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Ramadan meurtrier: le monde musulman constate les dégâts

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  • Ramadan meurtrier: le monde musulman constate les dégâts

    Le groupe Etat islamique avait promis des attentats pendant toute la durée du ramadan. A la veille de sa rupture, le bilan est sanglant. Après les terribles attaques ces derniers jours à Bagdad, à Istanbul et à Dacca, c'est l'Arabie saoudite qui est frappée. Trois attentats lundi 4 juillet, dont un à Médine, deuxième ville sainte de l’islam. L’attentat-suicide a eu lieu près de la mosquée du Prophète.

    Deux ans après l’auto-proclamation de son « califat » le groupe Etat islamique a clairement changé de stratégie. Acculée en Irak et en Syrie, l’organisation terroriste a été contrainte de délaisser de vastes territoires. Sa guerre se joue de moins en moins sur le champ de bataille. Les jihadistes privilégient désormais les attentats-suicides.
    Ce terrorisme sans frontière touche de nombreux pays.

    ■ Jordanie

    Depuis le début du ramadan, le royaume hachémite a été frappé deux fois. Le 6 juin, les services de renseignements ont été ciblés dans leur propre bureau près d’Amman, la capitale. La seconde attaque a eu lieu deux semaines plus tard (le 21 juin) dans la région extrêmement sensible de Rokbane à la frontière syro-jordanienne. Un kamikaze du groupe Etat islamique a tué cinq gardes-frontière jordaniens.

    ■ Turquie

    Le 28 juin, le triple attentat-suicide à l’aéroport international d’Istanbul a fait 45 morts. Cette attaque n’a été suivie d’aucune revendication mais les autorités turques ont tout de suite pointé la responsabilité du groupe Etat islamique.

    ■ Bangladesh

    Dans le sous-continent indien, le groupe Jamayetul Mujahideen Bangladesh aurait prêté allégeance au « califat ». Ce groupe est passé à l’action le 1er juillet, au cœur de Dacca. Une prise d’otages qui s’est soldée par un carnage. Le bilan a fait état de 20 victimes parmi lesquelles 18 étrangers exécutés par balles ou à la machette.

    ■ Irak

    L’attentat le plus meurtrier de ces dernières semaines reste celui de Bagdad. Le 3 juillet, plus de 200 personnes ont été tuées. Un camion frigorifique bourré d’explosif a servi de véhicule piégé. L’organisation EI a ciblé la rue de Karrada, dans un quartier commerçant de Bagdad. L’explosion hyper puissante a fait autant de dégâts qu’un bombardement. La rue a été calcinée. Les devantures des boutiques et des immeubles ont été soufflées sur des dizaines de mètres à la ronde. Cet attentat a plongé le pays d’un climat de profonde tristesse. Il a eu lieu deux jours avant la fin du ramadan et le début des célébrations de l’aïd.

    ■ Arabie saoudite

    Le 4 juillet, le royaume saoudien a été secoué par trois attaques terroristes. L’un de ces attentats-suicide a été perpétré à Médine, deuxième ville sainte de l’islam après La Mecque. Le jihadiste a déclenché sa ceinture explosive près de la Mosquée du Prophète qui abrite également son tombeau et ceux de ses deux premiers califes. Dans le monde musulman l'indignation a été unanime, avec une condamnation très forte de la mosquée d'al-Azhar, en Egypte, considérée comme la plus haute autorité de l'islam sunnite. Vive réaction également de la République islamique d’Iran. Le plus important pays chiite a appelé à l'unité internationale et régionale contre le terrorisme.

    ■ L’organisation Etat islamique menace l’Europe et les Etats-Unis

    Le 22 mai, plus de deux semaines avant le début du ramadan, le porte-parole du groupe EI, Abou Mohammed al-Adnani, a lancé un appel au jihad. Il a exhorté les sympathisants de l’Etat islamique à faire du ramadan « un mois sanglant » pour les pays de la coalition internationale qui bombarde les bastions jihadistes en Irak et en Syrie.

    « Le mois de ramadan n'est pas un mois anodin dans la rhétorique jihadiste, rappelle David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyses stratégiques. D'abord parce que le fait de tomber en martyr pendant ce mois-là est susceptible de donner un accès plus évident au paradis. Et puis, le mois de ramadan est associé à un certain nombre de batailles, de succès militaires, et il y a donc une prédilection effectivement pour donner au mois une ampleur dans la dynamique pro-active de ce type de mouvances extrémistes. »

    Les 12 et 13 juin, deux loups solitaires ont lancé des attaques meurtrières. D’abord à Orlando aux Etats-Unis, contre une boîte de nuit gay. Puis en France, à Magnanville, où un couple de policiers a été abattu à son domicile. Dans les deux cas, le mode opératoire a été similaire.

    Les terroristes avaient prêté allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’organisation Etat islamique, et sont passés à l’action avec les moyens du bord dans un périmètre restreint. Aux Etats-Unis comme en France, ils ont commis leurs attaques à quelques kilomètres seulement de leurs lieux d’habitation. A l’occasion du ramadan de l’année dernière, l'EI avait également lancé ce même appel à l’intensification des attentats.

    ■ Le rôle des terroristes étrangers


    Les terroristes étrangers sont à peu près 30 000 [en Irak et Syrie] et maintenant que l'espace vital de Daech se réduit en Irak, on les voit revenir vers nous, pas seulement vers nous en Europe, mais aussi dans leurs pays d'origine, comme la Tunisie, le Maroc ou ailleurs. Il faut aussi que les Etats sachent faire la distinction entre une grande partie des combattants terroristes étrangers, qui ne sont pas forcément des personnes dangereuses, très convaincues, et ceux qui le sont. Donc, il y a un phénomène de filtrage qu'il faut mettre en place, qui pourra permettre de mieux travailler sur les questions. Parce que remettre pour une longue période de temps des gens, qui sont certes déjà un petit peu engagés, mais que l'on peut récupérer, en prison, on sait quel est l'effet de la prison et on peut effectivement se demander s'ils ne vont pas se radicaliser encore plus
    Jean-Paul Laborde

    Directeur du comité contre le terrorisme de l'ONU


    SFI
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