Annonce

Réduire
Aucune annonce.

FRANCE:Nous n'avons pas le choix, le Golfe est devenu un partenaire incontournable

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • FRANCE:Nous n'avons pas le choix, le Golfe est devenu un partenaire incontournable

    Hôtels de luxe, grands magasins, chaîne de télévision... Les pays du Golfe ne comptent plus uniquement sur le pétrole. En diversifiant leurs activités, ils deviennent des partenaires économiques incontournables. Explications de Pierre-Louis Reymond, agrégé d'arabe et professeur à Lyon.

    Objet de fascination -notre dernière chronique en témoignait- l'Orient suscite bien d'autres passions, et peut même les déchaîner... Elles peuvent être culturelles, géopolitiques ou économiques. Dans ces lignes, il sera question des deux dernières. Nous n'avons pas le choix: la région du Golfe est devenue pour nous un partenaire économique incontournable. Oui, il faut parler affaires, et nous le faisons déjà.

    La présence des pays du Golfe en France est connue. Le pétrole et le gaz ont fait la fortune de ces territoires, mais nous savons aussi qu'ils sont appelés à le faire beaucoup moins! Or, c'est là que se dessine pour nous une fenêtre sur l'avenir; elle découle directement de la nouvelle impulsion prise par nos nouveaux partenaires, et cette dernière porte un nom: la diversification.

    Des chapelets d'hôtels cinq étoiles

    On connaît par exemple l'étendue de la mutation de Qatar pour passer dans l'ère de l'"après-pétrole". Tête de pont des investissements:

    Le sport, avec le PSG bien sûr, mais aussi une chaîne de télévision BeIN Sport...

    L'immobilier, tant pour le logement que dans l'acquisition du statut de "propriétaire des murs" de grandes chaînes commerciales, comme le Printemps ou le nouveau quartier des affaires de Londres.

    Le tourisme également: la fréquentation touristique du pays a connu une augmentation de 4 % depuis 2015 et a alimenté le PNB de 4 milliards de dollars cette même année. Les hôtels sont pris d'assaut par des visiteurs venus de Chine, de France, de Grande Bretagne, d'Inde...

    Autant de nouveaux élans, qui sont le résultat du frein mis à la dépendance totale des exportations de gaz et de pétrole, mais qui constituent toujours près de 50 % du PNB.


    A Dubaï, des chapelets d'hôtels cinq étoiles côtoient les gratte-ciel qui accueillent bureaux et centres commerciaux. La compagnie aérienne Emirates, fondée en 1985, est devenue l'une des dix plus grosses compagnies aériennes du monde. La ville-émirat s'est aussi rapidement tournée vers les nouvelles technologies de l'information et de la communication, mais elle est surtout devenue un centre financier majeur du Moyen-Orient! Avec l'ouverture du NASDAQ Dubaï, le fuseau horaire vacant entre la bourse de Singapour et celles de Francfort et de Londres est désormais rempli.

    Dubaï fut parmi les premières puissances à reprendre le modèle des zones franches, le Jebel Ali Free date ainsi de 1985, il exonère les firmes étrangères de l'obligation de céder une participation de 51% à une firme locale pour exercer leurs activités dans le pays.

    Abu Dhabi, "la sauveuse"

    Mais attention. Le Qatar est avant tout producteur et exportateur de gaz, ses cours sont donc liés à ceux des hydrocarbures. Certes, contrairement aux pays voisins, le Qatar ne subventionne pas son essence, ce qui le fait apparaître comme l'un des pays de l'OPEP les plus solides au regard de la dépendance budgétaire aux cours du pétrole. Mais dépendance il y a pourtant.

    La diversification des investissements de Doha ne s'est pas faite sans heurts, les encours de crédits de ses banques frisent désormais 110% de son PIB contre 70% en 2006! Et il faut ajouter à ceux-ci une croissance moyenne de 15% par an, là où le FMI rappelle qu'un rythme de croissance supérieur à 3% peut constituer une situation de stress... Cette importante croissance du Qatar, et ses contrecoups, ont fait aussi doubler les prix du marché immobilier en seulement quatre ans. La valeur des crédits des banques pourrait par conséquent s'en faire ressentir.

    Dubaï, confortablement assise de son côté sur 8% des réserves mondiales de pétrole, n'en a pas moins connu la crise. Lorsqu'en 2009, les touristes écarquillent les yeux devant les maquettes futuristes d'Abu Dhabi, la dépression bat déjà son plein à 125 kilomètres de là... Elle traverse Dubaï, en plein naufrage... Heureusement la "grande soeur" Abu Dhabi aura largement de quoi venir en aide à son voisin. D'après l'agence de notation financière Moody's, le fonds souverain d'Abu Dhabi "dépasse considérablement à lui seul la dette extérieure du pays," les réserves de l'émirat étant estimées à au moins 500 milliards de dollars.

    La diversification et nous

    Alors que Dubaï et Doha ont clairement misé sur la carte de l'extravagance à crédit, Abu Dhabi a préféré, de manière sans doute plus prudente, jouer dès le départ celle de la diversification: cette dernière a vite orienté la capitale émiratie vers l'industrie en développant les transports en commun, comme le train, puis en misant sur la culture et les arts en installant notamment une réplique du Louvre et de la Sorbonne.

    Autant attractive que complexe et risquée, l'insertion des puissances occidentales -dont la France- dans les échanges économiques avec les pays du Golfe n'en demeure pas moins incontournable. Ceci, tant sur le plan strict des partenariats commerciaux, que sur celui des échanges dits immatériels comme la culture et la technologie.

    Situées sur le continent asiatique, on oublie que -pour ne citer qu'elles- des villes comme Dubaï, Abu Dhabi et Doha font partie du monde arabe. Parce qu'elles font partie intégrante de l'avenir de l'économie mondiale, à géométrie et difficultés variables certes, mais durablement sans aucun doute, c'est sans doute d'elles aussi que partira le renouvellement de ce monde en ébullition.

    l'express
Chargement...
X