Une évaluation en trompe-l’œil
Par Mohamed Ali Mrabi | Edition N°:4828 Le 04/08/2016
Une commission parlementaire présente un rapport dans les temps morts de la législature
L’évaluation limitée à l’accès à l’eau et à l’électricité
Aucun bilan de l’action de l’actuel gouvernement dans ces domaines n’est fait
Les députés ont encore une fois raté le rendez-vous. Peu d’entre eux ont assisté à la séance plénière dédiée à la présentation et la discussion du rapport de la commission thématique sur l’évaluation des politiques publiques dans le monde rural. La Chambre des représentants a attendu 4 ans pour se mettre à cet exercice prévu par l’article 70 de la Constitution. L’évaluation intervient dans les temps morts de cette législature et à deux mois des élections. Pire, les membres de la commission thématique semblent avoir opté pour la solution de facilité.
Le programme de départ était décliné en trois axes: les infrastructures (les routes, l’électrification et le raccordement au réseau de l’eau potable), le développement humain et les activités génératrices de revenu. Or, la commission s’est contentée du seul premier axe, celui relatif aux programmes d’électrification et de raccordement à l’eau potable, respectivement PERG et PAGER. «Les membres du prochain Parlement se chargeront de poursuivre cette évaluation, en se penchant sur les autres aspects, afin d’avoir une vision globale concernant l’impact des politiques publiques menées dans le monde rural», est-il indiqué. Le rapport, présenté lors d’une séance plénière présidée par Rachid Talbi Alami, «ne dresse pas non plus un bilan précis des actions de l’actuel gouvernement», comme l’a précisé la députée istiqlalienne Khadija Bakali.
Globalement, le rapporteur de la commission, Khalid Sbiiâ, a présenté une simple synthèse de ce document, qui laisse une impression de travail inachevé. Les domaines sur lesquels a porté ce rapport sont ceux où le plus grand effort a été mené depuis plusieurs années. L’électrification des zones rurales et leur raccordement au réseau de l’eau potable bénéficient de programmes dédiés depuis le milieu des années 90. L’évaluation faite par cette commission semble plutôt sommaire, n’allant pas dans les détails sur l’impact concret du renforcement de l’accès à l’eau et à l’électricité sur la qualité de vie dans les campagnes.
Quoi qu’il en soit, au niveau du Programme d’électrification rural global (PERG) ce document a jugé «l’impact positif des choix, notamment en termes de financement participatif, sur la généralisation de l’accès». Cela, malgré «la persistance de disparités entre les régions». Aujourd’hui, «168.000 foyers, soit 1,3 millions de personnes, ne bénéficient pas de raccordement au réseau électrique», selon Driss Skalli Adaoui, membre de cette commission. Les provinces du Sud semblent être les plus avancées dans ce domaine, avec un taux dépassant 99%. Le renforcement de l’accès à l’électricité dans les campagnes, notamment avec l’installation de plus de 60.000 plaques solaires dans 7.000 douars, a favorisé le développement d’activités commerciales et agricoles, en plus de l’amélioration de la qualité des services de proximité. Des constats qui restent difficiles à vérifier à cause de l’absence de chiffres précis. Les membres de cette commission thématique ont également pointé certaines défaillances, comme «la non prise en compte des exigences de transition énergétique amorcée par le Maroc», selon Khalid Sbiiâ.
Pour le Programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER), le rapport d’évaluation a mis l’accent sur des dysfonctionnements ayant limité son impact. «L’objectif de généralisation s’est avéré difficile parce que certains paramètres, comme la mise à niveau du réseau de raccordement, n’ont pas été pris en compte», est-il indiqué. Aujourd’hui, le taux d’accès à l’eau potable atteint 95% contre 14% lors du lancement du programme en 1995. Il faut préciser que 3,5 millions de personnes ne bénéficient toujours pas d’un approvisionnement régulier.
Par Mohamed Ali Mrabi | Edition N°:4828 Le 04/08/2016
Une commission parlementaire présente un rapport dans les temps morts de la législature
L’évaluation limitée à l’accès à l’eau et à l’électricité
Aucun bilan de l’action de l’actuel gouvernement dans ces domaines n’est fait
Les députés ont encore une fois raté le rendez-vous. Peu d’entre eux ont assisté à la séance plénière dédiée à la présentation et la discussion du rapport de la commission thématique sur l’évaluation des politiques publiques dans le monde rural. La Chambre des représentants a attendu 4 ans pour se mettre à cet exercice prévu par l’article 70 de la Constitution. L’évaluation intervient dans les temps morts de cette législature et à deux mois des élections. Pire, les membres de la commission thématique semblent avoir opté pour la solution de facilité.
Le programme de départ était décliné en trois axes: les infrastructures (les routes, l’électrification et le raccordement au réseau de l’eau potable), le développement humain et les activités génératrices de revenu. Or, la commission s’est contentée du seul premier axe, celui relatif aux programmes d’électrification et de raccordement à l’eau potable, respectivement PERG et PAGER. «Les membres du prochain Parlement se chargeront de poursuivre cette évaluation, en se penchant sur les autres aspects, afin d’avoir une vision globale concernant l’impact des politiques publiques menées dans le monde rural», est-il indiqué. Le rapport, présenté lors d’une séance plénière présidée par Rachid Talbi Alami, «ne dresse pas non plus un bilan précis des actions de l’actuel gouvernement», comme l’a précisé la députée istiqlalienne Khadija Bakali.
Globalement, le rapporteur de la commission, Khalid Sbiiâ, a présenté une simple synthèse de ce document, qui laisse une impression de travail inachevé. Les domaines sur lesquels a porté ce rapport sont ceux où le plus grand effort a été mené depuis plusieurs années. L’électrification des zones rurales et leur raccordement au réseau de l’eau potable bénéficient de programmes dédiés depuis le milieu des années 90. L’évaluation faite par cette commission semble plutôt sommaire, n’allant pas dans les détails sur l’impact concret du renforcement de l’accès à l’eau et à l’électricité sur la qualité de vie dans les campagnes.
Quoi qu’il en soit, au niveau du Programme d’électrification rural global (PERG) ce document a jugé «l’impact positif des choix, notamment en termes de financement participatif, sur la généralisation de l’accès». Cela, malgré «la persistance de disparités entre les régions». Aujourd’hui, «168.000 foyers, soit 1,3 millions de personnes, ne bénéficient pas de raccordement au réseau électrique», selon Driss Skalli Adaoui, membre de cette commission. Les provinces du Sud semblent être les plus avancées dans ce domaine, avec un taux dépassant 99%. Le renforcement de l’accès à l’électricité dans les campagnes, notamment avec l’installation de plus de 60.000 plaques solaires dans 7.000 douars, a favorisé le développement d’activités commerciales et agricoles, en plus de l’amélioration de la qualité des services de proximité. Des constats qui restent difficiles à vérifier à cause de l’absence de chiffres précis. Les membres de cette commission thématique ont également pointé certaines défaillances, comme «la non prise en compte des exigences de transition énergétique amorcée par le Maroc», selon Khalid Sbiiâ.
Pour le Programme d’approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER), le rapport d’évaluation a mis l’accent sur des dysfonctionnements ayant limité son impact. «L’objectif de généralisation s’est avéré difficile parce que certains paramètres, comme la mise à niveau du réseau de raccordement, n’ont pas été pris en compte», est-il indiqué. Aujourd’hui, le taux d’accès à l’eau potable atteint 95% contre 14% lors du lancement du programme en 1995. Il faut préciser que 3,5 millions de personnes ne bénéficient toujours pas d’un approvisionnement régulier.
Repères
13 millions de personnes dans les zones rurales
14% était le taux d’électrification en milieu rural en 1990
98% est le taux actuel d’électrification
60.000 plaques solaires installées dans 7.000 douars
168.000 foyers ne sont pas encore connectés au réseau d’électricité
Raccordement des foyers
13 millions de personnes dans les zones rurales
14% était le taux d’électrification en milieu rural en 1990
98% est le taux actuel d’électrification
60.000 plaques solaires installées dans 7.000 douars
168.000 foyers ne sont pas encore connectés au réseau d’électricité
Raccordement des foyers
Le renforcement de l’accès à l’eau potable s’est surtout focalisé sur la mise en place de fontaines publiques au niveau des douars. Or, «les citoyens réclament de plus en plus de renforcer le raccordement individuel des foyers au réseau de distribution», selon Sbiiâ.
Aujourd’hui, seulement 40% des maisons rurales bénéficient d’une connexion directe au réseau de l’eau potable. Les tarifs appliqués constituent également un frein à la généralisation, vu le faible revenu de ces populations. La mise en œuvre de ce programme s’est également accompagnée d’un impact négatif sur l’environnement, à cause de l’absence du raccordement au réseau d’assainissement.
Aujourd’hui, seulement 40% des maisons rurales bénéficient d’une connexion directe au réseau de l’eau potable. Les tarifs appliqués constituent également un frein à la généralisation, vu le faible revenu de ces populations. La mise en œuvre de ce programme s’est également accompagnée d’un impact négatif sur l’environnement, à cause de l’absence du raccordement au réseau d’assainissement.
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