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Tiout : les monts ksourienne

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  • Tiout : les monts ksourienne



    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Pourquoi revisiter l’architecture ksourienne ?

    Nous pourrions nous demander pourquoi il faudrait étudier l’habiter dans ces anciens établissements humains ? Le postulat de toute approche historique est que le passé est instructif, que non seulement l'étude du passé a une valeur philosophique mais qu'elle nous fait découvrir la complexité et l'imbrication des choses.

    La maison ksourienne est soumise à des forces variées et souvent contraires qui bouleversent les schémas ordonnés, les modèles et les classifications que nous aimons à construire. Les complexités de l'homme et de son histoire ne peuvent être circonscrites par d'élégantes formules, bien que le désir de le faire caractérise notre époque.

    La question reste posée : pourquoi étudier encore la forme des maisons ksouriennes dans un monde qui change si vite ? Une raison en est que ces établissements humains sont l'expression immédiate d’un mode de vie qui constitue un domaine d'étude très fructueux. À cet égard un autre aspect important est le besoin que nous avons d'études comparatives, et ceci pour deux raisons. D'abord, d'un point de vue pratique, différentes cultures coexistent dans nos cités, avec en conséquence, des besoins et des modèles différents pour les habitations et l'organisation sociale.

    Décrire et examiner les formes des habitations dans les ksour, rechercher les causes, les explications à leurs formes, à leurs localisations, sont les objectifs de la présente réflexion. Notre ambition n’est pas de résoudre entièrement et encore moins définitivement les questions que soulèvent nos préoccupations. Nous restons conscient que celles-ci réfèrent à un champ de réflexion plus vaste et multidisciplinaire. Néanmoins nous espérons par ce travail poser les prémices d’une approche interdisciplinaire par laquelle l’urbanisme comme l’urbaniste s’imprègnent davantage de dimensions relatives aux données « mythico-rituelles ». Nous nous interrogeons alors sur la forme et la dimension cachée de la maison ksourienne.

    L'environnement bâti de l'homme n'a jamais été et n’est toujours pas commandé par les spécialistes (architecte, urbaniste, etc.). Cet environnement était le résultat d'une architecture populaire, et cela l'histoire et la théorie de l'architecture l'avaient ignoré en grande partie. Pourtant tel était l'environnement d'Athènes à son apogée, des cités mayas et des cités proches des tombes et des temples.

    Le charme et la vitalité des formes traditionnelles, face à la fadeur, l'ennui et la monotonie des nouvelles formes dessinées par les architectes, sont dus à bien plus que le simple charme du pittoresque. L'unité du plan, du site et des matériaux des cités anciennes engendre une réaction enthousiaste même chez la plupart des spécialistes.

    Cette réaction est en grande partie suscitée par l'harmonie du paysage. Un sentiment d'intimité est créé par une série de murs qui non seulement ferment l'espace mais lient les maisons les unes aux autres et les relient au paysage.

    Dans les nouveaux établissements, les normes urbanistiques et réglementaires détruisent la sensation d'intimité et le lien avec l’environnement. Les nouveaux éléments visuels n'expriment plus la relation de l'individu au groupe, ni du groupe à la terre.

    La hiérarchie très nette des agglomérations primitives et vernaculaires est perdue, reflet de la disparition générale des hiérarchies dans la société, et tous les bâtiments tendent à avoir une importance égale. La désacralisation de la nature a abouti à la déshumanisation de nos relations avec la terre et le site.

    L'homme moderne a perdu l'orientation mythologique et cosmologique qui était si importante pour l'homme primitif. Il a aussi perdu l'image collective de la bonne vie et de ses valeurs, à moins de dire qu'il possède l'image collective de l' « absence » d'images. Les forces et les contraintes sont aussi bien plus complexes, et les liens entre la forme, la culture et le comportement sont plus ténus ou peut-être simplement plus difficiles à suivre et à établir.

    Notre époque est une époque de contraintes matérielles réduites. Nous pouvons faire bien plus de choses qu'autrefois, et les contraintes sont plus faibles que jamais.

    Il en résulte le problème du choix excessif, la difficulté de sélectionner ou de trouver des contraintes qui surgissaient naturellement dans le passé et qui sont nécessaires pour créer des formes de maison significatives.
    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      Ce que ksar veut dire

      Le mot se prononce « gsar ». C'est une altération phonique de la racine arabe qasr qui désigne ce qui est court, limité. C’est à dire un espace limité, auquel n’a accès qu’une certaine catégorie de groupes sociaux.
      C’est un espace confiné et réservé, limité à l’usage de certains. Le ksar (pl. ksour) est un grenier, mieux encore un ensemble de greniers bien ajustés .

      Il est surprenant de voir naître le ksar au XIe siècle comme le préconisent de nombreux historiens et géographes.
      En effet les aménagements judicieux dont il dispose, la technique qui le fonde, sont trop parfaits pour une institution qui vient de voir le jour. Les lectures de l'histoire ont résolu l’apparition du ksar par l'invasion hilalienne qui aurait contraint les Berbères, après une longue résistance, à quitter la plaine et les oasis pour se replier dans la montagne et les emplacements fortifiés. Là, sur des pitons quasi-imprenables, et tenant solidement les voies de communication, ils se seraient barricadés dans les villages fortifiés qu'ils auraient fait construire .
      Ibn Khaldoun (1332-1406) nous dit : « les premiers ksour datent probablement des Ier et IIe siècle avant J.-C. Ils constituent sans doute l’extension progressive jusqu'à l’Atlas saharien du phénomène de sédentarisation des nomades berbères. » .

      La fonction du ksar est essentiellement agricole. À l'origine, c'est un grenier collectif qui sert de lieu d'ensilage des céréales, des olives, des produits de bétail, c'est aussi un lieu sûr où les objets de valeur sont bien en sécurité. Parmi les causes qui nous permettent d’énoncer cette hypothèse de la fonctionnalité du ksar : le fait que la région du sud-ouest algérien et le Sahara en général sont soumis à une aridité climatique aggravée par l’irrégularité pluviométrique qui ne laisse pas de place à une sécurité alimentaire continue et qui fait du ksar un moyen de conservation sécurisé .

      Les denrées alimentaires sont la richesse qui assure la vie et pourvoit à ses besoins, ce qui exige la présence d’une sorte de chambre forte appelé généralement makhzen, dont la clé revient au chef de famille.
      Cette institution perpétue la conception patriarcale de la famille et renforce les valeurs de la collectivité ancrée chez les plus âgés.
      Le ksar ne cédera définitivement son rôle qu'au milieu du XXe siècle sous la pression d'une économie qui rompt avec son caractère pastoral et prend un tout autre contenu qui donne lieu à de nouvelles institutions.

      Le mode de vie basé essentiellement sur le semi-nomadisme avait influé sur la fonction principale du ksar.
      En effet, la double transhumance (en hiver vers le Sahara et en été vers le tel ), engendrant une vie active toujours en mouvement, nécessitait un point d’attache permanent vital pour se décharger de tout ce qui n’était pas nécessaire. Il faut ajouter à cela le fait que l’insécurité apportait aux ksouriens une tension permanente, la vigilance était donc de règle. Le ksar demeurait d’un grand secours, pour repousser les razzieurs et éventuellement s’y réfugier en cas de besoin.

      Ce mode de vie avait un impact manifeste sur la conception, l’organisation spatiale et fonctionnelle du ksar. En effet, à l’entrée, généralement on y rencontrait les ateliers des artisans tels que le forgeron. Ainsi le nomade qui venait s’approvisionner avait souvent quelques choses à réparer, à arranger, un couteau à aiguiser.
      Les visites s’effectuaient le vendredi en général pour pouvoir concilier les besoins de l’au-delà à ceux d’ici-bas.
      Cette pratique renforçait les liens et la cohésion entre les sédentaires et les nomades, ils apprenaient ainsi à vivre en groupe et les éléments d’une conscience collective prenaient racine.
      dz(0000/1111)dz

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      • #4
        e que veulent dire l’habitat, l’habitation, et l’habiter
        « Chaque société découpe l'espace à sa manière, mais une fois pour toutes ou toujours suivant les mêmes lignes, de façon à constituer un cadre fixe où elle enferme et retrouve ses souvenirs » . Ce sont ces lignes, que nous appelons invariants constitutifs, que nous essaierons de mettre en exergue.

        Un seul mot désigne l’espace d’habitation : ad-dār. Avant de signifier « maison », « espace bâti », le mot dār signifie « territoire ». Dār al-`ahd, « territoire du pacte », dār al-harb, « territoire de la guerre », dār al-imān « territoire de la foi », dār al-islām, « territoire de l’Islam », autant de dénominations qui montrent bien qu'avant de désigner une maison, le mot dār désigne un espace délimité et approprié, sur lequel s'exerce l'autorité indiscutée d'un chef ou d'un groupe. C'est donc un espace sur lequel s'exerce un pouvoir dont l'autorité est reconnue. Tandis que l’habiter renvoie à habitus, en terre arabe, d’as-sakan dérive le terme « sérénité », sakîna. Sukûn est le contraire du mouvement. Sakana veut dire « il a perdu de son agitation (harakâtuhu) », ou « s’est calmé après avoir agi ». La principale fonction, donc, de la maison est de procurer le repos et la sérénité, de soustraire l’être à l’agitation et au vacarme environnant.

        Évolution de l’habitat traditionnel saharien

        Selon les conceptions géographiques de Léon l'Africain, tout le désert situé à l'est du Tafilalt fait partie de la Numidie, qui se trouve ainsi placée au sud de la Berbérie.

        La distinction que l'auteur établit, pour l'habitat, entre gasbah et villages (ksour) est intéressante mais il n'explique pas le pourquoi de cette différence. Les gasbahs étaient-elles utilisées comme greniers où les ksouriens se réfugiaient en cas de rezzous ou alors, les deux habitats renvoient-ils à deux groupes distincts ? Le rôle joué par le commerce caravanier est bien mis en évidence et l’Atlas Saharien apparaît comme espace intermédiaire entre les commerçants de la Berbèrie et ceux du Bilād al-Sudan, la « Terre des Noirs ».

        Les groupes humains se réduisaient à la famille et étaient dispersés autour de leurs jardins. Ces derniers correspondent à la culture en entonnoirs : on déblaie le sable, sur un rayon allant de cinq à dix mètres, jusqu'à ce que l'on atteigne le sol et, à partir de là, on creuse un puits.

        L'eau n'est en général pas très loin et l'irrigation se fait par le biais du puits à balancier. On cultive donc à l'intérieur de la dépression. Partout, les lignages ont construit en dur un habitat fortifié appelé agham en berbère (pl. ighamawen) et gasba en arabe. Cet habitat fortifié sert de grenier pour la conservation des biens alimentaires (céréales, dattes) et de lieu de refuge en cas d'agression extérieure.

        L'autre type d'habitat que l'on rencontre est connu sous le terme de ksar. Dans ce cas, l'espace cultivé (la palmeraie ou jnān) est distinct de l'espace habité. Certains ksour peuvent être considérés comme de véritables cités en raison de la densité de l'habitat et de l'ancienneté de l'installation des lignages qui induisent une tradition dans la gestion des affaires communes et un lien social très fort marqué, entre autres, par une ritualisation très codifiée des échanges et des relations.
        L'habitat appelé ksar est pourtant relativement récent dans l'histoire de l’Atlas saharien. Auparavant, le lignage s'établissait sur le lieu même où il cultivait ses jardins. Cet habitat ancien était toujours fortifié, du type agham. Ce n'est, selon les traditions recueillies, qu'à partir du XVIe siècle que s'opère la séparation entre espace cultivé et espace habité, par le regroupement des différents lignages éparpillés en un seul lieu purement résidentiel . Sur la base des typologies élaborées par A. G. P. Martin et J. C. Échallier , et en nous appuyant sur nos observations, nous proposons la typologie suivante, qui intègre les traces matérielles, ainsi que les éléments fournis par la tradition orale.

        Axes caravaniers au Maghreb (R. Bellil, Ksour et saints du Gourara, 2003)

        L'habitat qui paraît le plus ancien est celui des petites gasbahs édifiées sur des lieux surélevés.
        Ce type est désigné par les Berbères du nom de tawriht . À l'intérieur et tout au long de la muraille d'enceinte, se trouvent des pièces donnant toutes sur l'espace central sans construction, dans lequel on trouve souvent un puits. Les petites pièces étaient utilisées comme grenier pour entreposer les biens, l'espace central étant réservé au bétail. Nous serions là en présence de petits groupes d’éleveurs semi-nomades.


        Tawriht (forteresse sur lieu élevé) Ullazan à Timimoun

        Le second type est formé d’un quartier (agham) édifié souvent en contrebas des collines. À l'intérieur du mur défensif qui entoure la gasbah, l'espace est entièrement recouvert de petites constructions. On observe souvent deux ou trois étages avec des terrasses arrivant au sommet du mur défensif muni d'un chemin de ronde. À l'extérieur de ce mur d’enceinte se trouve le fossé (ahfir) qui l'entoure.

        [/url]
        Type 2 : agham (quartier) de Aït Sa`id à Timimoun (R. Bellil)
        On observe un troisième type appelé ksar. Il s'agit souvent d'une extension du type que nous venons de voir (type 2 agham). Autour de la gasbah ont été édifiées des habitations serrées les unes contre les autres et entourées d'un mur de protection, qui utilise parfois la façade extérieure des maisons, avec deux ou plusieurs portes.
        De plus, on observe toujours dans ce type, l'existence d'une mosquée et d'une place (rahba), avec souvent un lieu couvert (asqif), dans lequel on a aménagé des banquettes où se retrouvent les hommes à la fin de la journée.
        L'asqif se trouve très souvent à proximité de la porte principale.
        Ce type de ksar est peuplé de deux ou trois lignages et les habitations sont distribuées en quartiers occupés chacun par les membres d'un lignage .

        Cette évolution de l'habitat s'est effectuée dans le sens de la dispersion vers la concentration.
        Les anciennes formes d'habitat témoignent de l'éparpillement des groupes humains, alors que le ksar est marqué par le rassemblement de plusieurs lignages en un même lieu.


        Ksar de Timimoun (R. Bellil)


        Plan de Charwin à Timimoun (R. Bellil)

        - Morphologie du ksar
        Le ksar est constitué de trois entités distinctes : un espace habité (habitation d’ici-bas, un terroir et un espace de la mort ou habitation de l’au-delà). C’est une occupation agglomérée spécifique, caractérisée par une forme urbaine traditionnelle fortifiée.

        Les constructions obéissent à la même architecture, il s’agit d’un ensemble de maisons réparties sur un rez-de-chaussée ou rarement un étage autour d’une cour intérieure. Le ksar se présente ainsi : c’est une forme compacte, de couleur terre, horizontale, directement en relation avec un espace vert, la palmeraie, le terroir.
        La forme s'organise selon un principe où l'on distingue différentes échelles d'appropriation de l'environnement :

        - l'édifice : habitation ou édifice public ;

        - l'unité urbaine : association de plusieurs édifices organisés le long d'un axe (zkak) ou autour d'une place (rahba), définissant une unité autonome appropriative par le groupe ;

        - la cité (ksar) : l'ensemble des entités en articulations structurées, hiérarchisées, faisant émerger un centre qui identifie l'échelle habitée par la communauté ;

        - le territoire : l'ensemble des ksour implantés (généralement) selon des principes morphologiques communs, partageant une succession d'événements signifiants (histoire), définissent, une fois en relation d'échange, un champ d'appropriation pour la population de la région .
        dz(0000/1111)dz

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        • #5

          Ksar de Ghassoul (2003)

          Le choix de ces sites est dû le plus souvent au hasard des choses qu’à leur nécessité. Des pérégrinations, des morts subites, des miracles, des errements des hommes et de leurs montures peuvent déterminer le choix d’un site. Certains ksour s'élèvent sur des lieux où un ancêtre est enterré.
          Les événements religieux majeurs surviennent souvent en des lieux déjà estimés par nature spirituellement puissants.
          Construire là, c'est se raccrocher à leur pouvoir spirituel et le prolonger grâce à la persistance de l'édifice et aux rituels répétés qui y sont accomplis, répétition qui permet à l'édifice d'unir temps et espace.

          Cependant, ce choix est conforté par une représentation préalable de l’espace. Un creux ou une proéminence sont le plus souvent préférés à un terrain plat ; non pas toujours pour des raisons guerrières mais, le plus souvent, au regard d'autres considérations en rapport avec des représentations cosmogoniques.
          L'accident topographique a, de tous temps, et universellement, été préféré au terrain plat. Le plat est pour le profane et l’accidenté est pour le sacré.

          La taille du ksar et l’importance de son espace bâti sont fonction des capacités nourricières du terroir.
          Quand celui-ci en perd, le ksar est abandonné ; quand, par contre, le terroir est capable de se développer pour recevoir le croît démographique, le ksar se démultiplie. Un autre agham vient alors se juxtaposer au premier et ainsi de suite jusqu’à la limite des possibilités du terroir. A ce moment là, une autre oasis se développe plus loin avec son ksar qui pourrait en appeler d’autres. Les contraintes éco-systémiques constituent donc le véritable facteur limitant à l’agglomération humaine. Une oasis est d’autant plus peuplée que l’eau y est abondante et la nature du sol favorable.
          Cela explique les chapelets de ksour du Gourara longeant les oasis.


          Les sites habités de Timimoun (R. Bellil)


          Les ksour du Gourara (R. Bellil)

          Le ksar se trouve toujours en aval sur le cheminement hydraulique. Pour des raisons évidentes d’ « économie des eaux », la partie habitat du ksar se situe toujours en amont du terroir, permettant ainsi à l’eau de servir d’abord aux besoins domestiques avant d’atteindre la zone de culture .

          Le ksar est entouré, en général, d’un sûr (rempart). Parmi les principales caractéristiques des ksour se trouvent les fortifications. Loin d’être un indice militaire, les murailles peuvent découler d’une mentalité collective où l’ordre est symbolisé par la limite matérialisée. Les enceintes des ksour peuvent constituer des frontières délimitant le monde organisé par rapport à celui chaotique .
          Il est certain que beaucoup d’histoires se sont fondées sur l’aspect militaire dû à la présence des remparts. Ces établissements humains sont loin d’avoir une fonction défensive uniquement.
          La présence des niches disposées en enclos n’en fait pas d’emblée des établissements propices à la défense.


          Agham de Aït `Isa (R. Bellil)


          Es-sûr (remparts) de Boussemghoun (2004)

          Le conseil des anciens du village se trouve être à l'origine de toutes les institutions de gouvernement, de droit, de justice et moralité publique. L'importance de l'institution se mesure au fait qu'elle apparaît aussi bien dans la mythologie religieuse que dans l'administration temporelle de la cité.

          Chaque ksar possédait un conseil des anciens, la djma`a. Le lieu de réunion est une sorte de place équipée de banquettes en pierre et ponctuée par des édifices de commerce et de production.
          Cette institution coutumière des conseils qui se constituaient spontanément au sein du groupe, était chargée non pas d'édicter des règlements nouveaux mais d'assurer selon le consentement général l'application de règles remontant au passé le plus lointain.
          Dans une culture de tradition orale, seuls les hommes d'âge avancé se sont trouvés à même d'assimiler l'ensemble des connaissances utiles.
          De nos jours encore, les hommes âgés jouissent d'une influence.


          Place de djmâ`a (conseil des anciens) à Boussemghoun (2003)


          Place de djma’a à Béni Abbés (J. Bachminski et D. Grandet, 1985, pp. 34)

          La porte dans le ksar est l'image emblématique de cette double fonction de communication et de protection assurée par l'enceinte. Elle est aussi un lieu de réunion ou de résidence, par la présence de salles souvent vastes aménagées de part et d'autre de l'accès.
          Cette exaltation de l'enceinte et des portes ne doit pas pour autant conduire à une vision rigide de l'espace urbain constituant une sorte de monde clos auréolé d'irénisme. Les portes sont au moins au nombre de deux, l’une gablî (ouverte au sud), et l’autre shargî (ouverte à l’est).
          Elles sont souvent « gardées » par des sépultures d’awliya (saints) .

          Une porte (souvent en chicane), percée dans les remparts, ouvre dans une rue centrale (darb) sur laquelle prennent des rues secondaires et enfin des petites venelles (zqāq) qui finissent en impasse menant aux différentes habitations.
          Réduites au minimum, ces rues servent uniquement de voies de passage. Ce sont de longs corridors recouverts avec, de temps en temps, des parties dégagées qui laissent filtrer la lumière du jour qui permet de s’orienter. Elles aboutissent à des portes donnant sur une chicane, sqîfa, précédant le patio proprement dit .


          Bāb –l-Gabli (entrée principale) de Boussemghoun (2003)


          Darb (rue centrale) Ikhrazam à Boussemghoun (2003)


          Zqāq (venelle) de Boussemghoun (2003)


          Darb aménagé par des dkakan (banquette) à Taghit (2003)


          Darb ponctué par un trou d’éclairage à Taghit (2003)
          dz(0000/1111)dz

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          • #6
            L’architecture ksourienne

            Le ksar a une forme compacte, de couleur terre, horizontale, directement en relation avec un espace vert, la palmeraie.
            C'est l'horizontalité qui est la règle dans ce type d'établissement.
            Les maisons n’étant que les tombeaux d'ici-bas, l'horizontalité est la forme qui récuse la fatuité et l'orgueil. Ce qui est couché et aplati renvoie à l'humilité et à la soumission.
            La verticalité est une exception réservée aux édifices exceptionnels (qubba, minaret).
            Sa symbolique renvoie au sublime.

            L’architecture ksourienne est le produit d'une culture de masse nourrie de la quotidienneté, de l'environnement et du génie local et non pas une production d'élite. Cet habitat exprime les contraintes environnementales et les valeurs civilisationnelles locales.
            Car raisonner, exclusivement, en termes d'écosystèmes et de contraintes environnementales, c'est succomber à la séduction du discours rationnel qui sépare le corps et l'esprit en deux entités distinctes.


            L’horizontalité et la compacité des constructions à Taghit (2003)

            Les maisons obéissent au même plan, à savoir une cour intérieure toujours carrée, accessible par une chicane d’une ruelle.
            Cette cour est en plus très fonctionnelle. Elle peut, selon les circonstances, faire fonction d'étable pour les animaux ou de lieu de dépôt provisoire. Autour de la cour sont disposés les byût (les pièces).
            Ces pièces adjacentes étalées en rez-de-chaussée, rarement en étage, sont éclairées et aérées par l’intermédiaire de cette cour.

            La byût (pluriel bayt) est la cellule de base, généralement allongée de 4 mètres de profondeur et d’environ 2 mètres en hauteur et en largeur ; la juxtaposition de ces byût et leur superposition donne l’impression, depuis l’extérieur, d’une muraille élevée, sans ouverture, compacte, analogue aux remparts d’un établissement fortifié..L’une de ces byût fait office de cuisine. Elle était généralement sans toit pour permettre l’évacuation des fumées résultant du feu de bois servant à la cuisson.


            Maison dans le ksar de Taghit (J. Bachminski et D. Grandet, 1985, p. 23)
            Légende : 1 : Sqifa, 2 : Patio, 3 : Étable, 4 : Cuisine, 5 : Dépôt, 6 : Trémie des latrines d’étage, 7 : Terrasse, 8 : Séjour, 9 : Bayt, 10 et 11 : Dépôts



            Bayt (cellules de base) au ksar de Kerzaz (2005)


            Maison à quatre piliers au ksar de Kenadsa (J. Bachminski et D. Grandet, 1985)


            Maison à deux piliers au ksar de Kenadsa (J. Bachminski et D. Grandet, 1985)

            L’espace intérieur de la maison est découpé selon une conception du sacré et non pas seulement en fonction de besoins concrets et objectivables : en général, deux chambres, une cour intérieure (rahba), un petit magasin à provisions et un petit enclos pour les animaux (taghemmin).
            Ce petit enclos est d'une importance capitale, en tant que premier broyeur des déchets ménagers.
            Tout déchet domestique se transforme immédiatement en aliment de bétail dont les déjections sont recyclées en un engrais assez recherché.
            Ce fumier, mélangé aux cendres du foyer (kanûn), sert à bonifier l'ajdal, ce jardin que chaque maison possède.
            Compte tenu de sa qualité, ce fumier fait souvent l'objet d'une clause spéciale.
            Le propriétaire d'une maison, avant de la louer, exige du futur locataire, comme condition préalable, la récupération du fumier (laghbâr) aussi bien humain qu'animal.

            Le symbolisme animal est des plus foisonnants et chaque espèce possède une histoire qui mérite un long développement.
            Nous ne traiterons ici que du symbolisme animal dans sa globalité.
            Si la cynégétique, l'hippologie et l'ichtyologie sont des disciplines pratiquées depuis longtemps, le Coran et la tradition ont apporté avec eux une nouvelle organisation du bestiaire préislamique et donné naissance à toute une zoologie sacrée. Rappelons seulement, en préambule, que les animaux domestiques sont protégés par les Musulmans, en raison de l'aide ou du réconfort qu'ils leurs apportent. En outre, une légende islamique prévient qu'ils témoigneront contre leurs maîtres lorsque, au jour du Jugement dernier, ceux-ci comparaîtront devant leurs juges.
            Le Prophète aurait vu en songe une femme avenante qui, pour avoir laissé son chat mourir de faim, avait été furieusement égratignée par lui dans la tombe .
            On prête à Al-Kisaï (VIIe siècle) d'avoir entendu l'Envoyé de Dieu dire que les animaux furent privés de la parole par Allah le jour où ils désobéirent à Adam qui leur demandait de labourer la terre .
            L'autre explication de la présence du bétail dans les maisons est liée aux croyances qui font que les animaux peuvent constituer un rempart contre le néfaste.
            La croyance veut que les ovins et les caprins qui cohabitent dans le même espace que l’homme, à l’intérieur de la maison, soient des écrans contre le danger. Ceci est à relier au sacrifice qui consiste à tuer un mouton ou un autre animal, à faire couler le sang pour éviter une catastrophe que l'on sent imminente ou pour évacuer un mal déjà là.

            Un autre élément très important et même structurant de la maison ksourienne est le patio ou wast dār.
            C’est autour de cet élément que s’organise la maison.
            Chaque face s’ouvre sur un espace appelé bayt.
            Quand des contraintes techniques empêchent une de ces ouvertures, sur un côté mitoyen à une autre maison ou donnant sur l'extérieur, l'ouverture est simulée. Une porte aveugle est dessinée à même le mur, bien marquée par un arc et ses décors.
            dz(0000/1111)dz

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            • #7
              Merci bien de l'apport que vous nous faites sur notre histoire et culture,

              Personnellement ça me rappelle les caravanes qui venaient du Sud et se rendaient jusqu'en Kabylie.

              Alors que j'étais petit, c'était un plaisir de voir ces chameliers au ville ou ils vendaient leur dattes et le sel et achetaient des céréales qu'ils emportaient chez eux.
              L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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              • #8
                Intéressant,

                Merci pour le partage.

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                • #9
                  C'est aussi l'Algérie

                  Merci katieret ... j'ai remarqué qu'a la capitale Alger il y a un le syndrome du pouvoir tout proche, du coup les personnes flottent et sautent comme des puces et adorent les intrigues mais peut être c'est juste moi qui a cette impression

                  je vous jure que parfois j'ai l'impression qu'ils font semblant de vivre mais bon ... ça doit être pareil dans toutes les capitales du monde ça

                  Je connais très bien cette région.

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                  • #10
                    Personnellement ça me rappelle les caravanes qui venaient du Sud et se rendaient jusqu'en Kabylie.

                    Alors que j'étais petit, c'était un plaisir de voir ces chameliers au ville ou ils vendaient leur dattes et le sel et achetaient des céréales qu'ils emportaient chez eux.
                    bonjour Avucic oui c'est vrais tu me fait rappeler aussi ces diligence qui assure les courrier postale et transport des voiyageur la Kabylie et sud algérien il faut pas oublier que durent la période du hadj les pèlerin de la région kabyle utilise ces caravane comme moyen de transmission et savoir pour leur devoirs a la mecque

                    L’histoire économique et culturelle de l’Afrique ne peut se dissocier de l’histoire et de l’évolution qu’a connu le commerce transsaharien, grâce à l’introduction du dromadaire, conjugué à la découverte de nouvelles voies de communications, voies qui permirent l’intensification des échanges entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest du continent africain, l’Orient et l’Occident musulman.

                    Mais en réalité que savons-nous des mouvements caravaniers, et du rôle qui fut le leur, dans la transmission du savoir et sur le volume des échanges que ce moyen autorisa ?
                    Nous avons du mal à nous imaginer aujourd’hui l’importance et la densité d’un tel réseau, qui, pareil aux fils d’une immense toile, contribuera de façon substantielle au développement économique et culturel du continent africain depuis l'antiquité .
                    Reliées entre elles par le mouvement ininterrompu des caravanes, des cités prestigieuses virent ainsi le jour, grâce à cet extraordinaire réseau de communication.
                    dz(0000/1111)dz

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                    • #11
                      Timimoun l’oasis rouge ; les ksours du gourara au Sahara d'Algérie

                      dz(0000/1111)dz

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