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À l’Assemblée, entre les menaces de Tliba et la tentation totalitaire du pouvoir

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  • À l’Assemblée, entre les menaces de Tliba et la tentation totalitaire du pouvoir

    Mercredi 22 juin. Baha Eddine Tliba, député FLN et vice-président de l’APN, s’adresse à Lakhdar Benkhelaf du parti El Adala. Le ton est sérieusement menaçant : « Je te verrai après, à l’extérieur de l’hémicycle », avant de le traiter d’ « handicapé ». La scène se déroule à l’APN en pleine plénière consacrée à l’examen du projet de loi régissant les relations entre le gouvernement et le Parlement. Comme d’autres témoins, Larbi Ould Khflifa a assisté à toute la scène, sans broncher. Il s’est contenté de préciser que les insultes ne seront pas mentionnées dans le PV de la séance.

    Pourquoi une telle violence ? Parce que le député Benkhelaf a tout simplement osé critiquer Tliba, « le puissant » vice-président de l’APN et ses agissements. « Le vice-président de l’APN se permet tout, y compris de modifier la liste des intervenants en plénière », a-t-il dit. Le député a également critiqué les deux poids deux mesures du bureau de l’APN qui a sanctionné le député « spécifique » Missoum tout en restant impuissant face à certains députés « qui versent dans l’injure ». Cette intervention lui a valu des insultes et des menaces de la part du « puissant » Tliba.

    Une évolution inquiétante

    Cet incident témoigne du climat général qui caractérise la scène politique nationale depuis quelques temps. Ces derniers temps, le pouvoir et ses représentants s’autorisent presque tout : injures, diffamation, menaces, accusations… À cela s’ajoutent les traditionnelles méthodes de verrouillage du champ politique. De quoi s’inquiéter pour l’avenir des rares acquis démocratiques arrachés ces 25 dernières années.

    Aujourd’hui, le pouvoir décide sans écouter, sans consulter et sans informer. Il fixe des lignes rouges aux partis, aux médias, aux étudiants, aux travailleurs. Une dictature qui ne dit pas son nom ? Sans doute, le début de quelque chose qui y ressemble, en tout cas.

    Même les députés commencent à ressentir cette évolution inquiétante. Pas plus tard que ce mardi, les partis de l’opposition ont été contraints de se retirer des travaux de la commission juridique de l’APN qui examinait le projet modifiant et complétant le régime électoral. Un projet important traité « en urgence ». Le gouvernement a, en effet, rejeté tous les amendements de l’opposition. « Ils ont même refusé de nous écouter sous prétexte qu’il n’y avait plus de temps pour le débat. Le projet doit absolument passer en plénière dimanche prochain », explique Abdenacer Keyous, député d’El Adala. En clair, le gouvernement veut passer son projet sans la moindre modification et si possible, sans le moindre débat. Et rapidement.

    Pressions sur la presse

    Le pouvoir semble vouloir un pays sur mesure. Il ne l’a pas encore proclamé officiellement, mais il agit comme s’il détenait tous les pouvoirs. Gêné par les sorties de certains militaires à la retraite, il a décidé de faire taire tous les militaires. Un silence à vie et sur tous les sujets, instauré pour « protéger l’armée », nous dit-on. Mais personne n’est dupe : la mesure est surtout destinée à éloigner de la scène politique de probables opposants dans un contexte de préparation de la succession de Bouteflika.

    Hier, un député du FLN a vendu la mèche sans le savoir, en proposant lors des débats sur le projet en question de réduire au silence, « tous les citoyens dignes de ce pays ». Mais le pouvoir n’a pas attendu ce signal du FLN pour agir. En réalité, le processus a été entamé depuis quelques temps. D’abord en resserrant l’étau sur la presse à travers les pressions sur les annonceurs. Sellal, d’habitude très réservé sur le sujet, se met lui aussi à menacer les médias. À l’occasion de l’installation de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, le Premier ministre a annoncé que « les actes de diffamation, de chantage et d’appels à la violence et à la fitna seront fermement combattus et sanctionnés ».

    L’opposition malmenée

    Non content de marginaliser l’opposition, le pouvoir lui attribue désormais ses propres échecs. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND – un parti qui symbolise à lui seul la fraude électorale en Algérie – et non moins directeur de cabinet du président n’a pas hésité à accuser les islamistes d’être derrière les fuites du BAC. Les premiers éléments de l’enquête l’ont contredit. Mais ce dernier n’a pas retiré ses accusations.

    Pire : ceux qui contredisent le pouvoir sont traités de Harkis et accusés de servir les intérêts étrangers – même si c’est le pouvoir qui a tout donné aux entreprises étrangères ces dernières années. Un discours violent qui nous renvoie plusieurs décennies en arrière. Tout comme d’ailleurs les projets de lois découlant de la nouvelle Constitution, comme la loi électorale, la haute instance de surveillance des élections. Des lois qui préparent un verrouillage en règle du champ politique et confirment la tentation totalitaire du pouvoir.

    tsa
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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