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Le classement de Shanghaï moins « important » mais toujours aussi commenté

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  • Le classement de Shanghaï moins « important » mais toujours aussi commenté

    Pour sa quatorzième édition, publiée lundi 15 août, le classement de Shanghaï, palmarès mondial des universités, sera une nouvelle fois scruté de près. Si le cru 2016 ne rebat pas les cartes internationales, les observateurs pointilleux noteront toutefois que la France descend d’une marche. Elle conserve certes vingt-deux établissements dans le top 500 mondial, mais passe de la 5e à la 6e place (en nombre d’établissements distingués), derrière les Etats-Unis (137 établissements), la Chine (41), l’Allemagne (38), le Royaume-Uni (37) et l’Australie (23).

    Trois universités françaises – et parisiennes – figurent dans le top 100 : Pierre-et-Marie-Curie (39e), Paris-Sud (46e) et l’Ecole normale supérieure (87e). Dans un communiqué, le ministère français de l’enseignement supérieur et de la recherche s’est dit « satisfait » de ces résultats et rappelle, comme les années précédentes, que la valeur des universités françaises « doit s’apprécier globalement au vu de tous les classements existants ».



    Malgré de nombreuses controverses, l’étalon qu’est le classement de Shanghaï demeure très regardé dans le contexte de compétition internationale qui règne désormais entre les établissements de l’enseignement supérieur. « On ne peut pas faire comme si les classements n’existaient pas, reconnaît le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, Thierry Mandon. Quels qu’ils soient, et quelles que soient les critiques qu’on peut leur faire, ils ont forcément des effets, pour le meilleur et pour le pire, sur la mobilité étudiante et, donc, sur la stratégie des établissements qui évoluent dans un paysage universitaire mondialisé ». « A la rentrée, annonce ainsi M. Mandon, je vais demander à l’IGAENR [le service d’inspection du ministère] de se pencher sur la façon dont les classements pourraient être mieux pris en compte dans les politiques de site des établissements. »

    Un simple indicateur

    Pourtant, c’est presque par accident que le classement de Shanghaï a pris une telle importance. « Le but originel était clair : fournir des informations pour comparer les universités chinoises et étrangères, en appui au programme d’excellence mis en place par le gouvernement [chinois] pour créer quelques champions [locaux] à même d’acquérir un prestige et une renommée internationale », explique Ghislaine Filliatreau, membre de l’International Advisory Board (conseil consultatif international) du classement de Shanghaï, et ancienne directrice de l’Observatoire des sciences et techniques (OST).

    Geneviève Fioraso, qui a précédé M. Mandon au secrétariat d’Etat, résume autrement ses origines : « Il a été imaginé par cinq personnes du service marketing de l’université Jiao Tong de Shanghaï qui se sont associées pour faire la promotion de leur université. Il y a fort à parier que, dans cinq ans, seules les universités chinoises figureront dans le top. »



    Le classement a pourtant produit une onde de choc, notamment en France, où les résultats des universités de l’Hexagone ont été jugés décevants. « Ses auteurs ont utilisé le critère de la recherche et de son rayonnement, car il est le seul pour lequel ils disposaient de données de comparaisons internationales », poursuit Mme Filliatreau. Il leur a donc suffi d’utiliser les bases de données disponibles et de pondérer les différents critères pour arriver à un classement. « Mais il ne s’agissait que d’un indicateur censé refléter la qualité de ces universités, et il a toujours été clair qu’il ne prétendait pas être suffisant », précise-t-elle.

    La « double division » française

    Or ce système d’évaluation souligne la « double division » française entre universités et organismes de recherche, et entre universités et grandes écoles. Valérie Pécresse, ex-ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, se souvient d’être allée à l’université Jiao Tong pour plaider en faveur des établissements français. « Compte tenu de leurs spécificités, il fallait que soit prise en compte la recherche faite avec les partenaires – INRA, CNRS ou INRIA –, dans le cadre des unités mixtes de recherche, rappelle-t-elle. Cela a conduit un certain nombre de laboratoires à généraliser le système de signature unique des publications. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas et toutes les recherches ne sont pas forcément valorisées. »

    Mme Pécresse a également défendu la politique de regroupement universitaire qui aurait pu faire grimper les établissements tricolores dans le classement. Sans toutefois obtenir gain de cause. « Sur les regroupements, le classement de Shanghaï demande des fusions ou du moins une gouvernance unique. La gouvernance de nos regroupements est jugée dysfonctionnelle. Je le constate par exemple sur le plateau de Saclay. Or les querelles de chapelle ne sont plus supportables », estime l’actuelle présidente (LR) de la région Ile-de-France.

    Elle évoque la discorde entre les grandes écoles et les universités sur le niveau d’intégration dans la nouvelle université Paris-Saclay pensée pour être le « MIT » français. Un exemple que M. Mandon cite aussi. « L’université Paris-Sud fait partie du top 100 du classement de Shanghaï, tandis que l’Ecole polytechnique est classée beaucoup plus bas, note-t-il. Elle a intérêt à faire front avec Paris-Sud dans l’université Paris-Saclay. La stratégie des avenirs isolés condamne aux profondeurs du classement. »

    « Une curiosité intéressante »

    Mme Fioraso, bien qu’elle relativise ce classement, estime pourtant qu’il faut « se débrouiller pour ne pas chuter d’année en année sinon cela donne lieu à des articles désagréables et nuit à la visibilité à l’international ». Un bon classement permet en effet d’attirer plus aisément les ressources humaines et financières. « Les universités doivent apprivoiser les classements malgré leurs limites, car ils ont des effets de réputation », explique Mme Filliatreau. Le classement de Shanghaï a « seulement agi comme un catalyseur car le système français d’enseignement supérieur et de recherche était de toute façon sous pression pour se rapprocher des usages internationaux, dans la compétition mondiale ».

    De leur côté, les universités les mieux classées se défendent d’y accorder trop d’importance. « Nous ne nous reposons pas sur le classement de Shanghaï pour définir notre stratégie mais certains de nos interlocuteurs le consultent et ont ainsi pris la mesure de notre performance en recherche. Nous disposons pourtant de moyens très inférieurs à ceux de nos proches concurrents étrangers, même si on prend en compte l’apport de nos partenaires du CNRS, de l’Inserm et de l’Inria », explique Laurent Buisson, vice-président de l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris).

    Président de l’université de Strasbourg, qui perd sa place dans le « top 100 » cette année, Alain Beretz veut aussi « le considérer pour ce qu’il est, une curiosité intéressante et non un objectif en soi ». Pourtant, chaque été, l’université avait pris l’habitude de se fendre d’un communiqué pour se féliciter de sa bonne place dans le classement. « Mais sur le fond, on ne peut pas se réjouir de la place de nos universités comme on se réjouit pour l’Euro [de football]. Les universités ne sont pas dans un championnat », tonne-t-il. Même si une bonne place vaut toujours mieux qu’une mauvaise…

    Marine Miller
    Journaliste au Monde

    Séverin Graveleau
    Journaliste au Monde

    Adrien de Tricornot
    Journaliste
    Dernière modification par zek, 16 août 2016, 12h55.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Les universités américaines dominent toujours le classement de Shanghai
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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