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La France et le terrorisme : du «qui tue qui» au «ce sera nous ou eux»

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  • La France et le terrorisme : du «qui tue qui» au «ce sera nous ou eux»

    ’Alors que dans la presse et les forums russes, on ne embarrasse pas de précautions pour désigner les véritables commanditaires des carnages de Daech, la CIA en l’occurrence, il se trouve encore en France des spécialistes de l’islam, sortis tout droit des laboratoires de propagande occidentaux, pour nous fournir l’éclairage fatidique, la vue imprenable, la perspective effarante que même un imam d’Al-Azhar n’aurait pas vus. Il faut dire que l’ancien KGB comme le FSB ont connu de très près les sbires d’Al-Qaïda en Afghanistan chez qui ils ont pu déceler très vite les liens avec leurs parrains de la CIA, le Daech n’étant pour eux qu’une copie parfaite du prototype afghan, selon Serguei Ryabkov, vice-ministre des Affaires étrangères de Russie. L’important, c’est de ne pas accuser stupidement, mais lorsqu’un responsable du FSB, entre autres, parle sans ambages de l’implication directe des stratèges américains dans la propagation du mal islamiste, on ne peut qu’ouvrir grand nos oreilles d’autant plus que le son de cloche français semble bien aller dans le sens de la thèse russe sans se l’avouer.

    Les dernières déclarations de Gilles Kepel (Le Figaro du 17 juillet : Daech a réussi à imbiber les esprits), au lendemain de l’attentat de Nice, ont eu ceci de particulier qu’elles en disaient plus que ce que l’auteur a bien voulu livrer au journal Le Figaro. En effet, Gilles Kepel alla jusqu’à tirer un malin plaisir à annoncer au peuple français que la menace Daech avait pris une nouvelle dimension, celle d’une contamination des esprits propre à investir chaque Maghrébin de France et de Navarre, sans formation militaire ou paramilitaire, investissement psychique qui peut surgir à n’importe quel moment, sans que l’individu même s’en rende compte. Il était patent de constater dans les propos de Kepel, si ce n’est un plaisir attendu, une forme de réjouissance à l’idée de savoir que, désormais, tout Maghrébin puisse être considéré comme une bombe à retardement. Bien pire que cela, Kepel semblait bien maladroitement se réjouir d’une étape qualitative presque programmée d’avance, la salafisation des esprits que l’auteur ne put contenir en une joie intérieure, mêlant dans ses propos gravité et réjouissance.

    Peu s’en est fallu que par ces mots, le Maghrébin remplace le juif dans ce sale feuilleton de l’histoire raciste et antisémite de la France : nous ne manquerons pas de remercier M. Kepel de toute sa prévenance en établissant consciemment ou non un tristement célèbre parallèle entre le juif des années 30 et l’Arabe des années 2000. Il faut cependant reconnaître la perspicacité de l’auteur sur quelques points : si un Arabe ne porte pas la barbe, boit de la bière et du vin et se défoule en discothèque, comme le criminel de Nice, il n’en est pas moins terroriste. Et s’il porte une djellaba et une barbe bien fournie, il le sera d’autant plus. Dans tous les cas de figure, l’Arabe doit désormais se cacher comme le juif des années 30. L’histoire se répète, semble dire en filigrane Gilles Kepel, et enfants d’Abraham, nous voilà propulsés dans la même galère. Mais le ton grave affiché dans ces sentences du désespoir, il ne faut pas perdre de vue l’exploitation politicienne de Daech que les Russes, entre autres, n’ont pas manqué de rappeler.

    La scène politique française et 2017

    Nice n’a fait que mettre en exergue une lutte cruciale entre deux tendances de fond opposées sur l’échiquier politique français : le néogaullisme de Juppé et Fillon, adossé à un Front national revigoré, contre l’Atlantisme de Hollande, Copé, Sarkozy et Valls. L’enjeu de la présidentielle de 2017 est de taille, car les Français doivent désormais déterminer s’ils veulent continuer de soutenir la guerre en Syrie, sous le prétexte de Daech, ou bien revenir à des positions plus nationalistes, voire souverainistes. Dans le contexte d’un délitement progressif de l’Union européenne aggravé par le Brexit, la France de Hollande et Sarkozy amarrée à Washington et Tel-Aviv craint de ne plus pouvoir trouver matière à justifier la continuation de la guerre en Syrie comme elle le fit en brandissant la menace du terrorisme. Le camp atlantiste doit à tout prix conserver le pouvoir en France en réorganisant le retour de Nicolas Sarkozy. L’objectif est de verrouiller la présidentielle de 2017 en ne mettant en concurrence qu’un type unique de candidature, celui du camp atlantiste, soit Hollande, Valls, ou Copé, Sarkozy.

    Nice a fait taire les velléités d’un retour du gaullisme en France, ou d’une de ses résurgences par le biais de partis nationalistes ou souverainistes. Cette tragédie niçoise a notamment été l’objet d’une exploitation médiatique efficiente de la part de Nicolas Sarkozy et de ses mentors, comme Gilles Kepel, en tenant un discours manichéen propre à satisfaire des Français exaspérés : «Ce sera eux ou nous !» La partition d’une symphonie parfaite est aussi écrite en termes d’exploitation de l’image des candidats : le plus virulent, le plus martial, le plus guerrier a toutes les chances de l’emporter en 2017. Et, à ce jeu, seuls Valls et Sarkozy présentent des profils parfaits pour «éradiquer» le mal terroriste.

    L’image de faucons prêts à nettoyer le sol français ne sied plus à des candidats comme Fillon, Juppé et même Hollande qui, semble-t-il, au moins en termes d’image, ne présentent pas tout l’attirail guerrier des carnassiers de l’atlantisme. Trop humains, sourcilleux sur l’universel, enclins aux concessions et au dialogue, ils inspireraient encore trop de mollesse, de tergiversation ou de procrastination. D’ailleurs, après le Bataclan, il y a eu Nice. Et il faudra combien de Nice encore ? On notera, au passage, le changement de rhétorique du «qui tue qui» au «ce sera nous ou eux». Nezzar avait raison. Alors Sarkozy ou Valls, la messe de 2017 est-elle déjà dite après Nice ?

    Les Républicains et leurs frères néoconservateurs

    Nice a dessiné les contours des thèmes de la présidentielle à venir en France. Point de chômage galopant, de loi du travail antisociale, d’insécurité extra-islamiste. C’est Daech qui a été invité au banquet des Républicains et des socialistes du PS avec, en ligne de mire, la préservation des intérêts géostratégiques d’Israël. Le fameux linkage, cordon ombilical qui fixe un cadre désormais infranchissable aux politiques français. Or, depuis la réintégration à l’Otan de la France, sous Sarkozy, le retour en arrière semble impossible : c’en est fini de Jeanne d’Arc, Maurice Barrès, Charles Maurras et même maintenant de Charles de Gaulle. Même le Front national de Marine Le Pen semble avoir bu le calice de l’atlantisme par une droitisation forcée contre ses extrêmes. De toute manière, les néo-républicains français ne se risqueraient pas à refaire chanter le vieux coq gaulois et emploient désormais tous les moyens d’un balisage forcé des présidentielles de 2017. Maintenant qu’ils tiennent le cou de l’animal, ils ne le lâcheront pas jusqu’à étranglement, le temps de le remplacer par le faucon qui habite leurs esprits.

    Mais Nice est également un avertissement au peuple français et à sa grande communauté maghrébine qui remettraient en cause le leadership de l’Atlantisme en France. Contester la capacité unique qu’auraient Sarkozy ou Valls à battre l’hydre de l’islamisme reviendrait à jouer avec le feu et à souffler sur les braises du communautarisme, fatales et pour les musulmans de France et pour nos derniers Gaulois. Car nous savons pertinemment que le faucon serait prompt à organiser de nouveaux combats de coqs et à faire entrer les dernières poules récalcitrantes dans le poulailler, si ses desseins proche-orientaux étaient menacés. Français de souche contre Maghrébins ici, chiites contre sunnites là-bas, les étincelles fusent de toute part dans ce mariage des Républicains de France et ceux d’outre-Atlantique.

    Dr Arab Kennouche
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