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mon premier amour

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  • mon premier amour

    il y a très longtemps, très très très longtemps, alors que j'étais tout petit, tout mimi, à l'époque où je commençais déjà à detester les fêtes, les autres, et l'injustice qui parfois me ciblait pour susciter en moi systématiquement, une violente réaction et une douleur vive qui me submergeait et m'emportait pour que je me retrouve échoué sur les rives de mon lit, les yeux encore pleins de sel

    à cette époque, j'étais à l'école primaire, j'avais pleins d'amis qui m'aimaient bien et qui aimaient m'emmerder, les bastons étaient nombreuses, les victoires un peu moins, mais sans comprendre comment, on se retrouvait tous à faire des parties de foot sans aucune rancoeur au coeur. un jour, alors que nous étions en classe, le directeur de l'école surgit de la porte et demanda à notre institutrice, que je détestais depuis qu'elle avait fait preuve d'injustice à mon égard et de trop grande générosité à celui d'une camarade de classe qu'elle aimait beaucoup pour sa jolie frimousse et ses cheveux raids. l'instite' suit les pas du directeur qui l'emmène dehors, s'en est suivi un court échange, et la voilà de nouveau derrière son bureau mais toujours debout à regarder vers la porte qu'elle venait de franchir il y avait quelques secondes. elle lève le bras, et dit "allez, entrez donc" tout en empêchant ces mots de perturber un large sourire qu'elle affichait à l'intention de celui qui se trouvait dehors et que ses yeux fixaient sans que les nôtres n'aient pu atteindre.

    de longues secondes au terme desquels notre attente était devenue insupportable, quand soudain, une petite fille est entrée, sa main tout au bout de son bras était restée dehors tandis que le reste de son petit corps, élégamment vêtu, tentait de ramener cette partie restée dehors vers l'intérieur de la classe, elle s'arrêta d'essayer d'avancer, puis d'une voix autoritaire et musicale, elle s'adressa à sa main coincée derrière la porte "mais entre!" en tirant dessus. une autre mais merveilleuse petite fille surgit au bout du bras de la première, tout de suite, je fus envahi par cette impression que j'avais déjà ressenti avant, quand une belle nouvelle mariée, celle de mon cousin, m'avait embrassé sur la bouche suscitant en moi une torpeur et un frisson auxquels, j'ai tout de suite pris gout malgré un sentiment de malaise à cause des dizaines de paires d'yeux braqués sur nous. j'ai retrouvé, au moment où cette petite m'est apparue, un peu de ce sentiment d'euphorie, d'un léger malaise, un mélange sucré salé mais d'infiniment complexe, qui provenait d'une région de moi même toujours inconnue, profonde, lointaine...

    elle était si belle, elle dessinait très bien, elle avait d'excellentes notes, et on s'entendait à merveille, on était deux à se disputer la première place et nous chamailler pour brosser le tableau, ou aller chez le directeur déposer quelques dossier, j'aimais beaucoup ces petites escapades pendant lesquelles, je pouvais explorer un peu plus notre école, sans être dérangé par qui que ce soit, quand la coure n'était pas peuplé de petit chenapans, les oiseaux venait picorer son sol, des petits chatons s'exerçaient à la lutte, et je pouvais contempler le spectacle rarissime de voir, depuis une petite colline près de la maison du directeur, toute l'école vide, calme et silencieuse, un spectacle qui suscitait en moi d'indescriptible sentiments, de plénitude peut être, de tranquillité et de fascination...

    un jour, au cours de d'un vif échange avec la belle sur les abeilles, nabila est allée chercher la preuve qu'elle avait raison, et qu'il arrivait aux abeilles de se nourrir de chapelure, et est revenue vers moi pour se pencher contre moi et me faire lire le passage qui prouvait que j'avais tort, on était très proche, et j'ai même senti ses cheveux sur ma joue, et là encore, je fus envahi de cette étrange sensation, d'avoir des genoux en mousse. j'appréciais le moment, du haut de mes sept ans... quand j'entendis une voix stridente, quelques part dans mon dos "ohhhh, regardez les amoureux!!!" elle s'est immédiatement sauvée, je me suis retourné et j'ai vu toute la classe à peu près, nous regarder avec des yeux et des doigts moqueurs, rire de nous et rigoler, ceux qui n'était pas encore témoin du spectacle, se précipitaient, poussaient derrière pour pouvoir l'être, ... ralala, j'était rouge, je voulais disparaitre, et depuis cet instant, à chaque sortie de classe, un comité m'attendait et me chantait "dites à risk de ne pas pleurer, Nabila est partie pour ne pas revenir ho ho ho" je me battais, je jurais, je pleurais, quand j'en choppais un les autres se ruaient sur nos et me frappaient, finalement, j'ai trouvé quoi faire pour mettre à un terme à cette torture, ne plus parler à Nabila

    elle venait me voir, je ne lui répondais pas, elle, elle se fichait pas mal des chants de ces idiots qui guettaient tout nos faits et gestes, mais pas moi, personne ne la harcelait pendant qu'elle venait en classe, tout au long du chemin de la maison à l'école, et de l'école à la maison, mais moi si... alors, je ne lui parlais plus et ca a fini par marcher, je n'étais plus la cible de ces moqueries au bout de quelques jours d'abstinence, j'était enfin libéré de ce cauchemar et tout était redevenu normal.

    Mais une fois, alors que l'institutrice était sortie, j'ai remarqué quelque chose d'étrange, tout les garçons qui se payaient ma tête occupaient l'espace entre le tableau, et la première rangée de tables, et plus particulièrement, devant sa table, certains faisaient des pompes, d'autres dessinaient des fleures sur le tableau, certains se battaient entre eux, et tous la regardaient! saperlipopette!

    quelques jours après, des audacieux se sont même assis à coté d'elle, et ils discutaient, la faisaient rire ... et elle riait, même quand je détournais le regard pour ne pas faire subir à cette région de moi même, d'où cette étrange sensation qui m'envahissait à chaque fois qu'elle me souriait, qu'on se touchait des doigts quand nous nous précipitions sur la brosse, cette région inconsistante, était désormais la source d'un sentiment bien pire, elle se contractait, elle était serré, comme si une main d'une grande force l'étranglait, l'écrasait, et même si je détournais le regard, tout mes sens me la montrait à quelques pas de moi, entrain de rire ... et personne n'était là pour se moquer de ces imbéciles qui s'agenouillaient devant elle, et c'était normal, tout les chanteurs qui me dédiaient leur belles chansons étaient là à se rouler par terre et à transpirer pour elle... et ca a duré longtemps, je voulais initier la chose, je suis allé vers Idriss, le pousseur de chansonnette qui m'avait pointé du doigt, pendant qu'il lui apprenait à dessiner un cube, j'ai entamé la chanson en voulant lui ressembler lors de sa propre prestation quand j'étais à la place qu'il occupait en ce moment, mais les deux se sont mis à me regarder sans se déconcentrer du projet de cube qui prenait forme, grossièrement sur une ardoise propre aux contours en bois, c'était la sienne, celle de nabila, une ardoise impeccable, qui sentait bon...

    quel con j'ai été.


    bien des années plus tard, j'ai croisé la fille au CEM, elle était toujours aussi belle, on était de nouveau dans la même classe, et elle m'avait raconté comment je l'avait rejeté violemment quand nous étions en primaire, j'ai répondu que je m'en souvenais mais que ce n'était pas aussi violent, et elle a ravivé en moi un souvenir enfouie, sans doute enseveli sous le poids des remords, elle m'a raconté qu'un beau matin, elle avait apporté des gâteaux qu'elle avait fait avec sa maman, dans leur maison au quartier des champs de manœuvres à Alger, c'était quelques jours après le fameux scandale des abeilles, et, non contant de lui dire de ne plus me parler, j'aurai selon elle jeté un des petits cookies par terre, et serai parti. aujourd'hui encore, j'en au aucun souvenir

    j'ai tenté de lui expliquer pourquoi j'avais réagi ainsi, que j'étais la cible de moqueries incessantes, et elle m'a confié que elle aussi, à chaque sortie, un cortège l'accompagnait de l'école à la maison, sachant que sa maison était encore plus éloigné de l'école que la mienne, à peu près 1KM.

    c'était notre dernier échange, on s'est plus vu depuis, brillante élève, j'ai su qu'elle n'avait pas eu son bac, qu'elle avait tourné mal, constamment convoitée par les mâles...

    j'ai raconté cette histoire à une collègue, qui avait reçu une promotion et qui fait l'objet d'une infâme compagne de dénigrement, tout le monde la critique, est froid avec elle, insinue que la récompense de sa loyauté envers l'entreprise est imméritée, mais au fond, il s'agit de jalousie, tous ne veulent qu'une chose, la voir renoncer à ce titre de cadre supérieur, et sauter dessus dès que son poste sera vacant, ce qui fait réagir les gens, n'est pas la méchanceté, l'injustice, la hogra, la corruption, la plus part tolèrent ces choses et ceux qui les perpétuent, non, ce qui fait réagir les gens, c'est trop souvent la jalousie, des qualités, que les autres ont et qui font ressurgir nos défauts, qui mettent en évidence nos lacunes et nos faiblesses, alors, à défaut de s'améliorer, on ramène les autres à notre niveau, se complaire dans la médiocrité, tout en bas il fait bon être ensemble, tout au fond, la compagnie des autres est indispensable.
    Dernière modification par Risk, 29 juillet 2016, 10h51.
    La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

  • #2
    Une histoire qui vaut la peine d'être lu! merci de l avoir partagée avec nous Risk

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    • #3
      Risk,

      J'ai lu ton texte d'un trait, impatience de lire la fin que j'espérais heureuse. Triste épilogue.

      J'ai beaucoup apprécié la lecture de ton histoire.
      « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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      • #4
        Bonjour les amies,

        Ça ne me rajeunie pas d'en parler
        La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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        • #5
          Merci Risk,

          Un plaisir à lire, le miel et les abeilles (ou plutôt frelons)

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          • #6
            tout le plaisir est pour moi Wendy
            La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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            • #7
              Ah j'ai bien fais de passer dans le coin

              La plume et la mémoire sont actives



              ../..
              “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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              • #8
                hola imbratora, pour moi, tu fais toujours de bien de passer
                La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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                • #9
                  Riskou

                  Excellent récit.. qui frôle le romanesque
                  Dommage que tu l'aies adapté de sorte à ce que nous ne versions pas de larmes oeilfermé

                  J'ai tout aimé.. sauf la fin.. trop austère !

                  Ya3tik el Saha

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                  • #10
                    @capou: saha el capou

                    fin austère, parce que edzayer rahi ga3 ta9achouf oeilfermé
                    La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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                    • #11
                      Risk

                      Trop mignon
                      ça fait rêver
                      « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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                      • #12
                        ravi que ca te plaise PJ
                        La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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                        • #13
                          Risk

                          Tres justement ecrit... et malheuresement triste...

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                          • #14
                            Risk

                            E
                            t je rajoute , tu es précoce

                            bien des années plus tard, j'ai croisé la fille au CEM, elle était toujours aussi belle, on était de nouveau dans la même classe, et elle m'avait raconté comment je l'avait rejeté violemment quand nous étions en primaire,
                            Enfin , vous êtes tous les deux précoces
                            « Celui qui ne sait pas hurler , Jamais ne trouvera sa bande " CPE

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                            • #15
                              @butterfly: pas si triste que ca

                              @PJ: tu trouve?
                              c'est peut être le cas, en tout cas, je n'ai plus vécu ce genre de chose jusqu'à mon BAC

                              le problème, c'est qu'il m'arrive d'avoir des regret à propos de ce qui s'est passé, et souvent, je trouve que c'est ridicule d'y repenser et d'éprouver des regrets, c'est vrai ca, après tout, il ne s'agit que d'histoires de gamins
                              La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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