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Pourquoi le Brexit va précipiter l’Algérie dans la crise

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  • Pourquoi le Brexit va précipiter l’Algérie dans la crise

    L’Algérie pourrait payer, une fois de plus, sa dépendance aux hydrocarbures. En plongeant l’économie mondiale dans une nouvelle récession, le Brexit freinera indirectement la demande sur les matières énergétiques dont le pétrole.


    «Le Brexit ? J’en vois déjà les conséquences. J’ai payé mon billet d’avion plus cher, car la livre a perdu de sa valeur.» Johanna, une Anglaise installée à Alger depuis quelques semaines, ne s’est toujours pas remise des résultats du référendum qui ont donné 51,9% des voix favorables à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. «L’extrême droite, pour que les gens votent en faveur du Brexit, disait : ‘‘ Rendez-nous notre pays’’. Moi, j’ai l’impression que depuis vendredi, on m’a pris le mien.»

    Ce sentiment de désarroi est pour Naomi partagée par «la majorité de la communauté britannique en Algérie», dont elle fait partir depuis plus de quarante ans. «La plupart d’entre eux sont chagrinés. Si le Brexit n’a pas de conséquence directe pour nous ici, je me demande comment cela va se traduire dans l’Union européenne où je voyage souvent, en particulier en France.»

    De l’avis de diplomates européens en poste à Alger, qui ignorent par ailleurs ce que vont devenir les Britanniques qui travaillent pour l’UE dans le monde, il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences du Brexit. L’Union européenne et le Royaume-Uni ont entamé de difficiles discussions sur leur nouvelle relation économique, avec notamment en suspens la question de l’accès britannique au marché unique européen. Le moment précis où Londres activera la clause de sortie de l’UE reste par ailleurs inconnu. «Tout va être bloqué pendant au moins deux ans», analyse un chef d’entreprise algérien. «L’Algérie, elle, devra renégocier les accords douaniers avec le Royaume-Uni.

    D’un côté, elle sera forcément un peu perdante, car les taxes seront plus élevées qu’avec l’Union européenne. De l’autre, cette augmentation sera compensée par la dévaluation de la livre.» Mais comme le volume des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Algérie ne représente pas grand-chose –malgré une hausse entre 2011 et 2014, les échanges se chiffrent à 6,9 milliards de dollars et 98% des exportations de l’Algérie sont constituées d’hydrocarbures– la renégociation des accords ne devrait pas beaucoup peser dans la balance.

    FMI

    C’est à une échelle plus macroéconomique que l’onde du séisme sera ressentie en Algérie. Comment ? Le Brexit va affecter l’économie européenne qui entraînera forcément l’économie mondiale dans une nouvelle récession. Or, comme le rappelle Omar Berkouk, expert en investissements, «si le Brexit affecte la Chine, alors l’Algérie sera aussi touchée, car nous ne vendons qu’une seule commodity, le pétrole, qui dépend de la croissance mondiale». Les professionnels de la finance sont à peu près tous d’accord sur le scénario à venir : une nouvelle crise financière par explosion de la bulle de crédit, une instabilité sur les marchés financiers, dont celui des actions, et un retour à une situation comparable à celle de 2008.

    «La situation économique mondiale actuelle est même plus critique qu’en 2008», précise Kamal Benkoussa, ancien financier et partenaire dans un hedge fund américain à Londres, «car le taux d’endettement cumulé au niveau mondial en pourcentage de PIB (produit intérieur but) culmine à un niveau affolant de 350%». De manière schématique, le ralentissement des activités n’aidera pas la demande mondiale en matières premières à repartir à la hausse. «Sur une économie comme la nôtre, dans son modèle actuel, l’impact de l’instabilité politique et économique sera énorme», signale Kamal Benkoussa.

    «C’est un scénario vénézuélien (inflation, pénuries, dévaluation de la monnaie) qui nous attend. On en parlait déjà avant le vote, mais là, le Brexit va accélérer la trajectoire dans laquelle s’est engagée l’Algérie et enfoncer le pays dans une crise majeure sans précédant.» La déclaration, hier, du porte-parole du FMI, selon laquelle «le Brexit constitue le principal risque qui pèse sur l’économie mondiale», va dans ce sens.

    El watan
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