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  • Quelle place pour la forêt dans la nouvelle économie ?

    Menacée par les défrichements, les occupations illicites et les incendies :Quelle place pour la forêt dans la nouvelle économie ?

    Depuis le début de l'année 2016, l'administration des forêts a focalisé son plan d'action sur deux volets capitaux qui, s'ils arrivent à être bien pris en charge au cours des prochaines années, pourront redonner ses lettres de noblesse à la forêt algérienne, même si dans ce domaine précis, où l'on agit sur du vivant, les fruits ne seront cueillis qu'au bout d'une génération au moins. Il s'agit du plan national de reboisement, projeté à l'horizon 2030, et du dossier de la valorisation des produits de la forêt.


    Ce dernier axe a été abordé au cours d'une journée d'études organisée le 9 avril dernier par la direction générale des forêts, sous la présidence du ministre de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche. Le ministre, Sid Ahmed Ferroukhi, a situé ce nouvel intérêt apporté à la forêt dans le contexte de la crise financière que vit le pays depuis presque deux ans, en insistant sur toutes les poches d'investissement qui puissent contribuer à desserrer l'étau sur le budget de l'Etat et contribuer à diversifier au maximum le profil de l'économie algérienne.
    Force est de reconnaître que, suite à la grave détérioration de l'espace forestier national- suite à des incendies répétitifs, particulièrement pendant la décennie de la tragédie nationale, aux multiples défrichements et à l'occupation de plusieurs assiettes par des constructions illicites et autres infrastructures-, le concept d'économie forestière paraît pour le moins étrange, même si, dans un passé récent, l'Algérie produisait une certaine quantité de bois, au moins pour les besoins courants, et produisait surtout du liège en grandes quantités, produit qui était exporté et générait des recettes en devises. L'Algérie était un des grands exportateurs parmi les pays méditerranéens qui produisent cette matière première.
    En l'espace d'un quart de siècle- fait de crises économiques intermittentes, de terrorisme, d'affaiblissement de l'autorité de l'Etat, d'une croissance inouïe de la mafia du foncier,…-, la notion d'économie forestière est réduite à la portion congrue, ne faisant voir quelques recettes que dans la location de certaines clairières à des riverains et la vente de quelques menus produits (bois de chauffage ou bois de saisie).
    Au cours de la journée d'études ayant porté sur l'économie forestière, il a été question d'ouvrir l'éventail des activités pour toucher par exemple l'exploitation des plantes médicinales et aromatiques, certains fruits des bois (pin pignon, arbouses, glands, châtaignes,…) et l'amodiation de parcelles pour la production de charbon, selon les règles scientifiques de la sylviculture (alors que jusqu'ici, la carbonisation est une activité anarchique, illégale, conduisant à l'effacement de parcelles forestières entières de la carte). Les participants ont aussi traité des concessions de périmètres de mises en valeur dans de grandes clairières où la régénération forestière naturelle ne s'est pas produite.

    Besoin de réhabilitation

    Naturellement, il serait illogique de s'attendre, dans l'immédiat, à des résultats qui puissent révolutionner la place de la forêt dans l'économie algérienne. En général, la forêt méditerranéenne à laquelle appartiennent les massifs algériens est connue pour sa fragilité et sa grande vulnérabilité. Que ce soit en Corse, en Sardaigne, en Turquie, en Grèce, en Tunisie,…, cette fragilité, due à des facteurs naturels et particulièrement le climat chaud et sec ainsi que le relief accidenté, est aggravée par la proximité de ces massifs par rapport aux lieux habités (villages, bourgades,…). La pauvreté régnant dans certaines zones, ainsi que les convoitises dont fait l'objet le foncier de la part de certains barons, ont rogné plusieurs massifs, dégarni des buttes et des versants et créé une forte érosion des sols dont on voit les conséquences les plus immédiates (inondations, coulées de boue, glissements de terrain) sur les routes, les habitations et les villes, outre, bien entendu, la stérilisation de la valeur agrologique des sols et la dégradation du cadre de vie (verdure, récréation, oxygène).
    Pour prétendre se prêter à des investissements économiques, la forêt algérienne, dans l'état de dégradation avancée où elle se trouve aujourd'hui, a un besoin impérieux de réhabilitation. La réhabilitation passe d'abord inéluctablement par la reconstitution de son cadre foncier par des opérations cadastrales. En effet, les perturbations ayant affecté depuis plus de vingt ans la forêt algérienne ont fait perdre à celle-ci y compris le système de bornage qui la délimite depuis l'établissement des cartes senatus-consult en 1863. De ces dernières, il ne reste que les plans en papier. Sur le terrain, dans la majorité des cas, le bornage a disparu à la faveur des opérations de défrichement illégal et des incendies. Une fois l'assiette foncière reconstituée et reconnue légalement, il y aura lieu de lancer des études d'aménagement pour, à la fin, dresser un plan d'action, avec un planning précis et des activités bien identifiées.
    Il y a lieu de rappeler que, au milieu des années 1990, les ambitions du ministère de l'Agriculture sur le plan de la promotion de la forêt algérienne étaient plus avancées. Il s'agissait, outre la reconstitution du bornage pour les forêts domaniales, d'intégrer de nouveaux espaces, appelés "terrains forestiers ou à vocation forestière", dans le domaine forestier national. L'opération n'a réussi que dans certaines régions d'Algérie. Partout ailleurs, les dossiers sont en instance depuis presque une vingtaine d'années, ballotés entre les conservations des forêts, les APC et la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) des wilayas.

    Les objectifs du plan national de reboisement

    Aujourd'hui, outre ce noble objectif d'extension du domaine forestier national par le moyen de l'intégration, indiscutablement, l'une des activités les plus importantes et qui requiert des investissements publics conséquents, c'est celle de la reconstitution du patrimoine ligneux par les reboisements et les repeuplements.
    Le plan national de reboisement (PNR) est actuellement en cours d'élaboration au niveau de la direction générale des forêts (DGF), projetant ses actions sur deux échéances: 2016-2020 et 2020-2030. Il s'agit de faire face au phénomène de déforestation ayant gravement affecté le pays depuis le début des années 1990, de juguler la désertification qui avance à grands pas à partir de l'Atlas saharien, de redonner leurs lettres de noblesses aux forêts de production et de protection, tout en cherchant à améliorer le cadre de vie des populations par la création de forêts récréatives, urbaine ou suburbaines.
    Le souci développé dans le cadre du présent plan par les cadres forestiers est la diversification des espèces à planter, en rompant avec l'uniformité du pin d'Alep qui a largement montré ses limites.
    Le PNR cible en priorité la partie septentrionale du pays et les Hauts Plateaux, là où l’action de reboisement peut être menée sur des assiettes assez consistantes. Ces projections tendent à relever le taux de couverture forestière à environ 25 % du territoire Nord du pays.
    Abstraction faite des objectifs de production de bois ou d’autres sous-produits, la priorité assignée aux opérations de reboisement demeure la lutte contre l'avancée du désert et la protection des terres contre l'érosion.
    Ce plan, dans le cadre de ce vaste programme, va s'appuyer sur l'investissement dans les pépinières. En effet, la production de plans forestiers, dans leur diversité de genre et de variété, est une condition sine qua non pour réussir un tel plan de reboisement.
    Le créneau de l’activité pépinière implique, bien entendu, la réhabilitation et la modernisation du dispositif de la récolte de la graine et du contrôle de l’élevage en pépinière. Une grande partie des peuplements porte-graines, identifiés et exploités jusqu’au début des années 1990, ont été affectés par les grands bouleversements qu’a connus la forêt algérienne pendant cet intervalle de temps. Aujourd'hui, il s'agit de confirmer certaines stations porteuses de semences et d’en identifier de nouvelles, pour les mettre à la disposition des investisseurs pépiniéristes.

    Amar Naït Messaoud


    Depeche de kabylie
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