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"Militairement, Daech est un objet inclassable"

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  • "Militairement, Daech est un objet inclassable"

    L'historien Stéphane Mantoux analyse les tactiques militaires de l'EI sur les terrains syrien et irakien, au travers de leurs vidéos de propagande. Interview.

    Le Point.fr : Quelle est la spécificité des tactiques militaires de l'EI et comment contribuent-elles à ses victoires ?

    Stéphane Mantoux* : De manière générale, les tactiques de l'EI mêlent des éléments de guérilla-insurrection parfaitement maîtrisés, venus de l'expérience d'Al-Qaïda en Irak, puis de l'État islamique en Irak, puis de l'État islamique en Irak et au Levant, et des éléments conventionnels (où jouent les anciens cadres baasistes passés au djihadisme, là encore dès l'époque d'Abou Moussab al-Zarqaoui et après). Militairement, l'EI est un objet inclassable, hybride pour les spécialistes : ni guérilla ou insurrection, ni armée régulière, mais une tactique qui se situe quelque part entre les deux.
    Les forces militaires de l'EI ont une cohérence globale qui leur vient de l'héritage passé par les anciens officiers baasistes. Pour autant, l'organisation est très décentralisée, ce qui permet localement aux petites unités de prendre des initiatives, d'improviser et de mettre en œuvre des tactiques originales. Le caractère hybride de l'EI sur le plan militaire fait sa force : il combine les moyens conventionnels (chars et artillerie prise à l'ennemi, comme les lance-missiles antichars, etc.) avec des éléments relevant davantage de son passé de guérilla-insurrection (véhicules-suicides, drones, etc.). Le renseignement de l'EI joue également un rôle important : les objectifs sont travaillés, l'EI laisse des cellules dormantes dans les territoires perdus.

    Comment l'EI exploite-t-il son infanterie ?

    Les escouades de base de l'EI comprennent souvent 8 à 10 hommes armés d'AK-47 ou de M16. L'escouade inclut souvent un tireur à la mitrailleuse PK (voire plusieurs) qui porte souvent une arme individuelle dans le dos (AK-47 ou M16). Même chose pour le tireur au lance-roquettes antichar RPG-7 de l'escouade. Parfois se rajoute effectivement un tireur d'élite, sur SVD Dragunov la plupart du temps. Elles disposent ainsi d'une puissance de feu conséquente et sont autonomes, puisqu'elles ont une capacité antichar. Ce sont de petites formations très décentralisées qui s'appuient mutuellement. L'EI recherche un effet « boule de feu » avec des escouades surarmées (maximiser la puissance de feu contre l'adversaire)
    .
    Dans certains cas, ces escouades sont plus fournies ou mieux équipées. Un armement plus conséquent ou avec des armes rares peut signer la présence de troupes d'élite (Inghimasiyyin). Par ailleurs, l'EI peut adjoindre aux escouades de véritables groupes de snipers. Elles ont souvent des matériels plus lourds, voire originaux (comme ces canons antiaériens de 23 mm ZU-23 transformés en fusils de sniping lourd, avec frein de bouche et viseur télescopique). Dans d'autres cas, l'EI aligne de petits groupes d'armes collectives en soutien des escouades ou des véhicules.
    Quelle exploitation est faite des véhicules blindés, et notamment des véhicules-suicides (SVBIED) ?

    L'EI emploie les SVBIED pour ouvrir la voie à ses troupes d'élite, les Inghimasiyyin, des commandos équipés de ceintures d'explosifs qui peuvent se faire détonner si besoin est pendant l'assaut. Les véhicules et l'infanterie suivent. Ainsi, les SVBIED remplacent en quelque sorte les barrages d'artillerie massifs. L'EI est allé jusqu'à constituer, à Mossoul, un « bataillon-suicide » comprenant des SVBIED regroupés en unité constituée (avec ses emblèmes sur les véhicules). Par ailleurs, on voit l'EI jeter depuis plus d'un an, au nord de Mossoul, des vagues de véhicules improvisés construits à partir de ceux pris à l'armée irakienne en 2014 contre les positions kurdes. Ce type d'attaques semble reprendre la doctrine de l'armée irakienne post-guerre du Kippour (1973) où les chars et les véhicules blindés attaquaient en avant de l'infanterie. Au niveau de l'armement non conventionnel, on peut noter l'importance des véhicules « bricolés », tout en sachant que l'EI ne cesse d'améliorer ces « bricolages ». Ceux-ci n'ont pas forcément un rôle décisif, mais ils viennent renforcer le potentiel de l'EI : si la première ligne kurde a été franchie lors de la contre-attaque au nord de Mossoul début mai, c'est grâce à un Humvee porte-pont créé pour passer la tranchée qui protégeait cette position, ce qui a complètement surpris les Kurdes...

    Quelles sont leurs faiblesses ?

    Pour les points faibles, il y a cette volonté de toujours contre-attaquer, y compris en défense, qui se révèle coûteuse en hommes (par exemple les charges de véhicules au nord de Mossoul qui se terminent quasi systématiquement en désastre). L'absence d'aviation et surtout de moyens de contrer efficacement les frappes aériennes est également problématique. En Irak, cela l'empêche, par exemple, d'utiliser ses chars et véhicules blindés pris à l'ennemi.

    Enfin, l'emploi des véhicules-suicides est parfois très prévisible, car l'EI a tendance à les jeter sur des objectifs prédéfinis, qui vont être attaqués par ces engins encore et encore, par vagues successives, ce qui facilite leur destruction. L'EI a eu également tendance à mettre ses troupes les plus motivées (les Inghimasiyyin) en première ligne : on les a même vus parfois précéder l'envoi des véhicules (à Falloujah, en janvier 2016) pour attaquer des positions adverses. Ils subissent alors des pertes élevées, ce qui dégrade la qualité moyenne des combattants de l'EI.

    Il faut noter cependant que l'EI est capable d'affronter des adversaires très différents sur une quantité de fronts importante, et de souvent faire jeu égal
    .
    * Stéphane Mantoux est agrégé d'histoire et anime le blog Historicoblog.


    le point fr

  • #2
    Militairement c'est un nouveau "jouet" proposé aux musulmans bien divisés et naifs pour faire durer le salon de l'armement au Moyen Orient. Il n'a pas l'air d'inquiéter Israel qui sait très bien classer militairement sans trop se fatiguer.

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    • #3
      Notre agrégé d'histoire n'ose pas trop se poser la question d'où viennent les armes lourdes de Daesh !!!

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