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«La chute du pétrole freine le développement»

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  • «La chute du pétrole freine le développement»

    Arnaud Villaret, chef de projet du BCTI.

    Après plusieurs missions menées en Afrique, notamment au Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), M. Arnault Villaret, chef de projet au Bureau de la coopération technique internationale (BCTI) de l’Institut de l’élevage de Paris, revient dans cet entretien sur les potentialités et les besoins de l’Algérie dans les secteurs laitiers et de viandes rouges. Il livre également sa vision sur la filière bovine à moyen terme à l’ombre des mutations économiques que connait le pays.



    Quelles sont les missions du BCTI dans le développement de l’élevage ?

    Le BCTI (bureau de coopération technique internationale) rassemble les compétences qui répondent à des besoins exprimés à l’international, que ce soit par voie d’appels d’offres émanant de bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou l’AFD (Agence française de développement), ou des contrats de gré-à-gré avec, soit les services publics, ministères de l’agriculture de pays étrangers ou des opérateurs privés qui veulent investir dans l’élevage ou améliorer leur production.

    Pour ce qui est de nos activités en Afrique, nous répondons à toutes les demandes solvables parce que, nous-mêmes, malheureusement nous n’apportons pas de financements sachant qu’il y a de moins en moins de financements publics français. Les missions d’assistance technique qu’on a menées jusqu’ici ont eu lieu en Afrique du nord, dont l’Algérie, l’Egypte, le Maroc ou la Tunisie. Le BCTI a mené également plusieurs actions dans des pays comme l’Ethiopie ou le Kenya avec des financements accordés par l’AFD.

    Est ce que les bailleurs de fonds sont disposés à accompagner des programmes de cette nature ?

    En tout cas, ce sont des bailleurs de fonds internationaux avec des lignes de financement sur le long terme qui se décident au niveau des gouvernements en amont. Ce n’est qu’une fois le financement mobilisé et l’appel d’offre lancé que notre bureau se manifeste. Il nous arrive aussi de monter des projets et de les présenter à des bailleurs potentiels, notamment français, comme les ministères de l’agriculture et de l’économie ou l’AFD mais, comme il y a de moins en moins de financements disponibles, il ne reste que la voie des appels d’offre lancés par les bailleurs de fonds internationaux.

    Quel pourrait être votre apport pour des pays comme l’Algérie qui adoptent ces dernières années des politiques agricoles axées sur la production locale pour réduire les importations alimentaires ?

    On intervient chaque fois il y a une demande locale. On a déjà réalisé des missions en Algérie dans le cadre des actions de jumelage financées par l’Union européenne et réalisées dans le cadre d’un partenariat entre les ministères de l’agriculture algérien et français. Ces actions, qui sont toujours en cours, portent en particulier sur l’identification et la traçabilité des bovins. Donc, nous sommes toujours prêts à répondre à des besoins exprimés et, pour être sincère, les besoins ne manquent pas mais la seule difficulté qui existe c’est au niveau des financements.

    La situation économique actuelle de l’Algérie qui connait une baisse de ses revenus pétroliers ne risque-t-elle pas de freiner l’avancement de ces projets de coopération technique ?

    C’est sûr, pour des pays comme l’Algérie, la chute des prix du pétrole impactent sur les finances publiques et aussi sur les actions de développement. Donc, la situation devient plus complexe lorsqu’il n’y a pas des offres de financements émanant de bailleurs de fonds internationaux. C’est-à-dire, la crise actuelle touche beaucoup plus les projets de coopération qui s’appuient sur les finances locales.

    En Algérie, les éleveurs procèdent au renouvellement de leurs cheptels en important des vaches laitières à fort potentiel, notamment des races françaises, mais une fois arrivées sur place, les rendements de ces vaches baissent, compte tenu des conditions climatiques locales et le système alimentaire auquel elles sont soumises. De quelle manière pouvez-vous accompagner ces éleveurs dans le choix de races plus adaptées ?

    En Europe et en France en particulier, il y a tout un panel de races, hautes productrices, moyennes productions et races rustiques. Mais, il faut savoir qu’il n’y a pas de meilleure race en soi, il y a juste des races qui sont plus ou moins adaptées au contexte et aux ressources. Même dans les pays du bassin méditerranéen, quels qu’ils soient, c’est selon le type d’exploitation et les ressources alimentaires auxquelles ces vaches peuvent accéder, en particulier les fourrages et l’eau. Donc, ce n’est pas forcément la même race qui va s’avérer la plus adaptée d’un pays à un autre. C’est comme pour une voiture, on préfère tous la plus puissante mais on ignore si elle sera adaptée aux routes et le climat dans le pays où elle va rouler. Malheureusement, c’est le même cas pour les éleveurs qui optent toujours pour les races hautes productrices mais sans avoir les moyens nécessaires pour répondre à leurs besoins, notamment en matière d’alimentation et d’eau. Certes, l’aspect génétique est important mais après, la conduite des élevages doit être à la hauteur pour que le potentiel de la vache puisse se valoriser. C’est donc pour ces raisons que, souvent, les bovins ne donnent pas autant de lait que ce qui a été imaginé.

    Comment entrevoyez-vous l’avenir de cette coopération à moyen terme ?

    Comme je viens de le dire, les besoins sont croissants mais, en plus des difficultés financières, il y a aussi la contrainte sécuritaire dans certaines régions. Le danger existe autant pour les acteurs locaux que pour les experts étrangers qui sont appelés à aller sur place pour réaliser les programmes de coopération tracés. En tout cas, l’instabilité sécuritaire ou sociale est un facteur limitant les possibilités de développement. Si l’Europe a atteint le niveau de développement actuel, parce qu’elle a eu après la deuxième guerre mondiale 40 à 50 ans de stabilité politique et sociale.

    Mourad Allal-ECONEWS
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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