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La conférence de Téhéran : un coup de poignard dans le dos des Palestiniens ???

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  • La conférence de Téhéran : un coup de poignard dans le dos des Palestiniens ???

    La faiblesse des réactions dans le camp qui défend le peuple palestinien vis-à-vis de la conférence de Téhéran est une profonde erreur. On voudrait espérer que cette faiblesse vient du danger réel d’une attaque israélo-américaine contre l’Iran.

    Délibérément, Ahmadinedjad, après avoir organisé un concours de caricatures sur l’holocauste où le deuxième prix s’exprime dans le journal d’extrême droite Rivarol, fait venir à Téhéran le ban et l’arrière-ban des révisionnistes et négationnistes de tout poil, Faurisson en tête. Il essaie de réhabiliter l’antisémitisme européen. Avec le raisonnement ultra-simpliste suivant : puisque les sionistes justifient à chaque instant les exactions israéliennes au nom de la Shoah, c’est que celle-ci n’a pas existé ou a été très exagérée. Puisque l’Occident se permet de caricaturer ce qui est sacré chez les Musulmans, nous allons leur rendre la pareille en caricaturant ou en niant ce qui est sacré chez eux (la Shoah). Les sionistes confondent sciemment juif, sioniste et israélien. Il se sont approprié le génocide, ils l’instrumentalisent.

    Ahmadinedjad reconnaît aux sionistes « leur droit de propriété » sur l’histoire du génocide. Comme si cela allait de soi. Le régime iranien qui n’a (pas plus que ses voisins arabes) jamais sérieusement aidé la Palestine prétend le faire en niant le génocide nazi.

    Ce qui vient de se faire à Téhéran est ignoble de plusieurs points de vue. D’un côté, il n’y a qu’une seule façon d’aborder cette guerre. C’est d’avoir un point de vue universel, imperméable aux logiques nationalistes, communautaires ou religieuses. Au nom de ce point de vue, il est évident que dans ce conflit il y a un occupant et un occupé, il y a un projet colonial et un peuple dont on détruit la société. Avec la conférence de Téhéran, tout s’inverse. Qu’est-ce qu’Ahmadinedjad oppose au sionisme ? La réhabilitation d’un des pires crimes de l’histoire de l’humanité, la négation ou l’euphémisation de l’ampleur du crime, le soutien à l’extrême droite raciste et fasciste européenne. En quoi ce basculement dans le camp de la barbarie aide-t-il la Palestine ?

    Pire, parmi les principaux facteurs qui permettent aux différents gouvernements israéliens leur fuite en avant militariste, il y a bien sûr le soutien financier et militaire illimité qu’Israël reçoit des Etats-Unis en tant que bras armé de l’impérialisme au Moyen-Orient, mais ce qui reste prépondérant, c’est le soutien de la majorité des Juifs (en Israël ou ailleurs) au projet sioniste. Qu’est-ce qui fait marcher ce soutien ? Une réécriture de l’histoire juive, un travail patient de destruction des identités issues de l’histoire des diasporas. Mais surtout la peur panique, la névrose entretenue qui fait croire aux Juifs que personne ne les aime, que tout le monde veut les détruire, que leur seule protection, c’est la puissance militaire et l’usage de la violence, que le génocide peut survenir à nouveau. De ce point de vue, les logorrhées d’Ahmadinedjad confortent les sionistes dans leurs certitudes et dans l’idée qu’il n’y a pas d’alternative à la politique actuelle d’écrasement de la Palestine. S’il y a une chance de parvenir à une paix juste, cela passera par le basculement d’une partie de l’opinion « juive », un peu comme l’opinion française avait basculé à la fin de la guerre d’Algérie. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la conférence de Téhéran provoque l’évolution inverse.

    Même phénomène quand le président iranien parle de « rayer Israël de la carte ». Il pourrait y avoir un débat intéressant sur ce qui est légitime et sur ce qui ne l’est pas. La Naqba, c’est-à-dire l’expulsion des Palestiniens de leur propre pays est illégitime. La création d’un Etat Juif prétendant parler au nom de tous les Juifs et les faire tous émigrer est illégitime. L’existence d’un peuple israélien est devenue « légitime » avec le temps. Ça veut dire que dans le cadre d’une paix fondée sur l’égalité des droits et la justice à laquelle nous aspirons, les Israéliens resteront. Que cette paix prenne la forme du compromis très inégalitaire accepté par l’OLP en 1988 (78% pour les Israéliens, 22% pour les Palestiniens), ou d’un partage plus équitable, ou « d’un seul Etat laïque et démocratique », les Israéliens resteront. Comme personne ne peut penser sérieusement qu’Ahmadinedjad soit favorable à un Etat laïque, on ne peut comprendre « rayer Israël de la carte » que d’une seule façon : « les Juifs à la mer » et là encore, cela conforte la propagande sioniste. Ahmadinedjad fait le jeu du gouvernement israélien, lâchement relayé par la « communauté internationale » qui veut imposer par ultimatum le préalable suivant aux Palestiniens : « reconnaissez Israël ». Sans dire de quelle reconnaissance il s’agit : quel Etat ? Quelle frontière ?

    Fort heureusement, la quasi-totalité des Palestiniens ont depuis longtemps « intégré » la question du génocide nazi. En soulignant le caractère universel de cette tragédie. Et en expliquant qu’en aucune façon ce génocide ne peut justifier ce que les Palestiniens subissent aujourd’hui. L’Occident continue de faire payer aux Palestiniens pour un crime européen : l’antisémitisme et le génocide. C’est ce qu’avaient bien compris Edward Saïd, Mahmoud Darwich et Elias Sanbar en obtenant l’annulation d’un colloque de Garaudy à Beyrouth. C’est ce qu’a bien compris Leila Shahid qui a toujours accordé la plus grande importance à la question du génocide. C’est ce qu’a écrit un Palestinien qui a passé 19 ans dans les geôles israéliennes. C’est ce qu’a écrit aussi le journaliste algérien Akram Belkaid dans le quotidien d’Oran du 14 décembre.

    [Source]
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