Bonnes gens, venez me consoler car la belle des belles
Est dans sa tombe et mon coeur dans les braises.
Ô mes frères, la douleur qui me frappe me fait défaillir!
Ô Hizziya, taille de cyprès!
Autrefois, tout allait bien pour nous,
Nous étions comme fleurs de palmier au début du printemps.
Que de joies nous avons connues, fugitives comme l’ombre.
Et voici que ma jeune biche m’a quitté par une volonté supérieure.
Lorsqu’elle marchait, elle troublait les plus sages.
Elle avançait comme un Bey devant ses troupes, le yatagan au côté.
(… )
Sa chevelure était déployée, embaumant les parfums,
Ses sourcils ornaient ses yeux comme la lettre noun.
Ses yeux étaient comme balles de fusils; plomb mortel dans sa cartouche
Qui ne manque pas sa cible car il est aux mains d’un tireur d’élite.
Des joues comme les roses du matin et les giroflées éclatantes,
Où le sang afflue, tel un éblouissant soleil
L’ivoire en bouche, et le sourire vainqueur,
Humide du lait des brebis, nectar des connaisseurs.
Tige flexible du souci ou beau vase de cristal :
C’est son cou, cerclé de colliers d’or!
Une poitrine marmoréenne, portant deux fruits jumeaux,
Pommes faites pour guérir les malades
Et que j’ai caressées de mes mains.
La peau de son corps rappelle le blanc papier, le coton et le lin
Ou la neige poudreuse, tombée par une noire nuit.
Et voyez les jambes, voyez leur khalkhal troublant,
Quand vous entendez sa musique au-dessus des babouches.
Sa ceinture multicolore retombe devant elle,
Adroitement nouée sur un ventre merveilleux.
Bonnes gens, venez me consoler car la belle des belles
Est dans sa tombe, et mon coeur dans les braises!
Ô mes frères, la douleur qui me frappe me fait défaillir!
Je meurs de la mort de Hiziyya à la taille de cyprès
(… )
Toi, le fossoyeur qui creuses les tombes, sois prévenant
Avec cette gazelle des steppes.
Ne fais point tomber de pierres sur Hiziyya!
Je t’en supplie au nom du Coran et des Lettres sacrées
Ne laisse point choir de poussière
Sur ce beau visage qu’elle regardait dans le miroir!
(… )
Elle vaut tous les trésors, cette belle aux grands yeux.
Et si ce n’est assez, ajoutez y les richesses des villes!
Elle vaut les richesses de toutes les tribus,
Et les bijoux en or ouvragé,
Et les palmiers au bord de l’eau, et le pays des Chaouias
Elle vaut ceux qui longent la mer, nomades et citadins,
Et ceux du Djebel Amour, jusqu’à Ghardaïa,
Elle vaut le Mzab et toutes les régions,
Ô mon Dieu, sauf le respect dû à ceux qui dorment dans les mausolées.
(… )
Saïd soupire après toi et ne te verra plus;
Et chaque fois qu’il évoque ton nom, il tombe évanoui.
Dieu miséricordieux, accorde-moi le pardon, ainsi qu’à tous mes
semblables!
Saïd est bien malheureux
A cause de cette beauté à la taille élancée.
Et, Dieu, pardonne à celui qui a composé ces vers!
(… )
.....
Ben Guitoune - Traduction: Mohamed Belhafaoui
Est dans sa tombe et mon coeur dans les braises.
Ô mes frères, la douleur qui me frappe me fait défaillir!
Ô Hizziya, taille de cyprès!
Autrefois, tout allait bien pour nous,
Nous étions comme fleurs de palmier au début du printemps.
Que de joies nous avons connues, fugitives comme l’ombre.
Et voici que ma jeune biche m’a quitté par une volonté supérieure.
Lorsqu’elle marchait, elle troublait les plus sages.
Elle avançait comme un Bey devant ses troupes, le yatagan au côté.
(… )
Sa chevelure était déployée, embaumant les parfums,
Ses sourcils ornaient ses yeux comme la lettre noun.
Ses yeux étaient comme balles de fusils; plomb mortel dans sa cartouche
Qui ne manque pas sa cible car il est aux mains d’un tireur d’élite.
Des joues comme les roses du matin et les giroflées éclatantes,
Où le sang afflue, tel un éblouissant soleil
L’ivoire en bouche, et le sourire vainqueur,
Humide du lait des brebis, nectar des connaisseurs.
Tige flexible du souci ou beau vase de cristal :
C’est son cou, cerclé de colliers d’or!
Une poitrine marmoréenne, portant deux fruits jumeaux,
Pommes faites pour guérir les malades
Et que j’ai caressées de mes mains.
La peau de son corps rappelle le blanc papier, le coton et le lin
Ou la neige poudreuse, tombée par une noire nuit.
Et voyez les jambes, voyez leur khalkhal troublant,
Quand vous entendez sa musique au-dessus des babouches.
Sa ceinture multicolore retombe devant elle,
Adroitement nouée sur un ventre merveilleux.
Bonnes gens, venez me consoler car la belle des belles
Est dans sa tombe, et mon coeur dans les braises!
Ô mes frères, la douleur qui me frappe me fait défaillir!
Je meurs de la mort de Hiziyya à la taille de cyprès
(… )
Toi, le fossoyeur qui creuses les tombes, sois prévenant
Avec cette gazelle des steppes.
Ne fais point tomber de pierres sur Hiziyya!
Je t’en supplie au nom du Coran et des Lettres sacrées
Ne laisse point choir de poussière
Sur ce beau visage qu’elle regardait dans le miroir!
(… )
Elle vaut tous les trésors, cette belle aux grands yeux.
Et si ce n’est assez, ajoutez y les richesses des villes!
Elle vaut les richesses de toutes les tribus,
Et les bijoux en or ouvragé,
Et les palmiers au bord de l’eau, et le pays des Chaouias
Elle vaut ceux qui longent la mer, nomades et citadins,
Et ceux du Djebel Amour, jusqu’à Ghardaïa,
Elle vaut le Mzab et toutes les régions,
Ô mon Dieu, sauf le respect dû à ceux qui dorment dans les mausolées.
(… )
Saïd soupire après toi et ne te verra plus;
Et chaque fois qu’il évoque ton nom, il tombe évanoui.
Dieu miséricordieux, accorde-moi le pardon, ainsi qu’à tous mes
semblables!
Saïd est bien malheureux
A cause de cette beauté à la taille élancée.
Et, Dieu, pardonne à celui qui a composé ces vers!
(… )
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Ben Guitoune - Traduction: Mohamed Belhafaoui
Ce poème de Ben Guitoune, poète de Sidi Khaled, près de Biskra, ayant vécu au XIXème siècle, est connu dans toute l’Algérie et unanimement considéré comme un chef-d’oeuvre; Il a déjà été publié y compris dans des tradiuctions en français mais dans des ouvrages ou des revues… introuvables. Nous en donnons donc quelques extraits, dans la traduction de Mohalmmed Belhalfaoui.
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