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Le secteur des hydrocarbures en Algérie peine à sortir de la crise

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  • Le secteur des hydrocarbures en Algérie peine à sortir de la crise

    Le groupement algéro-étranger In Salah Gas, joint-venture entre Sonatrach, BP et Statoil, va se séparer de 40% de ses effectifs expatriés en Algérie, selon le PDG de la société, Slimane Maazou. Face à l’effondrement des cours mondiaux du pétrole et aux coûts élevés générés par cette catégorie d’employés étrangers, le groupe a décidé de réduire le nombre de ses salariés expatriés.

    La réduction des effectifs est une tendance mondiale qu’opèrent la plupart des entreprises activant dans le secteur des hydrocarbures. Cela dit, cet événement révèle et rappelle certaines faiblesses de la Sonatrach en particulier et du secteur pétrolier algérien en général.

    Dépendance à la compétence étrangère

    Au-delà des difficultés conjoncturelles qui expliquent la décision, l’annonce illustre la forte dépendance de Sonatrach à l’égard des compétences étrangères. La compagnie publique s’est progressivement vidée de ses compétences nationales. L’Algérie, un temps presque indépendante, doit de plus en plus recourir au savoir-faire technique des entreprises internationales et des expatriés venus d’ailleurs pour faire tourner la machine de la production nationale d’hydrocarbures. En effet, la Sonatrach n’a plus toujours les capacités d’explorer, d’exploiter, de maintenir ou de rénover les installations seule.

    Au fur et à mesure des vagues d’émigrations, les cerveaux algériens ont progressivement déserté ce secteur pour faire le bonheur des compagnies pétrolières étrangères. Un profil d’ingénieur spécialisé dans ce domaine devient une denrée rare. Il faut alors recourir au partenariat avec des entreprises étrangères, apportant leur savoir-faire. Mais ceci a forcément un coût exorbitant qui devient intenable avec les prix actuels du baril du pétrole.

    Il expose aussi l’Algérie au risque de voir ces expatriés déserter les bases pétrolières au moindre incident de sécurité, comme cela a été le cas après l’attaque d’In Amenas en janvier 2013. Les expatriés sont partis et leurs pays d’origine ont tenté d’imposer des conditions de sécurité à la limite du respect de la souveraineté de l’Algérie, comme un partage d’informations sur les risques. Ce que l’Algérie a officiellement refusé.

    Les entreprises étrangères aussi quittent l’Algérie

    Autre symptôme inquiétant : la récente décision d’entreprises étrangères de quitter l’Algérie et de vendre leurs actifs dans le pays. C’est le cas du groupe gazier français Engie (anciennement GDF-Suez). Pourtant présent au niveau du gisement prometteur de Touat, devant entrer en production dès l’année prochaine.


    De son côté, le groupe français Total a lancé une action en justice contre l’Algérie afin de récupérer environ 200 millions de dollars, au titre de dédommagement suite à l’application rétroactive de la taxe sur les superprofits. Une telle décision, sans ménagement et sans égard envers l’Algérie, signifie clairement que Total ne compte plus sur sa présence dans le pays et espère récupérer un maximum d’argent avant de s’en aller définitivement.

    Par ailleurs, les appels d’offres lancés par le gouvernement ne trouvent plus preneur. Le désintérêt des entreprises étrangères a poussé la Sonatrach à négocier directement avec les partenaires étrangers et à offrir des contrats de gré à gré. Or, ce désintérêt est intervenu avant même l’effondrement des cours du pétrole.

    Un management qui laisse à désirer

    Ces faits viennent remettre en question les déclarations récentes des responsables de la Sonatrach, notamment sur les hausses sensibles de la production nationale à l’horizon 2020. Cette stratégie d’augmentation de l’extraction d’hydrocarbures vise, comme dans les autres pays pétroliers, à compenser la baisse des prix sur les marchés internationaux.

    Seulement, au vu de la gestion de ces dernières années, la corruption qui gangrène le secteur et qui entache de nombreux gros contrats, le doute semble permis sur la fiabilité de ces projections optimistes du management de Sonatrach. Si l’Algérie possède réellement de tels atouts pourquoi personne ou presque ne veut plus investir dans le secteur ?

    Il est vrai que les scandales apparus sous l’ère de l’ancien ministre Chakib Khelil, suivis d’enquêtes menées de manière brutale par le DRS, ont refroidi les managers de Sonatrach. Personne n’ose prendre de décision ou signer le moindre document sans l’aval de la tutelle. Le PDG lui-même reste invisible et se fait particulièrement discret dans un contexte pourtant compliqué.

    Dans ce contexte, les déclarations affirmant que « tout va bien » ne suffisent plus. Le secteur reste plongé dans une profonde léthargie et peine à sortir de la crise. Même au niveau politique, l’on ne perçoit aucune initiative sérieuse.

    Le nouveau ministre de l’Énergie, Nourredine Bouterfa, se contente de rencontrer des ambassadeurs étrangers. Bien qu’il soit intéressant de transmettre des messages et tenter de sensibiliser les partenaires, ces diplomates n’ont aucun contrôle sur les politiques énergétiques de leurs pays. Il semblerait plus judicieux pour notre ministre de faire une tournée dans les pays alliés au sein de l’Opep et de grands acteurs comme la Russie, afin de prendre le pouls du marché et trouver des solutions communes à la crise actuelle.

    tsa-algerie
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