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Quand l’Europe se déverse au Maroc

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  • Quand l’Europe se déverse au Maroc

    Luis Lema
    Publié lundi 25 juillet 2016

    Le sort d’une bonne partie du nord marocain est étroitement lié à la présence de Ceuta, une enclave espagnole. Bienvenue sur la terre de tous les trafics. Première étape de notre reportage au long de l’Afrique du nord, de Tanger à Port-Saïd

    Pour cinq dirhams glissés dans la fente de l’appareil: juste quelques silhouettes de bâtiments floues, ce que l’on devine être aussi de grands bateaux déjà bien engagés dans le détroit, et là, au fond, assurant la transition avec le bleu du ciel, une interminable plage de sable blanc. Mettez cinq dirhams supplémentaires (un peu plus de 50 centimes suisses) dans les grosses jumelles qui regardent la mer. C’est encore bien loin d’être net, mais les formes se précisent un peu: le port, un parking, peut-être le vieux phare, qui veille sur l’entrée de la ville espagnole de Tarifa.

    Rapprocher les deux rives de la Méditerranée, ce ne serait donc que cela, une pure question d’argent? Posée de cette manière, la question fait rigoler Bilal. Sur la bien nommée place des Paresseux, qui domine la ville ancienne, c’est ce trentenaire qui appâte les touristes, qui les pousse à vérifier l’incroyable proximité de la côte espagnole et qui, si tout va bien, récolte ensuite les sous. Pour lui, nul besoin de télescope: Bilal, comme tous les jeunes de Tanger, n’a d’yeux que pour l’Europe. Il est le cadet, et ses trois grands frères se sont déjà débrouillés pour aller disparaître quelque part derrière le phare de Tarifa. Il résume, les dix dirhams en poche: «J’attends mon tour. Ça viendra.»

    C’est mal parti. L’idée de ce voyage, au fil d’une semaine et de quelques étapes entre Tanger et Port-Saïd, consiste précisément à éviter de grossir le trait, comme le font les jumelles de Bilal. Une relation exclusivement tarifée, vraiment? Une débauche d’allers simples, tous à sens unique? Il vaut la peine de chercher d’autres fils, de se rapprocher de cette pelote de destins irrémédiablement liés, de ces échanges incessants qui fusent dans toutes les directions.

    L’Europe est partout
    Dans la ville de Tanger, ce marchepied de la rive sud de la Méditerranée, c’est peu dire que l’Europe est partout. L’Epicerie de la Poste, la cafétéria Sevilla, la supérette Normandie… La proximité est si évidente, le passé cosmopolite si désespérément entretenu, que les enseignes volontairement désuètes finissent par lasser. «Vous êtes artiste?», avait demandé le douanier en apprenant la destination du voyageur. Comme si, tout à son souvenir de visites artistiques fécondes (André Gide, Joseph Kessel, Paul Bowles, William Burroughs, Truman Capote, etc.), Tanger ne pouvait abriter autre chose que les prétendants à la survivance de ce passé glorieux. Une confidence: cette célébration nostalgique devient vite factice et irritante. Surtout si elle s’accompagne de la présence habituelle dans les parages de Bernard Henri-Lévy et de sa femme. La route est longue, il est grand temps de fuir! Cap vers l’Est.

    Au marché de Castillejos, tous les produis sont espagnols. Luis Lema
    L’Europe? L’Europe de maintenant, celle qui dessine une bonne partie de cette région du nord du Maroc? Il suffit de s’engouffrer avec elle par la porte du marché de Castillejos (Fidneq en arabe, même si tout le monde ici utilise le vieux nom donné par les Espagnols), quelque 70 kilomètres plus loin. Voilà une brouette, à ce point chargée de marchandises qu’elle en cognerait presque la voûte, haute de trois mètres. Place maintenant à cet homme qui n’a même pas eu le temps de descendre de son vélo, tant il est pressé de décharger sa cargaison. C’est ici que se fait la première jonction réelle entre les deux continents. Dans les allées sans fin du marché central, biscuits, couches pour bébés, couvertures, tissus, appareils électroménagers, parfums, téléphones portables… Comme dans un entonnoir, c’est par là que l’Europe déverse ses fanfreluches.

    Les esclaves du «commerce atypique»
    Pratiquement collée à Castillejos, l’enclave de Ceuta: même pas 20 km carrés, un minuscule bouton de fièvre posé sur la peau du continent africain. Le Maroc conteste la souveraineté espagnole sur cette enclave. Un accord économique est exclu. Résultat: tout se passe dans ce que les Espagnols nomment «le commerce atypique». Les dames des environs, lorsqu’elles arrivent au marché, exténuées et pliées en deux par les fardeaux qu’elles portent sur les épaules, ont toutes également un curieux embonpoint. Ce sont les kilos de marchandises qu’elles fixent sous les manteaux, autour de la ceinture, de la poitrine ou le long des jambes, pour servir d’esclaves quotidiennes à ce commerce. Pour servir aussi, presque à leur corps défendant, de trait d’union permanent entre deux continents.

    Les douaniers espagnols ferment les yeux, se contentant de vérifier, matraque à la main, que cette «avalanche» ne vire pas au drame. Leurs collègues marocains se sucrent à chaque passage. Et le jeune Hicham, rencontré dans la ville voisine de Tétouan, en pleure de rage: «Ce manège est indigne. Voir ces femmes se faire maltraiter tous les jours par les douaniers et les trafiquants, cela me rend malade.» Hicham n’en va pas moins de temps à autre à Castillejos, le week-end, se mêlant à la foule énorme qui fouille dans les tas de t-shirts, s’arrache les casseroles faites en Europe, les cosmétiques, les chips et les bonbons. «Je préfère avoir un seul jeans, mais qu’il soit de qualité», se justifie le jeune homme.

    La nostalgie du développement local
    Le va-et-vient de ces milliers de fourmis laborieuses entre Ceuta et Castillejos est une aubaine pour les Espagnols. Ils concèdent un gain de 500 millions d’euros par année, charrié par ces femmes mulets. Une étude indépendante évoque le triple, un milliard et demi, net d’impôts. Le trafic à lui seul a de quoi assurer la survie de cette enclave coloniale et fait vivre, côté marocain, plus de 400 000 personnes. De quoi trucider, aussi, tout espoir de développement local.

    A chacun sa nostalgie. «Avant, Tétouan avait deux fiertés: sa fabrique de limonade et sa papeterie. Toutes les deux ont fermé, il n’y a plus rien maintenant.» Hicham a travaillé pendant dix ans pour une compagnie de téléphone espagnole. Il appelait chez eux les Andalous, dans un espagnol appris à la télévision, pour les convaincre de changer d’opérateur. Mais il a été congédié du jour au lendemain, comme tous ses collègues marocains. La compagnie a préféré engager des petits nouveaux, moins tentés de réclamer de meilleures conditions de travail à leur employeur.

    Dans le labyrinthe de ruelles de la médina de Tétouan, les mêmes biscuits venus de Ceuta, les mêmes marques de couches-culottes sur les étals. Mais aussi, partout en vente à même le sol, tout ce dont les Espagnols ne veulent plus: de vieux chauffe-eau rouillés, des baskets trouées, même des tenues de plongée usées à Tarifa. Rien ne se perd dans cette mondialisation du pauvre. Même les carcasses de voitures espagnoles, grossièrement découpées, trouvent leur chemin jusqu’au Maroc, tirées par de pauvres bougres sur des charrettes en mauvais métal.

    «Tous du même monde»
    Les plus malins ont su tirer parti de cet engouement pour tout ce qui vient d’Europe. Au centre du souk, Ali est satisfait. Il vient de vendre trois pantalons pour les enfants de cette cliente venue de la campagne. Elle s’est laissée convaincre par la ceinture des pantalons, arborant le jaune et le rouge du drapeau espagnol, signe à ses yeux de qualité indiscutable. Il suffit d’un coup d’œil sur l’étiquette, pourtant: les pantalons sont faits en Chine, et spécialement conçus pour répondre aux attentes de cette clientèle particulière. En réalité Ali sait bien que ces habits ne font que transiter par Ceuta: filous chinois et marocains ont à peine besoin des Espagnols, sur ce coup-là. Le vendeur hausse les épaules: «D’ici, d’Espagne, d’ailleurs, qu’est ce que ça peut faire? Nous sommes tous du même monde, non?»

    Letemps ch

  • #2
    L'été dernier j'étais dans la région de Tétouan, oued Law, El Fnideq...), on est allé à Ceuta pour voir l'évolution. Je peux vous assurer que j'ai acheté une petite bouteille d'Eau, rien d'autres. J'étais agréablement surpris de voir le développement de la région, Avant une dizaine d'années, c'est vrai que la majorité des produits était à 90 de contrebande espagnole, actuellement il y en moins mais encore beaucoup. Même une Schweps tonic (Espagne), j'ai demandé à un Tétouanis pourquoi il se rafraichit par ce made in España alors que la marocaine est disponible ?, il a répondu : la qualité. je lui posé la question est ce que tu peux me dire sa date de fabrication et expiration ? il était surpris de trouver cette date seulement sur la bouteille marocaine. Aussi je lui ai expliqué que le commerçant gagne plus sur cette bouteille espagnole car il y a pas eu de TVA (20% ) payée. Côté qualité et hygiène il faut au moins savoir la date d'expiration, et la traçabilité du produit. Il a juré de ne plus la boire et consommer marocain.
    Je crois que les pouvoirs publics ne font pas assez de sensibilisations pour éviter le pire, mais d'un autre côté ils ont compris que le développement économique de toute la région qui va être l'arme efficace, et on le voit progressivement.
    L'Article a estimé que ce commerce de contrebande génère 1.5 milliard, je suis sur et certain que c'est plus, Mais pourtant je suis rassuré que l'état ne gesticule pas n'achale pas trop et n'accuse pas les espagnols (comme font nos amis algériens que le chiffre d'affaire est bcp moins important), ils ont compris que ça fait vivre des familles des deux bords (la majorité des commerçants à Ceuta sont des marocains aussi), Mais pour trouver une solution c'Est le développement local et dans la région de Tétouan - Fnideq- Tanger on le voit très bien.
    Dernière modification par fido1, 25 juillet 2016, 16h41.

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    • #3
      A chacun sa nostalgie. «Avant, Tétouan avait deux fiertés: sa fabrique de limonade et sa papeterie. Toutes les deux ont fermé, il n’y a plus rien maintenant.»
      Dommage;

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      • #4
        qd je pense que tous les marocains du forum ont défendu la hauteur teneur énergétique des pneus et plastiques napolitains !!!

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        • #5
          Oui c'est vrai jawzia, mais je ne vous ai pas vu sur le topic, ou certains Algériens attendent l'eau une heure tout les 15 jours dommage on voit la bombe atomique sur le dos des autres mais on oubli que la déflagration qu'on a sur le dos, la misère c'est le Maroc et la Tunisie voire les autres, le paradis c'est tes hôtels à 10000 DA la nuit; je n'aime pas la mal honnêteté chacun sa tare mais à force de chercher dans les poubelles on finit par sentir mauvais et je ne roule pas pour le makhnez, c'est juste mon observation.
          Dernière modification par azed164, 25 juillet 2016, 22h47.

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          • #6
            lL état voyou ....

            @azed164

            La mauvaise puanteur vient de l Etat voyou :

            L expansionnisme , le tourisme sexuel ,la pedos , le blanchissement d argent pour financer le terrorisme transfrontalier , la repression au Sahara occidental occupé par le Maroc , l arrogance des médias marocains envers le voisin de l Est , la Mauritanie , Ross , Ban Ki Moon
            A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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            • #7
              houari

              J'ai appris à balayer devant ma porte avant, de pointer les autres du doigt, tu veux qu'on sorte les dossiers des mafieux Algériens??? et comme je te connais bien rouya, je n'irai pas sur le dossier que tu affectionne je tiens trop à toi car tu me fais marrer.

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              • #8
                @azed164

                Le sujet :


                Quand l’Europe se déverse au Maroc....

                ça veut dire pas mal de chose
                A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                • #9
                  houari

                  Je suis tout à fait d'accord avec toi, seulement ce qui me dérange, c'est toujours les mêmes gents et surtout les sujets bien diriger, tiens sur forum Algérie on les vois jamais, même humour, sport etc...il ne faut pas être sectaire et haineux, c'est ça qui me pose problème.

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                  • #10
                    Quand l’Europe se déverse au Maroc
                    La monarchie Marocaine devrait plutôt s'inspirée du modèle Algérien , les Marocains doivent déverser leur sous sur l'Europe , comme le font les Algériens à commencer par leurs dirigeants ( les saadani , bouchouereb , sellal , et compagnie ...)

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                    • #11
                      posté par azed164

                      .il ne faut pas être sectaire et haineux, c'est ça qui me pose problème.
                      .

                      Oh bon ; d abord voit l autre coté ???

                      A voir les Topic haineux de l Ouest ( les dénigrements gratuits et du fauuuuuuuuux ? )

                      Pour ta gouverne :

                      Rarement ou je postes un topic , mes sujets/:

                      Les topics postés sont des analyses politiques ..Rien a voir avec la haine , ni mensonge , ni du faux
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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