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Première économie d'Afrique ou pas, le Nigeria va mal

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  • Première économie d'Afrique ou pas, le Nigeria va mal

    Les médias s'emballent sur le déclassement du Nigeria, qui met en lumière le marasme économique après une décennie de croissance robuste. Revue de détail.

    Le Nigeria est-il encore la première économie africaine ? Ces derniers jours, de nombreux médias internationaux annonçaient qu'il venait d'être détrôné par l'Afrique du Sud, à qui il a ravi cette place en 2014. L'information se fonde cependant sur une estimation à un instant T, proposée par Bloomberg dans un article daté du 10 août. L'agence de presse américaine y compare le produit intérieur brut (PIB) actuel du Nigeria et de l'Afrique du Sud à celui calculé par le Fonds monétaire international (FMI) pour l'année 2015. Entre-temps, les monnaies des deux pays ont évolué de façon opposée. Le naira nigérian a perdu 30 % de sa valeur depuis que la Banque centrale nigériane a autorisé sa dévaluation le 20 juin, tandis que le rand sud-africain a repris des couleurs face au dollar depuis le début de l'année. Résultat, une fois le volume d'activité économique actuel converti en dollar, c'est l'Afrique du Sud qui gagne. Son PIB s'élève à 301 milliards $, contre 296 milliards $ pour le Nigeria.




    Il s'agit donc d'un instantané, susceptible d'évoluer de jour en jour, au gré des fluctuations des monnaies nationales. Le récent rapport du FMI Perspectives de l'économie mondiale d'avril 2016 indique quant à lui que le Nigeria est la première économie africaine, suivi par l'Égypte et l'Afrique du Sud, selon les données de 2015.

    Nigeria et Afrique du Sud : des locomotives en panne
    Il n'empêche, nombre de médias se sont fait l'écho de ce dépassement du Nigeria par l'Afrique du Sud. La plateforme d'information panafricaine Venture Africa, selon qui ce classement est un « détail technique », invite à regarder l'envers du décor : les deux champions africains sont plombés par les difficultés. L'Afrique du Sud, nation la plus industrialisée du continent, est minée par le ralentissement dans le secteur minier, le chômage et les inégalités sociales. Elle se voit prédire une croissance nulle en 2016 par sa banque centrale. Le Nigeria, crédité d'une croissance négative (- 1,8 % en 2016 selon le FMI), ne cesse quant à lui d'accumuler les revers. Il s'était déjà vu rafler son titre de premier producteur de pétrole africain par l'Angola en avril. La baisse de sa production d'or noir associée à la chute mondiale des cours du brut ont éclairé de façon criante ses difficultés à diversifier son économie et se sont répercutées sur les revenus de l'État, qui dépendent à 70 % du pétrole. Les réserves de changes ont également fondu, et le naira nigérian a dévissé face au dollar.

    « Le Nigeria est devenu un pays pauvre », dit Buhari.

    Si l'information a été plutôt éclipsée par l'actualité politique dans la nation arc-en-ciel, où les élections municipales du 3 août consacrent l'érosion de la domination de l'ANC au pouvoir depuis 1994, elle a généré en revanche de multiples réactions au pays de Buhari. « D'un seul coup, le Nigeria est devenu un pays pauvre », a déclaré sans détour le président nigérian, le 11 août. « Avant notre arrivée au pouvoir, le baril de pétrole valait 100$. Il est ensuite passé à 37$ et il oscille maintenant entre 40$ et 45$ », a-t-il ajouté. Une semaine plus tard, lors de l'assemblée annuelle de l'Association des banques centrales africaines qui se tenait dans la capitale fédérale Abuja, le ton était plus combatif. Le site nigérian The Vanguard rapporte ses propos : « La région est confrontée à plusieurs défis économiques, mondiaux et nationaux. Le plus inquiétant est le ralentissement de la croissance ; l'affaiblissement de la demande mondiale ; la hausse de l'inflation ; les restrictions dans les flux de capitaux ; l'élévation du niveau de la dette ; la volatilité accrue des taux de change et l'épuisement des réserves extérieures », a d'abord déclaré Muhammadu Buhari. Puisant dans un registre plus nationaliste et n'hésitant pas à égratigner les institutions internationales, il a ensuite appelé à miser sur les « solutions locales », les ressources de l' « innovation » dans « un monde dynamique », et à ne pas adopter systématiquement les « prescriptions » de l'étranger, avant de dévoiler une batterie de propositions, en faveur de la diversification de l'économie, de l'autosuffisance, et de la création d'emplois.

    Les inquiétudes des économistes nigérians…
    Pour l'économiste Emmanuel Nwachukwu, qui signe une tribune dans le quotidien nigérian The Punch, le pays est au bord de la faillite. « L'insolvabilité se définit simplement comme l'incapacité à payer ses dettes à leur échéance. Si on va par là, le gouvernement fédéral et la plupart des États de la fédération peuvent être déclarés insolvables. Les fonctionnaires et les retraités à travers le pays n'ont pas été payés pendant plusieurs mois… », attaque-t-il. Et de brosser un tableau peu reluisant du pays, avec un secteur public « à l'arrêt », une inflation dans une « spirale hors de contrôle » (elle a bondi de 16,5 % en juin), une « criminalité rampante ». « Où que vous regardiez, la frustration est palpable, il y a la faim dans le pays », conclut-il. Quant à savoir ce qui a engendré cette situation, il avance la piste de la corruption, et déplore l'opportunité manquée d'investir dans les infrastructures et l'industrie, à l'instar de certaines monarchies du Golfe, quand le prix du baril de brut flirtait avec les 100 dollars. Mais au lieu de cela, regrette-t-il, « l'administration s'est partagé les richesses ». Plus prosaïque, la chef du département d'économie à l'Université d'Abuja Sarah Anyanwu pointe dans le site d'info nigérian The Daily Trust « une trop lente application des politiques publiques notamment dans des secteurs critiques, et une faible production dans quasiment tous les secteurs de l'économie » après l'arrivée de l'administration Buhari. Son confrère le Dr Olu Olasode estime enfin que le Nigeria « est confronté à sa plus forte récession en 33 ans ».

    … et l'optimisme du richissime entrepreneur Aliko Dangote
    « Le Nigeria reste la première économie africaine », a quant à lui martelé l'homme d'affaires Aliko Dangote, peu après la diffusion de l'information selon laquelle Abuja aurait cédé sa place à Pretoria. « Il pense que les difficultés économiques n'ont pas commencé avec le gouvernement actuel, et il est convaincu que le pays reste le meilleur endroit où investir », précise The Daily Trust.

    Le patron de Dangote Group, qui a fait fortune dans le ciment, la farine et le sucre, se montre de fait peu rétif en matière d'investissement. Il est en train de miser 3 milliards de dollars dans son projet de raffinerie de pétrole en périphérie de Lagos – qu'il envisage comme la plus grande jamais construite en Afrique. Le projet doit permettre de créer jusqu'à 235 000 emplois directs et indirects selon le gouverneur de l'État de Lagos. Il faut « attaquer quand d'autres se retirent », sermonne Aliko Dangote. « Au cours de ma vie professionnelle, j'ai appris que les problèmes et les difficultés étaient aussi de grandes opportunités. (...) Et je pense que nos difficultés aujourd'hui au Nigeria doivent être transformées en opportunités », a-t-il ajouté ce mercredi, lors du lancement de la banque SunTrust à Lagos. Et d'évoquer ses projets d'usine de fabrication d'engrais, de gazoduc, adossés à celui de la raffinerie. « Nous continuerons à investir durant le ralentissement économique actuel en espérant que cet investissement jouera un rôle positif, comme c'est toujours le cas puisque la roue tourne », a encore déclaré le magnat nigérian, dans son élan d'encouragements à entreprendre.

    Pour cet autre économiste nigérian, Odilim Enwegbara, signataire d'une tribune dans le journal en ligne Today.ng, c'est l' « évidence » : le Nigeria reste la plus grande économie africaine. Et malgré ses lacunes en matière d'infrastructures et d'industries, le pays cumule à ses yeux les superlatifs. Il le décrit comme « le plus grand marché de consommateurs », qui abrite « la plus grande concentration des meilleurs entrepreneurs en Afrique », et se profile comme « un futur hub industriel indiscutable ».

    La situation au Nigeria préoccupe l'Algérie
    Quoi qu'il en soit, le Nigeria est passé en deux ans du statut de champion de la croissance, avec une décennie de croissance économique supérieure à 5 % entre 2005 et 2015, à celui de « pays fauché », selon les termes du ministre de l'Information Lai Mohammed, en avril dernier. Cette désillusion, moins d'un an après l'euphorie née de l'alternance politique en avril 2015, est scrutée de près par les pays qui dépendent aussi fortement des revenus du pétrole. Le ralentissement nigérian est un « avertissement cinglant à l'Algérie », écrit ainsi le site d'info Tout sur l'Algérie (TSA). Il décèle de nombreuses similarités entre les deux pays : 60 % des revenus de l'État algérien viennent du pétrole ; une dépréciation importante, avec un dinar qui a perdu 20 % de sa valeur entre 2014 et 2015 puis 11 % au premier trimestre 2016 ; des mesures similaires pour faire face à la crise, qu'il s'agisse des restrictions sur les importations pour « réduire les dépenses en devises », ou de la réduction des subventions. À la différence du Nigeria, « l'Algérie dispose encore de réserves de change appréciables », note TSA. « Les quelques mois (ou années, selon le comportement des cours du brut) de répit doivent être utilisés à bon escient afin d'éviter une crise similaire et, surtout, éviter de se retrouver face à un emprunt douloureux au FMI, comme l'Égypte », conclut le titre algérien, qui fait référence à un prêt de 12 milliards de dollars, négocié en contrepartie de réformes drastiques pour le pays.

    Le président nigérian, quant à lui, a sollicité le 11 août l'aide du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), rapporte le quotidien kényan The Nation. « Le président Buhari a plaidé pour que l'UNFPA soutienne le Nigeria dans les zones où le pays ne pouvait pas assumer ses responsabilités », nous apprend-il. Il a ensuite fait l'éloge de l'engagement onusien « à sauver des femmes et des enfants ».

    le Point fr

  • #2
    Il décèle de nombreuses similarités entre les deux pays : 60 % des revenus de l'État algérien viennent du pétrole ; une dépréciation importante, avec un dinar qui a perdu 20 % de sa valeur entre 2014 et 2015 puis 11 % au premier trimestre 2016 ; des mesures similaires pour faire face à la crise, qu'il s'agisse des restrictions sur les importations pour « réduire les dépenses en devises », ou de la réduction des subventions.
    La similitude entre le Nigeria et Algerie frappe aussi l’évolution du pib


    Aprés cette chute du prix du baril, le PIB algerien de 2016 est au meme niveau qu'en 2010

    2010 : 161.207
    2011 : 199.394
    2012 : 209.005
    2013 : 209.703
    2014 : 213.518
    2015 : 172.278
    2016 : 165.974

    Le pib algerien va poursuivre sa chute devant la dévaluation continue du dinar qui intervient parmi les pistes prônées par le gouvernement algerien pour juguler les effets de la crise.

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