D'après la chronologie de l'historien romain d'expression grecque Dion Cassius, en 26-25 avant notre ère, plus sûre est la date de l'avènement de Juba II, car connue indirectement par celle de sa mort : la durée de son règne est ainsi donnée par ses monnaies, 48 ans.
Tacite, de son côté, mentionne le roi en 23 de notre ère, mais décrit la reconnaissance de son fils Ptolémée par le sénat romain en 24. Juba II serait donc mort fin 23 ou début 24 après J.-C., ce qui permet son accès au trône en 25 ou 24 avant notre ère. Il faut savoir, au passage, que la première date est reconnue traditionnellement, car elle correspond mieux à la chronologie de Dion Cassius... D'ailleurs, il n'est pas impossible, selon les historiens spécialistes de cette période, que la date du 1er janvier ait été retenue par Juba II comme la date initiale du calendrier royal, car l'ère provinciale débutait au premier janvier de l'an 40 av. notre ère. Or, les gouverneurs de l'époque conservaient habituellement le calendrier antérieur à l'annexion.
Pour capitale officielle donc, Juba II choisit «Iol» (Cherchell), l'ancienne capitale de Micipsa (un des fils de Massinissa et aïeul paternel de Juba II ), au cœur même de la Maurétanie, la rebaptisant du nom de «Caesarea», en l'honneur de son protecteur Jules César, selon une coutume qui allait se généraliser dans l'Empire. La cité «Volubilis» (actuellement Ksar Faraoun au Maroc), en Maurétanie occidentale, ne fut sans doute pas, comme on l'a pensé longtemps, la seconde capitale du royaume : ville notable et stratégique, à la limite des terres sédentarisées du royaume, elle accueillit peut-être le roi dans ses voyages d'exploration vers les confins occidentaux de la Maurétanie, de même qu'elle avait dû jouer le rôle de résidence de passage à l'époque des rois maures antérieurs. Mais la différence d'intérêt qui signale le comportement de Juba II vis-à-vis de Iol-Caesarea, sa capitale officielle, et de Volubilis, la cité des confins, rend improbable l'hypothèse de deux capitales pour le royaume.
Enfin, la présence d'Aedemon à Volubilis, l'esclave affranchi du roi Ptolémée, qui ultérieurement mena une révolte contre les Romains à la suite de l'exécution de son maître par Caligula, n'est pas, semble-t-il, un argument suffisant pour doter Volubilis d'un statut particulier : la situation de la ville, proche de l'Atlas où Aedemon recruta une partie de ses troupes, explique qu'elle ait été, plus que toute autre cité, menacée par le mouvement insurrectionnel. D'ailleurs, les sources ne précisent pas qu'un lien particulier existait entre Aedemon et Volubilis : on sait simplement que des combats violents s'y déroulèrent contre les troupes de l'empereur Claude entre 40 et 42 ap. J.-C. et que la population de la ville, menée par M. Valerius Bostar, se mobilisa contre Aedemon (Pline).
C'est aussi à Caesarea que le nombre d'œuvres d'art de grande qualité est le plus important en Afrique du Nord, après «Lepcis Magna» (en Libye), mais toutes ne sauraient être attribuées à l'époque royale. Cependant, les connaissances en art de Juba II ont amené à attribuer à son règne la collation de la plupart d'entre elles : portraits de la famille impériale, statues de divinités, œuvres profanes et quelques-unes d'origine égyptienne. Elles donnent une idée de la riche collection artistique réunie à Caesarea pour décorer les monuments publics et le palais royal (une majorité fut d'ailleurs retrouvée sous l'Esplanade actuelle, peut-être l'ancien site du palais) : les styles représentent les grandes écoles du passé grec — depuis l'époque archaïque jusqu'à l'époque hellénistique — ou les principes de l'art augustéen. Beaucoup étaient importées, mais d'autres étaient fabriquées sur place par des artistes italiens ou grecs venus avec les architectes.
Le visage de Juba II nous est connu par plusieurs bustes trouvés, pour la plupart, à Caesarea, sauf deux qui furent découverts à «Sala» et à «Volubilis» en Maurétanie Tingitane (Maroc actuel). Quant à l'atelier royal, il se trouvait à Iol-Caesarea qui avait, par ailleurs, son propre monnayage municipal, limité aux émissions de bronze, comme les autres cités du royaume.
K. B.
EL Moudjahide
Tacite, de son côté, mentionne le roi en 23 de notre ère, mais décrit la reconnaissance de son fils Ptolémée par le sénat romain en 24. Juba II serait donc mort fin 23 ou début 24 après J.-C., ce qui permet son accès au trône en 25 ou 24 avant notre ère. Il faut savoir, au passage, que la première date est reconnue traditionnellement, car elle correspond mieux à la chronologie de Dion Cassius... D'ailleurs, il n'est pas impossible, selon les historiens spécialistes de cette période, que la date du 1er janvier ait été retenue par Juba II comme la date initiale du calendrier royal, car l'ère provinciale débutait au premier janvier de l'an 40 av. notre ère. Or, les gouverneurs de l'époque conservaient habituellement le calendrier antérieur à l'annexion.
Pour capitale officielle donc, Juba II choisit «Iol» (Cherchell), l'ancienne capitale de Micipsa (un des fils de Massinissa et aïeul paternel de Juba II ), au cœur même de la Maurétanie, la rebaptisant du nom de «Caesarea», en l'honneur de son protecteur Jules César, selon une coutume qui allait se généraliser dans l'Empire. La cité «Volubilis» (actuellement Ksar Faraoun au Maroc), en Maurétanie occidentale, ne fut sans doute pas, comme on l'a pensé longtemps, la seconde capitale du royaume : ville notable et stratégique, à la limite des terres sédentarisées du royaume, elle accueillit peut-être le roi dans ses voyages d'exploration vers les confins occidentaux de la Maurétanie, de même qu'elle avait dû jouer le rôle de résidence de passage à l'époque des rois maures antérieurs. Mais la différence d'intérêt qui signale le comportement de Juba II vis-à-vis de Iol-Caesarea, sa capitale officielle, et de Volubilis, la cité des confins, rend improbable l'hypothèse de deux capitales pour le royaume.
Enfin, la présence d'Aedemon à Volubilis, l'esclave affranchi du roi Ptolémée, qui ultérieurement mena une révolte contre les Romains à la suite de l'exécution de son maître par Caligula, n'est pas, semble-t-il, un argument suffisant pour doter Volubilis d'un statut particulier : la situation de la ville, proche de l'Atlas où Aedemon recruta une partie de ses troupes, explique qu'elle ait été, plus que toute autre cité, menacée par le mouvement insurrectionnel. D'ailleurs, les sources ne précisent pas qu'un lien particulier existait entre Aedemon et Volubilis : on sait simplement que des combats violents s'y déroulèrent contre les troupes de l'empereur Claude entre 40 et 42 ap. J.-C. et que la population de la ville, menée par M. Valerius Bostar, se mobilisa contre Aedemon (Pline).
C'est aussi à Caesarea que le nombre d'œuvres d'art de grande qualité est le plus important en Afrique du Nord, après «Lepcis Magna» (en Libye), mais toutes ne sauraient être attribuées à l'époque royale. Cependant, les connaissances en art de Juba II ont amené à attribuer à son règne la collation de la plupart d'entre elles : portraits de la famille impériale, statues de divinités, œuvres profanes et quelques-unes d'origine égyptienne. Elles donnent une idée de la riche collection artistique réunie à Caesarea pour décorer les monuments publics et le palais royal (une majorité fut d'ailleurs retrouvée sous l'Esplanade actuelle, peut-être l'ancien site du palais) : les styles représentent les grandes écoles du passé grec — depuis l'époque archaïque jusqu'à l'époque hellénistique — ou les principes de l'art augustéen. Beaucoup étaient importées, mais d'autres étaient fabriquées sur place par des artistes italiens ou grecs venus avec les architectes.
Le visage de Juba II nous est connu par plusieurs bustes trouvés, pour la plupart, à Caesarea, sauf deux qui furent découverts à «Sala» et à «Volubilis» en Maurétanie Tingitane (Maroc actuel). Quant à l'atelier royal, il se trouvait à Iol-Caesarea qui avait, par ailleurs, son propre monnayage municipal, limité aux émissions de bronze, comme les autres cités du royaume.
K. B.
EL Moudjahide
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