Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Qui est Fethullah Gülen, l’ennemi juré d’Erdogan accusé de la tentative de putsch

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Qui est Fethullah Gülen, l’ennemi juré d’Erdogan accusé de la tentative de putsch

    Vivant aux Etats-Unis mais à la tête d’un puissant réseau en Turquie, le prédicateur Fethullah Gülen est accusé par Recep Tayyip Erdogan d’être à l’origine de la tentative de putsh du 15 juillet.

    Fethullah Gülen a beau vivre en reclus dans une petite ville des Etats-Unis depuis des années, le président turc Recep Tayyip Erdogan, voit dans son ennemi juré le vrai responsable de la tentative de putsch qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet. A peine arrivé à l’aéroport d’Istanbul, le président turc a accusé l’imam et son mouvement d’être à l’origine du coup manqué qui a tenté de le déposer, ce que l’intéressé nie.
    Agé de 75 ans, le prédicateur musulman vit en reclus dans les Poconos, une région montagneuse et boisée de Pennsylvanie au nord-est des Etats-Unis, depuis 1999. Mais c’est un homme à la tête d’un mouvement puissant en Turquie, qui compte un gigantesque réseau d’écoles (en Turquie mais aussi partout dans le monde), d’ONG et d’entreprises sous le nom d’Hizmet (Service, en turc) et il est très influent dans les médias, la police et la magistrature.
    Homme de réseaux

    Le Hizmet fonctionne un peu comme les mormons américains : « ils s’aident en affaires, ils ont une mentalité de missionnaire et un grand sens de l’entreprise » expliquait en 2014 Sam Brannan, du centre de réflexion Center for strategic and international Studies (CSIS).
    L’autre point commun avec les mormons, et celui qui fait la puissance financière d’Hizmet, c’est que tous ses sympathisants sont tenus de donner du temps ou de l’argent à l’organisation: des étudiants aux mères de familles, et en passant par les riches hommes d’affaires.
    Alors que M. Erdogan reprenait la main le 16 juillet au matin, M. Gülen a condamné « dans les termes les plus forts » la tentative de putsch. Mais le président Erdogan avait déjà affirmé que le coup d’Etat était un « soulèvement dans lequel l’Etat parallèle a également une part ». Une expression qui fait directement référence au prédicateur.
    Lorsque des journalistes du New York Times lui ont demandé samedi si certains de ses sympathisants avaient participé à la tentative de putsch, il a répondu « ignorer) qui sont (ses) partisans » et ne pas pouvoir s’ « exprimer sur leur quelconque implication », expliquant vivre « loin de la Turquie depuis 30 ans ».
    Il a même jugé « possible » que le coup d’Etat ait été orchestré par M. Erdogan lui-même lors de cette interview, se refusant toutefois à « accuser sans preuves ». « Certains dirigeants organisent de faux attentats-suicides pour renforcer leur pouvoir, et ces gens ont ce genre de scénarios en tête », a-t-il déclaré.
    Frères ennemis

    Les deux hommes ont pourtant été alliés, lorsque M. Erdogan a profité du réseau de M. Gülen pour asseoir son pouvoir. Mais M. Gülen est devenu l’ « ennemi public numéro un » de l’homme fort de la Turquie après un scandale de corruption de la fin 2013, qui a touché le cercle intime du président. M. Erdogan accuse depuis l’imam d’avoir mis en place un « Etat parallèle » destiné à le renverser, ce que les « gülenistes » nient.
    Le prédicateur s’est installé aux Etats-Unis depuis 1999, bien avant d’être accusé de trahison dans son pays natal. Dans le paysage bucolique qui entoure la petit ville de Saylorsburg où il réside, il mène une vie de reclus, n’apparaissant que très rarement en public et accordant peu d’entretiens à la presse. Il s’est installé dans un important complexe ressemblant à un hôtel, le Golden Generation Worship and Retreat Center.
    Le mouvement de Fethullah Gülen prône un mélange de mysticisme soufie et d’harmonie entre les gens basé sur l’islam. Son enseignement d’un islam ouvert à l’éducation et aux sciences ainsi qu’au dialogue interreligieux lui vaut des millions d’adeptes mais aussi les suspicions des défenseurs de la laïcité en Turquie.
    La rupture et la réaction de M. Erdogan a été très forte. Il a purgé les rangs de l’armée de centaines d’officiers y compris des généraux, il a fait fermer des écoles opérées par le Hizmet et aussi renvoyé des milliers de policiers. Il s’en est pris aux médias qu’il soupçonnait d’avoir des sympathies pour Gülen.
    Selon l’agence de presse turque Anadolu, quelque 1 800 personnes, y compris 750 officiers de police et 80 soldats ont été mis en prison ces deux dernières années dans le cadre de la lutte contre le mouvement de Fethullah Gülen. Quelque 280 sont toujours derrière les barreaux en attendant leur procès, selon l’agence.

    TelQuel
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

  • #2
    Le scandale de corruption qui a ébranlé Erdogan :

    En butte à un scandale de corruption qui menace son pouvoir, Erdogan accuse la confrérie Gülen, son ancien allié. Qui sont ses adeptes ? Que veulent-ils ?

    De notre correspondant à Istanbul, Guillaume Perrier.


    On croyait le pouvoir du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan absolu et inébranlable. Mais, depuis mardi, il vacille comme jamais. La révélation d'un gigantesque scandale de corruption qui éclabousse plusieurs de ses proches, et notamment quatre ministres de son gouvernement, fragilise le chef du parti islamo-conservateur (AKP) au pouvoir. Il fait surtout apparaître, désormais au grand jour, la profonde rivalité qui mine le parti, entre les partisans du Premier ministre d'un côté et la puissante confrérie Gülen de l'autre. Une guerre des clans fait rage entre les anciens alliés islamistes.

    "Forces de l'ombre"


    Parmi la cinquantaine de personnes mises en garde à vue depuis mardi, neuf ont été déférées jeudi devant la justice pour corruption, malversations et blanchiment d'argent. Les quatre ministres cités dans cette affaire, Egemen Bagis, chargé des Affaires européennes, Zafer Caglayan (Économie), Muammer Güler (Intérieur) et Erdogan Bayraktar (Urbanisme), tous proches du Premier ministre, auraient proposé leur démission. Mais à travers eux, c'est tout le système mis en place par les proches de Recep Tayyip Erdogan qui est visé. La réplique n'a pas tardé. Plus de quarante hauts responsables de la police turque, ainsi que le préfet d'Istanbul, accusés d'avoir "outrepassé leurs fonctions", ont été limogés. Un remaniement ministériel pourrait être annoncé dans les prochains jours.
    Le Premier ministre a dénoncé "les forces de l'ombre" qui agissent derrière ce coup de force judiciaire. Une cabale "plus organisée que celle de Gezi", faisant référence aux manifestations antigouvernementales qui ont éclaté au printemps dernier. Une manière d'accuser la confrérie de Fethullah Gülen, sans la nommer. Un député islamiste parmi ses fidèles, Salih Kapusuz, est monté plus franchement au créneau en déclarant que "l'AKP ne tire sa force ni de forces occultes outre-Atlantique ni d'alliances nauséabondes". Le prédicateur turc Fethullah Gülen, à la tête d'un puissant groupe d'influence, vit exilé aux États-Unis depuis 1999, retranché en Pennsylvanie.
    Un réseau éducatif


    La confrérie Gülen, aussi appelée mouvement "Hizmet" (service), est une puissante organisation socio-religieuse née dans les années 70, à Izmir. Fethullah Gülen, un jeune imam charismatique, commence à cette époque à constituer une petite communauté de fidèles. Ses prêches s'inscrivent dans la tradition de Saïd Nursi, un penseur islamiste du début du XXe siècle, et attirent les foules. Mais c'est dans les années 90 que son mouvement décolle et commence à jouer un rôle plus politique. Proche des milieux islamistes, Gülen entretient aussi des liens avec le leader de la gauche sociale-démocrate de l'époque Bülent Ecevit. Après la chute de l'URSS, la diplomatie turque s'appuie fortement sur le réseau d'écoles que la confrérie a bâti en Asie centrale pour reconquérir cet espace stratégique. La cemaat (communauté) accroît encore son influence avec l'arrivée au pouvoir de l'AKP en 2002, pour lequel elle a fait campagne.
    Car la confrérie est d'abord un réseau éducatif, à la tête de plusieurs milliers d'écoles, dans plus d'une centaine de pays, parfois d'universités. En Asie, en Afrique, mais aussi aux États-Unis, où elle dispose de dizaines d'établissements, son poids ne cesse de grandir. Un enseignement élitiste et strict, tourné vers les sciences, y est dispensé, la mixité y est le plus souvent proscrite. En France, le mouvement Gülen s'est développé depuis 2007 et a ouvert un collège privé en banlieue parisienne. En Turquie, où il dispose de nombreuses écoles, il a massivement investi dans les "dershane", des établissements de soutien scolaire, qui sont devenus l'une de ses principales sources de revenus. En novembre, le gouvernement turc a tenté de faire passer une réforme qui devait mettre fin à ce système éducatif parallèle. Le mouvement Gülen a alors lancé l'offensive.
    Une influence dans toutes les institutions


    Avec Erdogan, le réseau Gülen a d'abord eu les coudées franches. Il s'est étendu dans l'économie où il dispose de son propre patronat, la Tüskon, qui organise tous les voyages officiels à l'étranger. Dans les médias, il compte sur le journal Zaman, l'un des plus importants de Turquie. À travers le monde, ses fondations interreligieuses, ses groupes de pression et ses think tanks, mais aussi ses mosquées, labourent le terrain. Mais l'étendue de son influence fait l'objet de spéculations. La confrérie, qui cultive le secret et l'opacité sur ses finances, est soupçonnée d'avoir largement infiltré les institutions : l'administration territoriale, la police, la justice... Jusqu'à devenir un État dans l'État.
    Ses liens avec les milieux politiques transcendent les partis, même si c'est à l'AKP que se sont retrouvés le plus grand nombre de ses fidèles. Une alliance qui est désormais rompue. L'opération anticorruption a été déclenchée au lendemain de la démission d'un député de l'AKP, le deuxième en quelques semaines, l'ancien footballeur Hakan Sükür, adepte de Fethullah Gülen. Une vingtaine d'autres députés pourraient quitter le parti, estime la presse turque. Et si la confrérie a toujours démenti qu'elle prétendait créer un mouvement politique, elle apparaît bien aujourd'hui comme la principale force d'opposition, la seule capable de mettre fin au règne de Tayyip Erdogan.
    Une Turquie islamique arrimée à l'Occident


    En termes de projet de société, le lobby Gülen ne diffère guère de l'AKP d'Erdogan. C'est un modèle conservateur et religieux, où la consommation d'alcool, la cigarette et les relations entre hommes et femmes hors mariage sont proscrites, qu'il s'attache à promouvoir. Les adeptes envoyés à l'étranger doivent faire preuve d'une exemplarité sans faille et sont tenus de reverser une partie de leurs revenus. Enfin, même si une certaine diversité existe au sein de la confrérie, elle reste influencée par le nationalisme turc et s'est montrée intransigeante sur la question kurde, tandis qu'Erdogan tentait de négocier avec le chef du PKK Abdullah Öcalan.
    La dérive autocratique de Recep Tayyip Erdogan et les erreurs stratégiques qu'il a commises sur la scène internationale ont accéléré le divorce qui devrait se prolonger jusqu'en 2014, année électorale chargée. En 2010, Fethullah Gülen avait critiqué l'expédition de la flottille turque vers Gaza qui s'était soldée par la mort de neuf militants islamistes turcs sur le navire Mavi Marmara. Les "gülénistes" ont également déploré l'abandon par le gouvernement turc des réformes réclamées par l'Union européenne. En termes de politique étrangère, Gülen défend une Turquie forte, arrimée à l'Occident, via l'Otan, et alliée à Israël. Son mouvement manifeste une forte hostilité à l'égard de l'Iran chiite.


    LePoint du 20/12/2013.
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

    Commentaire


    • #3
      Fethullah Gulen c'est le Trotsky d'Erdogan.

      Commentaire


      • #4
        En termes de politique étrangère, Gülen défend une Turquie forte, arrimée à l'Occident, via l'Otan, et alliée à Israël. Son mouvement manifeste une forte hostilité à l'égard de l'Iran chiite.
        Je ne sais pas si vous avez lu ce passage. Erdogan qui est de la même mouvance que Gülen, a les mêmes priorités en terme de politique étrangère. Et dire qu'on veut nous faire croire de l'animosité d'Erdogan envers israel !

        C'est bizarre aussi de manifester de l'hostilité à l'égard de l'iran et de chercher des alliances avec israel.
        La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

        Commentaire

        Chargement...
        X