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A Alger, l’inquiétude face à l’inflation

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  • A Alger, l’inquiétude face à l’inflation

    La chute du prix du pétrole a fait plonger les revenus de l’Algérie. Dans le quartier populaire de Belcourt, l’inflation, les augmentations de taxes et la limitation des importations ont un impact sur le quotidien des classes les plus défavorisées comme sur les classes moyennes.

    Il est 9 heures du matin. Bilal passe machinalement un coup de torchon sur le comptoir propre. Dans la salle de son café, une quinzaine de personnes sont assises autour de petites tables rondes, face à un écran de télévision qui diffuse les informations d’une chaîne de télévision européenne. «Tu vois comme c’est vide ? Les clients viennent moins souvent», lance le jeune homme de 31 ans.

    Situé sur la rue Hassiba-ben-Bouali, qui longe le quartier de Belcourt et le sépare de l’autoroute et de la Méditerranée, l’établissement que tient Bilal avec son cousin tourne au ralenti : «Nous sommes dans un quartier populaire, même si le prix de ma matière première a augmenté, je ne peux pas augmenter le prix du café. J’ai perdu environ un tiers de chiffre d’affaires. Que veux-tu que je fasse ? Il nous reste Dieu.» Ici, un café servi dans un gobelet en carton coûte 25 dinars algériens (environ 0,25 euro). Les deux propriétaires originaires de Tizi Ouzou proposent aussi du café importé en capsule, plus cher, pour gagner des clients de classe moyenne, nombreux à travailler à Belcourt, quartier populaire à l’architecture haussmannienne.

    «Nous ne mangeons de la viande que pendant les fêtes religieuses»

    La chute des prix du baril de pétrole, principale ressource de l’Algérie, a fait chuter les revenus pétroliers de 70% en deux ans. Le déficit budgétaire atteint désormais 15% du PIB. Mais surtout, entre 2014 et 2015, le dinar algérien a perdu 20% de sa valeur face au dollar. Dans un pays qui importe la plupart des produits de consommation, l’inflation a explosé. Les premières victimes sont les classes populaires. Mohand, 61 ans, retraité et père de trois enfants, a dû reprendre le travail. Son fils aîné, diplômé du supérieur, n’a pas trouvé d’emploi depuis sa sortie de l’université, il y a deux ans. «Nous ne mangeons de la viande que pendant les fêtes religieuses», sourit-il gêné.

    Il craint que les programmes de construction de logement sociaux – mesure phare des mandats du président Bouteflika, qui depuis son arrivée au pouvoir en 1999, a promis de résoudre la crise du logement en Algérie –, ne soient bientôt à l’arrêt, car l’importation de ciment a été bloquée. «Il ne faut pas demander de l’aide au FMI, parce que là, c’est sauter dans le puits», estime-t-il. Il garde en mémoire le plan d’ajustement structurel exigé par l’institution internationale au début des années 90, les queues interminables dans les boutiques, les vendeurs qui vous obligeaient à acheter d’autres articles en plus des produits de première nécessité (une chaîne de vélo et des clous avec le paquet de farine, par exemple) ou les bananes, disparues du marché local, que les visiteurs ramenaient dans leurs bagages.

    Augmentation de 8% en un an

    Dans la ruelle qui relie la rue Hassiba-ben-Bouali à la rue Belouizdad, la chaleur moite a transformé la halle du marché en fournaise. Leïla, employée dans une entreprise privée, vient faire ses courses à l’heure de sa pause déjeuner. Elle a fait le tour des étals avant de s’arrêter : «J’ai renoncé à acheter des pêches et des nectarines qui coûtent plus de 450 dinars algériens le kilo [environ 4,50 euros, ndlr]. Cet été, ce sera melon ou pastèque.» Selon la presse, le prix des produits alimentaires de base consommés pendant le mois de ramadan a augmenté de 8% en un an.

    Quelques rues plus loin, les employés de la station-service confirment que depuis l’augmentation du prix de l’essence le 1er janvier, les clients font plus attention. Accoudée à la fenêtre de sa voiture blanche, Samira, professeure de français dans une école privée, estime que l’impact est surtout psychologique : «L’augmentation du prix de l’essence a fait bondir le prix du plein de carburant de 800 dinars à plus de 1 300 dinars.

    Depuis que mon père a entendu que le prix de l’électricité allait augmenter de la même manière, il éteint systématiquement les télévisions de la maison, alors qu’il les laissait tourner en boucle. Pourtant, si la facture augmente, nous aurons encore les moyens de la payer.» La jeune femme, qui voulait changer de véhicule, a dû modifier ses projets. Après avoir été bloquées pendant un an, les importations de voitures ont été limitées à 152 000 unités. Pas assez pour répondre à la demande. Résultat, le prix des voitures d’occasion s’est envolé.

    Peur de perdre son emploi

    Chaque jour, les journaux se font de moins en moins rassurants. La Badr Bank, la banque des agriculteurs, qui finance aussi les prêts à taux zéro pour les créateurs d’entreprises, n’a plus de liquidités. Le ministère de la Culture a annulé plus d’une centaine de festivals, et demandé aux structures qui dépendent de lui de n’utiliser que 50% de leur budget.

    Mourad, 33 ans, se dirige vers le port où il est embauché en CDI : «Nous sommes salariés de l’Etat, nous n’avons rien à craindre.» Sa sœur est employée par un transitaire, une entreprise chargée des dossiers administratifs pour l’importation : «Elle, en revanche, n’a plus aucun dossier à traiter depuis des semaines. Voilà ce qui nous préoccupe, que les gens commencent à perdre leur emploi.»

    Zohra Ziani correspondance à Alger
    Libération
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Allah yjib lfaraj men andou
    KechMarra centrum

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