’Espagne.
    Cette nouvelle annexe, destinée aux recherches approfondies liées aux différents patrimoines de Tlemcen, notamment la musique, la littérature, demeure malheureusement clos, même devant les visiteurs et touristes désirant le visiter.
    A noter que la wilaya de Tlemcen a bénéficié de nombreuses autres infrastructures culturelles, à l’image d’un théâtre de verdure, musées, galeries d’art, bibliothèques, salles d’exposition, comme elle a eu au programme, la restauration du palais royal, et d’autres travaux de restauration de nombreuses mosquées… Toutes ces belles infrastructures ont comme mission de développer une industrie de la culture devenue par le temps une exigence politique pour la wilaya de Tlemcen. Région phare dans le monde maghrébin, Tlemcen d’aujourd’hui peut offrir des produits culturels de qualité. Or, sur le terrain, la réalité est tout autre. De nombreux édifices sont clos, des bibliothèques sans livres, des sites abandonnés comme la Mansourah ou Sidi Boumediène ; qui ne font peau neuve que lors des visites officielles. L’autre problème vécu étant la panne du téléphérique. Ce dernier est à l’arrêt depuis presque une année, faute de maintenance. Pourtant cet important projet reliant le grand bassin au plateau de Lalla Setti n’est pas resté longtemps fonctionnel. Et c’est à la société suisse Garaventa, pour un volume d’investissement de 640 millions de dinars que ce projet a été confié. Cette ligne composée de 17 cabines de 15 places chacune, était un atout favorable pour les populations qui peuvent découvrir les merveilles du plateau de Lalla Setti devenu un véritable pôle culturel mais… sans entretien. Même la tour d’observation de Lalla Setti n’est pas accessible aux visiteurs. Depuis ce lieu, on peut apprécier toute l’ampleur du cratère de Tlemcen, d’où le regard peut porter à plus de 25 km, avec une vue panoramique sur montagnes, vallées et villages de l’arrière-pays tlemcénien.
    Jusqu’à une époque récente, Tlemcen imposait son statut de véritable cœur d’agglomération. Même la presse étrangère l’avait classée parmi les meilleures villes dans le monde à visiter. D’ailleurs, le président français François Hollande, lors de sa visite en 2012, l’avait souligné dans son discours à l’université Abou Bakr Belkaïd : « Tlemcen illustre cette vocation universelle car cette ville s’est tournée dès le Moyen-âge vers l’Espagne chrétienne. Elle a aussi compté sur la communauté juive qui a ici tant apporté aux sciences, à la musique et aux traditions religieuses, comme l’illustre si bien le pèlerinage au tombeau du rabbin Enkaoua (…) Tlemcen témoigne de l’existence d’une fraternité méditerranéenne dont notre rôle est de rappeler à chaque fois l’utilité et le sens. »Dans ce contexte, le Pr Bensenouci Ghouti de l’Université de Tlemcen, spécialiste dans l’architecture musulmane et auteur de plusieurs ouvrages, avait évoqué dans une de ses conférences, les opérations inadaptées, visant la réhabilitation des monuments. Selon lui, les minarets ont changé de couleur, d’où la nécessité de protéger et de transmettre le patrimoine de Tlemcen, cet héritage culturel défini comme bien commun.Mais Tlemcen perd chaque jour de son charme.
    Il n’est même plus pratique de faire un tour en ville sans être confronté au problème de stationnement, en raison d’un manque flagrant de parkings qui pourraient aider le visiteur à s’y promener à l’aise. Et c’est à un envahissement permanent des rues par les voitures en surnombre, sans compter ces nombreux bancs, terrasses de café, restaurants et crémeries qui gênent les piétons dans leur promenade ou leurs achats sans avoir à slalomer dans ces avenues encombrées de vendeurs à la criée avec leurs étals à même le sol. Aux alentours des cités, ce sont les décharges sauvages qui fleurissent en l’absence d’une bonne gouvernance dans la gestion des ordures. Plusieurs autres lacunes sont enregistrées ces derniers mois, faute d’une bonne politique de la gestion de la ville. La capitale des Zianides se détériore de jour en jour, cette ville tant chantée dans des poèmes.

    ParMohamed Medjahdi
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