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La Chine prend de l’avance dans le cryptage des communications

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  • La Chine prend de l’avance dans le cryptage des communications

    La Chine a pris une longueur d’avance dans la maîtrise des technologies de cryptage en lançant, mardi 16 août, un satellite de communication quantique. Pékin se démarque ainsi en mettant à l’essai, au niveau spatial, une technique de transmission de clés d’encodage réputée inviolable, fondée sur les lois de la physique quantique. Le projet est suivi de près par les physiciens mais aussi par les militaires.

    Une fusée Longue Marche 2-D tirée mardi à 1 h 40 de la base de Jiuquan, dans le désert de Gobi, a placé en orbite un satellite d’expérimentation quantique à échelle spatiale (Quess, selon l’acronyme anglais). Egalement surnommé Mozi, du nom du philosophe et scientifique chinois du Ve siècle avant J.-C., il permettra, sur une mission de deux ans, de tester l’envoi de clés hypersécurisées.

    « De tels moyens en disent long sur les ambitions de la Chine. Elle n’hésite pas à investir des sommes colossales dans ces recherches », commente Hoi Kwong Lo, chercheur en cryptographie quantique à l’université de Toronto (Canada). La recherche quantique est l’une des priorités du treizième plan quinquennal, feuille de route présentée en mars et qui guidera l’économie chinoise jusqu’à la fin 2020.

    Clés de chiffrement

    De son côté, le Conseil national américain des sciences et technologies note dans un rapport rendu public le 26 juillet que si les Etats-Unis dépensent actuellement 200 millions de dollars (177 millions d’euros) par an dans ce domaine de recherche, leur rythme de progression dans le domaine de l’information quantique a souffert de « l’instabilité » des financements.

    Le protocole du satellite chinois utilise des propriétés quantiques des photons qui peuvent être corrélés de telle manière que modifier l’un modifie immédiatement son jumeau, trahissant donc une intervention non désirée.

    Si les signaux transitant entre le satellite et la Terre sont interceptés par un espion, la source s’en rendra compte immédiatement et n’utilisera pas les informations envoyées. Des clés de chiffrement de messages pourront ainsi être transmises sans risque, assurant alors la sécurité des communications.

    Derrière ce projet se trouve un scientifique chinois, Pan Jianwei. A la fin des années 1990, M. Pan a effectué sa thèse à l’université de Vienne, sous la direction d’un chercheur en physique quantique, Anton Zeilinger. Ce dernier raconte avoir demandé un peu plus tard à l’Union européenne (UE) d’appuyer un programme de développement d’un satellite quantique sans jamais avoir obtenu les financements.

    De leur côté, les Chinois ont perçu les applications stratégiques d’une telle technologie, y voyant un intérêt national. M. Pan, devenu vice-président de l’Université chinoise des sciences et technologies, a pris, en 2011, la tête de ce nouveau programme.

    « Beaucoup de gens pensent que les communications quantiques joueront un rôle, notamment, dans le futur d’Internet. C’est à double usage, on pourra aussi bien crypter une communication militaire que commerciale, ce ne sera qu’une question d’applications », résume par téléphone le professeur Zeilinger, qui assiste Pan Jianwei sur le projet chinois et était présent lors du lancement de la fusée.

    « Usage à l’échelle planétaire«

    En mai, M. Pan se référait aux fuites de dossiers de l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine pour justifier le développement par la Chine de nouvelles technologies de cryptage. « Le cas Edward Snowden nous a appris que, dans les réseaux de transmission, l’information est exposée au risque d’être surveillée et attaquée par des hackers », déclarait-il à la presse officielle. La Chine testera d’abord des communications sécurisées entre Pékin et Urumqi, grande ville de l’ouest du pays distante de 2 400 kilomètres, puis entre la capitale chinoise et celle de l’Autriche.

    La technologie de cryptage quantique est déjà utilisée au sol, par exemple à l’essai entre des banques reliées par fibre optique, mais sur des distances très limitées. « On sait depuis plusieurs années faire du cryptage quantique dans une même ville, mais pas entre des régions éloignées. L’emploi du satellite permet d’envisager un usage à l’échelle planétaire », résume Alexander Ling, professeur au Centre de technologies quantiques de l’université de Singapour.

    Le président chinois, Xi Jinping, avait regretté en mai la « faiblesse » de son pays, « toujours sous le contrôle d’autres pour ce qui est des technologies fondamentales dans les secteurs clés ». Il avait détaillé les objectifs fixés par l’Etat : s’imposer comme « l’un des pays les plus innovants en 2020 » puis comme une puissance technologique incontournable en 2049, pour le centième anniversaire de la fondation de la République populaire.

    David Larousserie
    Harold Thibault

    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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