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Oman : miracle ou mirage ?

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  • Oman : miracle ou mirage ?

    Un pays arabe pacifique, dépassionné, sûr, tolérant… cela tient du miracle, et c'est Oman. Mais les défis sont lourds pour le sultanat et le despote éclairé qui le dirige. Par Pierre-Yves Cossé, ancien commissaire au Plan

    Un pays arabe pacifique, dépassionné, sûr, tolérant, respectueux des minorités ethniques et religieuses, attaché à l'environnement et à la biodiversité au point d'interdire la chasse, protecteur de son patrimoine architectural, créateur de villes nouvelles sans gratte-ciels, cela existe et cela s'appelle Oman.

    Ce pays de quatre millions d'habitants, situé dans une des zones les plus instables du monde et entouré de pays en guerre, Yémen, Arabie Saoudite, Iran, est sous la surveillance permanente des grandes puissances. Elles ont toutes intérêt au maintien de la stabilité car plus de la moitié des échanges pétroliers du monde passe le long de ses côtes (détroit d'Ormuz)

    Cette vigilance internationale contribue à la tranquillité du pays. Elle ne suffit pas à expliquer le « miracle » Il faut chercher d'autres raisons.

    Aux origines du "miracle"

    La première est liée à la géographie et à l'histoire. Oman est ouvert sur le monde. Les Omanais de la côte sont depuis l'antiquité des marins et des commerçants, se livrant à des trafics de tout genre, du cuivre vers l'empire assyrien, des armes, des épices, de l'encens et des esclaves tard dans le 19è siècle (transportés sur des bateaux portant pavillons français...). Ils ont été même des colonisateurs en Afrique (océan indien) ou au Baloutchistan. Un temps, le sultanat avait deux capitales, Zanzibar et Mascate. Avec les changements politiques et la décolonisation, beaucoup de ces colonisateurs sont revenus à Oman et se sont mêlés à la population locale, introduisant une touche de noir car ils s'étaient métissés.

    Oman, du fait de sa position stratégique entre l'Asie et l'Europe, a attiré de nombreux envahisseurs, depuis les Grecs jusqu'aux colonisateurs portugais (16è siècle) et aux Anglais, qui éliminèrent longtemps la France du jeu omanais. L'Angleterre qui a aidé le sultan actuel à accéder au pouvoir en 1970 au détriment de son père puis à régler des conflits intérieurs, reste très influente. Longtemps, les élites omanaises venaient se former à Londres.

    La seconde, c'est le sultan actuel, Quabus Bin Saïd, un despote éclairé, efficace et prudent. Tout était à faire en 1970 : une seule école, pas de routes, pas d'avions ni d'hélicoptères. Tout ce que voit le visiteur aujourd'hui- ou presque- est quasiment neuf. De nombreuses infrastructures ont été réalisées : écoles (taux de scolarisation à 85% filles comprises) universités, routes fort bien entretenues, oléoducs et gazoducs, aéroports et lancement d'un gigantesque hub aéroportuaire au centre du pays (Doqum)

    Toutes ces réalisations ont été rendues possible par la découverte, relativement tardive, de pétrole et surtout de gaz dans les sables et terres tourmentées du sud. Sans être un pays aussi riche que ses voisins, la ressource tirée des hydrocarbures a permis de financer, outre les infrastructures, des plans de développements incluant la pétrochimie et un tourisme de qualité (d'excellents hôtels ont été ouverts)

    La rente a servi non seulement à financer la croissance mais aussi un Etat-providence. Une bonne part a été redistribuée au profit des Omanais sous forme de régimes sociaux extrêmement généreux dans les domaines de la santé, des retraites et du logement. L'impôt direct est inconnu.

    Aussi spectaculaire que soit la transformation économique et sociale intervenue en un demi-siècle, l'essentiel du miracle n'est pas là. Il est plus qualitatif et diffus.

    Un fabricant de paix

    Le sultan a été un unificateur, un fabricant de paix et d'harmonie.

    Paix à l'intérieur, il est venu à bout des guerres civiles, rapprochant les bédouins de l'intérieur et les hommes de la côte, offrant à chacun des perspectives de développement. Il a fait des Omanais des citoyens, fiers de leur pays et de leur histoire, même si l'appartenance tribale demeure. Sur cinq cents forts et châteaux, dont certains d'origine portugaise, quatre cents ont été restaurés. Un programme de restauration des vieux villages aux hautes maisons en pisé ou bauge, qui font penser au Yémen, a été lancé. Soucieux d'une modernisation qui ne rompe pas avec le passé, il a imposé un urbanisme à l'échelle humaine, interdisant les barres et les tours. Avec l'aide d'architectes venant d'Inde, des maisons reprenant des motifs décoratifs traditionnels se sont multipliées, les unes modestes, les autres très riches, avec une place donnée aux espaces verts.

    Paix à l'extérieur, entretenant des relations avec tous ses voisins (Iran compris) refusant de participer aux interventions militaires -actuellement absent des coalitions contre le Yémen ou contre l'Etat Islamique, offrant sa médiation, appréciée parce que discrète, pour la solution des crises, les grandes (l'Iran où son rôle a été particulièrement apprécié par les Etats-Unis) et les petites (enlèvements d'Européens)

    Pour autant, a-t-il fait de l'Omanais un homme nouveau, alliant la tradition et la modernité ? Une distinction entre hommes et femmes s'impose. Les hommes portent avec élégance la longue tunique au col rond (didasha) généralement d'un blanc immaculé, mais parfois grise et noire, qui dissimule l'obésité. Elle est assortie d'un turban généreux ou d'une petite coiffe ronde colorée. Un seul homme peut en posséder une trentaine, elles sont harmonisées avec le liseré et le cordon de la didasha. L'Omanais des villes, dont le revenu est comparable à celui d'un Portugais, parait à l'aise avec tout ce qui représente la modernité, le portable, la voiture. Grand bénéficiaire de l'Etat Providence et de la politique d'omanisation mise en œuvre par le sultan, il trouve un emploi dans l'administration ou dans l'entreprise qui ne peut recourir exclusivement à la main d'œuvre étrangère mais sa productivité est faible.

    La jeune Omanaise est instruite, elle réussit mieux dans les écoles et les universités que son homologue masculin. Elle est présente dans les bureaux mais le poids de la tradition est pesant. Certaines portent avec une élégance faisant penser aux Iraniennes le hijab. D'autres, même en ville, ont le visage et le corps recouvert d'un niqab. Dans les villages, des hommes emmènent dans leur voiture des femmes en niqab dans les magasins. La polygamie est en recul et l'excision serait pratiquée sur les Omanaises d'origine africaine. Pour des occidentaux, il reste beaucoup de chemin à faire.

    Un sultan discret

    Qui est au juste Quabus Bin Saïd ? Ici que le miracle comporte une part de mystère. Le sultan cultive la discrétion et le secret, même si les portraits de ce très bel homme, cavalier émérite et amateur de musique classique (un opéra grandiose tout de marbre blanc a ouvert récemment à Mascate) figurent dans tous les lieux publics. Cette discrétion est-elle en lien avec une homosexualité, sue de tous et tue par tous, qui se serait déclarée à l'académie royale militaire de Sandhurst, où il se serait uni avec un anglais ? Il semble plutôt que ce soit un choix politique. Son audace notamment diplomatique, qui suscite l'hostilité de nombreux pays arabes, est tolérée parce qu'elle est discrète. Plutôt que s'agiter et paraître, il préfère influencer, agir et utiliser tous les leviers du pouvoir, en cumulant les fonctions, y compris celle de gouverneur de la Banque Centrale.

    Cette action a des limites. Quabus veut certes le bonheur de son peuple mais un peuple constitué uniquement d'Omanais, à l'exclusion des étrangers, soit le tiers de la population. Venus généralement de pays d'Asie (Inde, Bangladesh, Pakistan) ces immigrés sont irremplaçables, d'autant que les Omanais se refusent à exercer un certain nombre de tâches, en particulier dans le tourisme. Leurs droits sont limités mais leur condition meilleure que dans les Emirats ou en Arabie Saoudite.

    La suite....
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Les partis politiques interdits

    Despote, il ne fait aucune place à la démocratie et les partis politiques sont interdits. Eclairé, il s'entoure de conseils et il a créé des institutions originales : assemblée consultative élue tous les quatre ans et une sorte de Chambre Haute dont il désigne les membres, parmi lesquels de nombreux hommes d'affaires.

    Son despotisme s'étend à la religion. L'imamat ayant été supprimé, il se considère comme l'Imam d'Oman, sans ostentation pour autant. Il détermine l'interprétation de la charia dans un sens libéral, et le contenu des prêches du vendredi. Il finance la construction de nouvelles mosquées. Comme il n'est pas le seul financeur, le nombre de mosquées nouvelles est impressionnant. La Grande Mosquée du Sultan (2001) à côté de l'aéroport de Mascate, témoigne de son engagement religieux. Elle est la plus grande du pays et son architecture est délibérément éclectique combinant les influences indiennes et persanes, afin d'accueillir les musulmans de toute obédience. Cette ouverture religieuse est facilitée par l'Islam pratiqué par la majorité des Omanais, l'ibadisme.

    L'ibadisme pourrait être la troisième explication du miracle. Apparu dès les origines, l'ibadisme omanais est tolérant, notamment dans le domaine des mœurs et respectueux des autres religions du livre. Les travailleurs étrangers peuvent pratiquer librement. Nous l'avons constaté pour des immigrés chrétiens du Kerala.

    Premier défi, gérer la chute des prix pétroliers

    Miracle, certes, mais miracle éphémère, qui pourrait s'évanouir comme un mirage. C'est ce qu'affirment une partie des observateurs en relevant les trois défis du sultanat.

    Le premier est l'effondrement du prix des hydrocarbures. Ils représentent 40% du PIB et au moins 80% des recettes budgétaires, l'équilibre des finances publiques impliquant un prix de l'ordre de 80 dollars le baril. En 2014, le PIB est en recul et le budget en déficit. En 2015, la situation devrait s'aggraver, sauf une remontée improbable et spectaculaire des prix. Certes, les réserves en devises sont substantielles mais elles ne sont pas toutes mobilisables immédiatement. Certes, il existe des marges de manœuvre budgétaires et les dépenses prévisionnelles sont en baisse de plus de 10%. Les subventions aux produits de consommation sont réduites et certains grands projets sont ralentis ou ajournés. Une autre marge de manœuvre est l'emprunt extérieur, le pays étant peu endetté et les banques internationales commencent à s'intéresser à Oman.

    Si les prix des hydrocarbures restaient bas plusieurs années, l'équilibre social, fondé sur une redistribution de la rente serait menacé. Les prestations sociales diminueraient, des impôts devraient être créés et les Omanais devraient travailler plus et mieux.

    Une telle inflexion suppose un pouvoir légitime et pédagogue tandis que la politique de diversification de l'économie- déjà amorcée- devrait être accélérée.

    Quelle sécurité extérieure et intérieure ?

    Le second défi est la sécurité extérieure et intérieure. Dans une région agitée par des guerres de toute sorte, Oman pourra t'il rester la Suisse du Moyen Orient? Le danger le plus immédiat vient de son voisin, le Yémen engagé dans des conflits dont on ne voit pas l'issue. Le sultanat en est parfaitement conscient. Il dispose d'une véritable armée et il a bouclé la frontière. Il entretient des relations de coopération avec les tribus situées des deux côtés de la frontière et la vigilance de ses services secrets et de sa police est extrême. Tout ce dispositif a été pour l'instant efficace. Constatons que Daech n'a pu infiltrer aucun commando et qu'il n'y a pas eu d'attentat.

    Le troisième défi est la succession du sultan. Le septuagénaire Quabus est atteint d'un cancer, et il fait de longs séjours en Allemagne où il est soigné. La succession d'un autocrate n'est jamais chose facile et s'il est homosexuel la difficulté croit. Les autorités sont rassurantes. S'il n'a pas désigné d'héritier, il a fixé les règles. Des conseils seront réunis et s'ils ne parviennent pas à faire un choix parmi les quatre-vingt membres de la famille éligibles dans un délai de trois jours, une enveloppe sera ouverte sous le contrôle du Conseil National de Sécurité. Elle contient le nom du nouveau sultan.

    Tous ces défis peuvent être relevés. Le risque est celui de la simultanéité. Il est probable que le successeur ne sera pas paré de toutes les qualités de Quabus. Si le nouveau sultan avait à résoudre en même temps une crise de sécurité et une crise sociale, aura-t-il la légitimité et la capacité pour y faire face ? Nul doute que les chancelleries continueront à suivre de près ce qui se passe à Mascate.

    On peut s'étonner qu'on parle aussi peu d'Oman à Paris, en dehors du tourisme et de quelques projets d'investissements. La discrétion est recherchée par le sultan et son ambassadeur à Paris. Mais cette règle ne vaut pas pour nos médias. Il est vrai que la position de la France est relativement modeste, en dépit de notre présence ancienne dans l'océan indien. Les relations remontent à Louis XIV mais Oman, relais entre l'Angleterre et son empire des Indes, ne pouvait diversifier ses relations avec l'Europe en nouant des relations étroites avec un pays concurrent.

    En 2015, nos exportations ne représentent que 2% de l'ensemble et nous occupons la quatorzième place. Il faudrait ajouter les exportations militaires et les marchandises qui passent par Dubaï, voire par la Turquie (voitures Renault). Notre place est meilleure pour les investissements, la quatrième (bien loin du Royaume Uni) Elle est significative dans le domaine de l'eau et de l'énergie (Degrémont, Engie, Véolia)

    Notre présence culturelle est de qualité (musée franco-omanais de Mascate, archéologie) mais nos moyens sont limités. Comme dans presque tous les pays, le conseiller culturel est quasiment seul. La francophonie reçoit un renfort inattendu : les Omanais revenus d'Afrique Noire (Ruanda, Burundi) et les Maghrébins, les centaines de Tunisiens recrutés comme professeurs et les Algériens travaillant dans le secteur de l'ingénierie et le pétrole.

    En 2016, ce qui importe le plus dans les relations franco-omanaise, c'est un dialogue politique de haut niveau sur les rapports de force au Moyen-Orient, l'évolution des conflits et la sécurité impliquant des échanges d'information. Espérons que ce dialogue existe, même s'il se doit d'être discret.

    Pierre-Yves Cossé
    La Tribune
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    • #3
      Une oasis pour l'investissement



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      • #4



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        • #5
          touba

          tu as tout à fait raison, il fallait prendre en consideration le "kharidjisme", l'assassinat de ali et leur influence sur les ibadites de Gherdaia
          "Qui ne sait pas tirer les leçons de 3 000 ans, vit au jour le jour."
          Johann Wolfgang von Goethe

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          • #6
            Oman un pays pacifique? Mais quels sont ces imbéciles de journalistes qui écrivent de tels articles sans vérifier l'essence de leur dire? Les omanais suive la doctrine du kharidjisme, une doctrine ultra-violente héritée des Khawaridj qui ont tué sidna Ali 'alayh asalam et ont fait couler le sang des musulmans pendant des siècles. Ils ont une doctrine ultra-rigoriste qui pousse forcement à la réussite économique puisqu'elle s'applique à marche forcée, les Mzab de Gherdaia en Algérie sont de leur bord et DAESH est aussi de leur bord même si il ne s'en revendique pas.
            si non tu sais qu'il y a des médecin pour ça non ??
            tu tombe je tombe car mane e mane
            après avoir rien fait ...on a souvent le sentiment d'avoir faillie faire ....un sentiment consolateur

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            • #7
              Ils représentent 40% du PIB et au moins 80% des recettes budgétaires,

              En gros comme la majorité des pays pétroliers , c'est pas parce que les rues sont plus propre que cela change la donne

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              • #8
                Envoyé par tizout
                Ils représentent 40% du PIB et au moins 80% des recettes budgétaires,

                En gros comme la majorité des pays pétroliers , c'est pas parce que les rues sont plus propre que cela change la donne
                Non, ils n'ont pas eu le même développement que les autres pays pétroliers, ils ont eu un développement maitrisé et respectueux de leur environnement, ils ont fait les réformes nécessaires et sont déjà entré dans l'OMC en 2000, tu peux voir la courbe du PIB, elle est exponentielle malgré une baisse du à la chute de pétrole, ils ont déjà bien entamé la diversification de leur économie, ils sont sur la bonne voie. Tu verras dans cinq ans.



                A la fin des années 60, le sultanat d’Oman était l’un des pays les plus pauvres du monde. Le revenu par habitant est passé, en 42 ans, de 450 à plus de 21 000 dollars, alors même que le nombre d’habitants a été multiplié par quatre.

                L’économie omanaise repose principalement sur un développement pétrolier et gazier (80% des recettes de l’Etat et près des deux tiers des exportations). Oman, qui ne fait pas partie de l’OPEP, dispose de réserves limitées. L’économie du pays a enregistré une croissance en volume de 2,5% en 2015.

                La diversification de l’économie est au cœur des préoccupations des autorités omanaises. Quatre axes majeurs de développement ont été identifiés : la production minière, le tourisme haut de gamme, les filières industrielles et les infrastructures portuaires, aéroportuaires et ferroviaires. Le projet ferroviaire constitue d’ailleurs le plus ambitieux projet d’infrastructures jamais entrepris en Oman. Dédié au transport mixte (marchandises à des vitesses de 80 à 120 km/h et passagers à une vitesse maximale de 200 km/h), son coût global est estimé à près de 12 milliards d’euros et s’intègre dans le projet de réseau ferré du CCEAG. Le développement de la zone économique de Doqm et l’expansion de la raffinerie de Sohar constituent, aux yeux des autorités omanaises, deux autres priorités d’investissements.

                Dans un contexte de baisse du prix du pétrole depuis la fin de l’année 2014, le Sultanat a décidé de réduire les subventions sur certains produits de base (carburants notamment), .

                L’état, qui détient encore des participations majoritaires dans de nombreuses entreprises, cherche en outre à réduire ses parts en favorisant les privatisations et l’ouverture aux capitaux étrangers. Il encourage également l’emploi de jeunes nationaux (« l’omanisation ») dans le but de réduire un taux de chômage estimé à 12% de la population active.
                Dernière modification par zek, 18 août 2016, 20h33.
                Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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                • #9
                  Un producteur de pétrole modeste, mais doté d’un riche héritage et d’un potentiel économique diversifié

                  Le pétrole a en effet permis à l’Oman de rattraper en trente ans son retard économique et social et de prodiguer à sa population un niveau de vie décent. D’après le recensement de 1993, le premier jamais effectué dans le pays, la population s’élevait à 2 millions d’habitants, dont près de 1, 5 million d’Omanais (73, 5 %) et plus de 0, 5 million d’expatriés, concentrés en majorité dans l’aire métropolitaine de Mascate où ils représentaient 46 % de la population. 52 % de la population avait moins de 15 ans, et 3 % seulement plus de 64 ans, son taux de croissance annuel atteignant 3, 5 % par an.

                  L’économie omanaise a triplé de volume depuis 1980, et poursuit son expansion à un rythme soutenu, comme en témoigne l’objectif stratégique contenu dans le plan «*Vision 2020*». Les projets de développement, souvent très ambitieux, focalisent l’attention autant sinon plus que les réalisations, déjà souvent impressionnantes. Après l’ère des infrastructures débute celle des grands projets industriels et de services, qui doivent projeter l’économie omanaise sur la scène mondiale.

                  Dès le début des années 80 en effet, à l’époque où les cours élevés du pétrole finançaient encore largement le train de vie de l’Etat et de la population, Oman s’était préoccupé de l’après-pétrole, en mettant en place une ambitieuse politique d’industrialisation. Celle-ci a d’abord misé sur la substitution aux importations*; c’est ainsi qu’avaient été construits une meunerie, deux cimenteries, une raffinerie de pétrole et qu’avait été remise en exploitation une antique mine de cuivre. Cette politique a été réajustée au début des années 90 pour tenir compte de l’ouverture de l’économie mondiale et l’étroitesse du marché intérieur*: l’Etat vise maintenant à mettre en place un secteur industriel voué à l’exportation, s’engageant ainsi dans la voie d’une internationalisation de l’économie.

                  Cette politique demande des réformes dans la structure juridique et financière du secteur moderne de l’économie, ainsi qu’un effort considérable de formation de la jeunesse. Ces efforts seront douloureux et leurs résultats incertains, car en dépit des atouts et de la bonne réputation dont bénéficie le pays à l’extérieur, nul ne peut garantir que le passage d’une économie de rente à une économie de production et l’insertion de celle-ci dans le système économique mondial se feront sans heurts.

                  Le sultanat est en effet confronté à l’échéance prochaine de la fin de sa production pétrolière que ne pourra pas totalement compenser l’exportation gazière et à l’arrivée sur le marché de l’emploi des jeunes générations nées à l’époque de la prospérité. Du fait de la politique nataliste et du confort dans lequel ils ont grandi, ces jeunes sont nombreux, relativement mieux formés et surtout plus exigeants que leurs aînés, d’autant qu’ils ont la possibilité de comparer leur sort avec celui de leurs voisins des Emirats ou d’Arabie.

                  L’état omanais est conscient de ces défis et a établi une stratégie à long terme, fondée sur l’investissement industriel, seul à même d’occuper la jeunesse, en lui donnant une formation et en préservant ce que l’ on pourrait appeler l’identité omanaise. Mais l’industrie lourde, les industries de transformation et les services financiers ne doivent pas faire oublier que l’Oman n’est pas un Emirat mirage surgi des sables à la faveur de la richesse pétrolière. Agriculture, élevage, pêche et commerce maritime ont été durant des siècles les piliers de l’économie et continuent de manifester une grande vitalité. Alliés au tourisme, nouveau venu, ces spéculations traditionnelles pourraient fournir de nombreux emplois et assurer une répartition spatiale et sociale moins inégale du revenu national.
                  Dernière modification par zek, 19 août 2016, 07h43.
                  Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

                  Commentaire


                  • #10
                    Trente années d’efforts de développement

                    L’Etat est l’acteur majeur du développement économique ; c’est lui qui fixe les objectifs et assure les moyens, à travers les plans quinquennaux et des programmes stratégiques à plus long terme comme Vision 2020. C’est aussi lui qui encadre l’activité économique par la mise en place progressive d’un code juridique approprié. Ce faisant, l’Etat jouit d’une certaine latitude, mais les technocrates qui peuplent de plus en plus les ministères sont étroitement chapeautés par les institutions financières internationales (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) qui fournissent des avis et des conseils sur la marche à suivre, comme par exemple actuellement l’accent à mettre sur le développement des ressources humaines.

                    D’autre part, l’Etat omanais n’est pas un corps désincarné planant au-dessus de la société*: il exprime dans ses choix économiques un état des rapports de force sociaux, et un arbitrage entre des intérêts à court et à long terme, individuels et collectifs. Les contraintes qui pèsent sur l’Etat sont la baisse annoncée des recettes du pétrole et l’importance de la jeunesse1. La contrainte externe de l’ouverture, imposée par les institutions financières internationales, doit être confrontée avec d’autres contraintes en sens inverse, qui ne sont pas évoquées aussi ouvertement, comme la nécessité de maintenir la fortune et le statut d’un certain nombre d’acteurs*(la famille royale, quelques entrepreneurs richissimes qui détiennent l’essentiel des capitaux privés du pays, l’armée) et de maintenir l’unité nationale en poursuivant la politique de saupoudrage de la rente auprès des chefs de tribus et des notables civils ou religieux, en particulier dans l’intérieur. En effet, si l’on en croit la rumeur locale, un quart des ressources serait dévolu au Sultan et à son entourage, un quart aux puissants du royaume et la moitié au fonctionnement de l’Etat et aux besoins de la population. Mais ces estimations qui ne valent que par ce qu’elles révèlent d’opacité du pouvoir et de désenchantement de l’homme de la rue à Mascate, devraient encore faire la part des contrats d’armement, source considérable de ressources pour la hiérarchie militaire et les premiers cercles du pouvoir.

                    Tout l’art de gouverner ce pays consiste à concilier ces exigences parfois contradictoires*: c’est le rôle dévolu jusqu’ici au Sultan et à son entourage (diwan maliki), puis aux Ministres, au sein desquels la vieille garde fait difficilement place à de jeunes diplômés. Chargés de faire fonctionner le système tout en préparant un avenir stable et prospère pour la nation, ceux-ci doivent satisfaire leurs propres intérêts et ceux de leur milieu d’origine sans ignorer les exigences des grands entrepreneurs ni celles des vieilles familles de négociants ou des chefs spirituels et temporels traditionnels. Ils peuvent s’appuyer sur les deux Conseils mis en place récemment*: le majlis al-Choura, censé représenter la population dans toute sa diversité, sur une base territoriale qui comprend toujours une dimension tribale*; les membres aujourd’hui élus de ce Conseil veillent à leurs intérêts et les préoccupations locales ou régionales l’emportent sur l’intérêt national, tandis que le majlis lil-dawla, composé de Sages choisis pour leurs compétences, est chargé d’élaborer la prospective à long terme, avec l’objectif de permettre une évolution en douceur du Sultanat.

                    b) Un développement programmé

                    Dès 1975, un Conseil pour le Développement avait été créé, de manière à gérer de manière rationnelle la manne engendrée par le quadruplement des cours du brut. Ce Conseil inaugura la planification des dépenses qui caractérise depuis lors la politique de développement économique du Sultanat, sous la forme de plans quinquennaux. Ceux-ci ne sont en réalité guère qu'une budgétisation prospective des dépenses de fonctionnement et d'investissement de l'Etat, établissant un certain nombre de priorités.

                    Mais leur exécution a toujours été imparfaite, que ce soit par défaut de recettes pétrolières ou par excès d’ambition comme dans le domaine de l'omanisation ou du développement de l'entreprenariat privé. Peut-être la nature même de l'exercice, forcément comptable et quantitative, ne laisse-t-elle pas suffisamment de place à une évaluation qualitative des résultats en termes de développement économique et social ou de gestion des entreprises publiques. Il faut donc prendre les objectifs proclamés ou les réalisations affichées avec prudence et voir dans ces plans quinquennaux la preuve du souci des autorités de maîtriser le développement du pays. On verra plus loin que la tâche n'est pas aisée et que la tentation est grande de ranger sous l'étiquette du développement intégré des projets ou des opérations qui ont chacun leur logique propre et qui ne concourent pas toujours autant qu'il y paraît à l'objectif global*:

                    - Le premier plan quinquennal (1976-1980) coïncidant avec le boom pétrolier, a permis d'édifier les grandes infrastructures (bâtiments publics, routes, centrales électriques…) de manière à fournir les bases d'une économie à croissance rapide et à ouvrir la voie au développement du secteur privé*;

                    - Le deuxième plan quinquennal (1981-1985) a achevé les grands travaux d’infrastructure, mettant l’accent sur le développement des ressources en eau et sur le développement régional*;

                    - Le troisième plan quinquennal (1986-1990) conçu dans la lignée des précédents, en tablant sur une augmentation régulière des ressources tirées du pétrole, a été rendu inopérant par le retournement de la conjoncture et l’Etat a dû procéder à une dévaluation de 10 % du rial et renoncer au lancement de nouveaux projets*;

                    - Le quatrième plan quinquennal (1991-1995) s'était fixé des objectifs modestes, compte tenu des difficultés budgétaires du pays. Lié à la diversification de l’économie, le développement régional a été maintenu parmi les priorités, pour freiner l'écart tendant à se creuser entre l'aire métropolitaine de Mascate et le reste du pays et pallier l'incapacité de l'Etat à continuer à financer seul l'élévation du niveau de vie dans l'ensemble du Sultanat. 60 % des fonds distribués concernèrent les provinces, contre 34 % seulement dans le plan précédent. Le déficit dû à la contraction du marché pétrolier avait dû être compensé par des emprunts à l'étranger, solution provisoire qui ne pouvait être qu'un pis-aller.

                    La formation des jeunes Omanais, préalable indispensable à l'omanisation des emplois, y avait été élevée au rang de priorité : la part des Omanais dans la population active était censée passer de 36 % du total en 1995 à 42 % en 20002*;

                    - Le cinquième plan quinquennal (1996-2000) était également conçu sous l'emprise d'un déficit des finances publiques, qui atteignit son maximum en 1998, en dépit de la volonté affichée de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2000 ; mais il était considéré comme différent des précédents, dans la mesure où il était chargé de préparer l'ouverture de l'économie omanaise au marché mondial, avec une participation accrue du secteur privé et cela dans le cadre d'une prospective à long terme.

                    Celle-ci, intitulée «*Vision 2020*», avait été élaborée lors d’une conférence tenue à Mascate en juin 1995. Ses objectifs chiffrés étaient les suivants*:

                    Réduction de la part du pétrole brut dans le PIB de 42 % en 1996 à 9 % environ en 2020*;
                    Hausse de la part du gaz de moins de 1 % en 1995 à 10 % en 2020*;

                    Augmentation de la part du secteur industriel non-pétrolier de 7, 5 % en 1996 à 29 % en 2020, partagés pour moitié entre l’industrie de transformation et le secteur minier (l’Oman possède en effet de nombreuses ressources inexploitées*: charbon chromite, cuivre, plomb, fer, zinc, nickel, or et argent).

                    - Le VIè plan quinquennal (2001-2006) bénéficie jusqu'ici d'un raffermissement sensible de la conjoncture pétrolière depuis la mi-1999. Il est placé sous le signe de l'accélération de la croissance, celle-ci devant être tirée par les exportations non-pétrolières. Résolument inscrit dans une perspective d'ouverture au marché mondial, il prévoit un large volant de privatisations et d'ouverture des services financiers dans un souci immédiat d'économies et de désengagement de l'Etat, commun à l'ensemble des pays du CCG, mais aussi dans l'espoir de retenir les capitaux omanais et de développer l'esprit d'entreprise au sein de la population.

                    Rapport complet

                    L’économie omanaise de la rente pétrolière a l'ouverture
                    au monde


                    https://halshs.archives-ouvertes.fr/...96993/document
                    Dernière modification par zek, 19 août 2016, 07h42.
                    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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