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L’Egypte espère l’aide du FMI pour redresser son économie

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  • L’Egypte espère l’aide du FMI pour redresser son économie

    Le Fonds monétaire international (FMI) s’apprête à voler au secours de l’Égypte, dont l’économie est au bord de la faillite. L’équipe d’experts dirigée par Chris Jarvis et le gouvernement égyptien travaillent actuellement à sécuriser le financement de la moitié des 12 milliards de dollars de prêt pour lequel un accord préliminaire a été signé le 11 août.

    Le Caire espère un coup de pouce de ses parrains du Golfe ainsi que des institutions financières internationales pour obtenir les garanties nécessaires à cet accord, a précisé le premier ministre Chérif Ismaïl à l’agence Bloomberg. Une fois ces engagements obtenus, le bureau exécutif de l’institution de Washington devrait donner son aval à un prêt au taux de 1,5 %, étalé en trois tranches annuelles de 4 milliards.

    La signature de l’accord préliminaire a été précédée de deux semaines de discussions intenses entre le gouvernement égyptien et le FMI sur le programme économique que Le Caire entend mener pour réduire le déficit budgétaire, la dette publique et l’inflation. « L’Égypte est un pays solide avec un fort potentiel, mais il rencontre des problèmes qui doivent être résolus urgemment », a commenté Chris Jarvis.

    L’octroi de ce prêt rend inévitable la mise en oeuvre de réformes qui n’ont été que timidement engagées depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi, en mai 2014. L’Égypte compte, en outre, sur la Banque mondiale, le marché des obligations et les accords bilatéraux pour réunir, sur trois ans, les 21 milliards nécessaires au redressement de son économie.

    Depuis la chute de l’ex-président Hosni Moubarak, en février 2011, et les troubles politiques qui ont suivi, l’économie égyptienne est en chute libre. Après l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi, le pays a été maintenu à flot par plus de 20 milliards de dollars d’aide des puissances du Golfe, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis en tête. Mais leur générosité s’est érodée devant l’incapacité du gouvernement Sissi à remettre l’économie sur les rails. Les réformes lancées en 2014 pour réduire les subventions étatiques, augmenter les taxes et faciliter l’environnement d’investissement ont été en grande partie suspendues.

    Les grands projets promus par le président Sissi n’ont pas été à la hauteur des promesses. Les revenus du canal de Suez ont ainsi plongé depuis le doublement de la voie maritime, en août 2015. Un an et demi après les espoirs suscités par la conférence économique de Charm El-Cheikh en mars 2015, les investisseurs étrangers ne se pressent pas sur le marché égyptien. Les investissements étrangers n’ont représenté que 3,1 milliards de dollars en 2015-2016, contre 2,6 milliards de dollars l’année fiscale précédente (close fin juin). La menace terroriste, qui s’est matérialisée avec l’attentat perpétré par le groupe État islamique contre l’avion russe de la compagnie Metrojet au-dessus du Sinaï, en octobre 2015, a affecté le secteur touristique, qui représentait encore 11,3 % du PIB en 2015.

    Grogne sociale

    L’Égypte a ainsi vu ses réserves en devises étrangères fondre à 15,5 milliards de dollars en juillet 2016, leur plus bas niveau depuis seize mois. Pour l’année fiscale 2015-2016, les déficits commercial et budgétaire ont atteint respectivement 7 % et 11,5 % du PIB. Le déficit de la balance des paiements a triplé en un an, pour s’établir à 3,4 milliards de dollars. Fortement dépendante des importations — notamment pour le blé et les hydrocarbures —, l’Égypte a aussi vu ses exportations chuter de 26 %. La croissance du PIB a été divisée par deux, à 4,2 %. L’inflation a atteint près de 14 % et le taux de chômage frôle les 13 % (près du double chez les jeunes).

    L’octroi du prêt du FMI devrait s’accompagner de mesures d’austérité, que le gouvernement a retardées de crainte d’attiser la grogne sociale. Plusieurs partis politiques, organisations de la société civile et personnalités ont exhorté le président Sissi à suspendre les discussions avec le FMI.

    Le chef de l’État a toutefois défendu la nécessité de « mesures économiques drastiques » et promis de maintenir les subventions pour ceux qui en ont besoin. Selon le Programme des Nations unies pour le développement, 26 % des 90 millions d’Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté, et plus de la moitié sont considérés comme pauvres par l’organisme national de statistiques, CAPMAS.

    Le budget présenté en mars par le premier ministre pour l’année fiscale 2016-2017 prévoit une réduction de 14 % de la part des subventions étatiques. Les subventions aux carburants — qui comptaient pour 20 % des dépenses publiques entre 2011 et 2014 avant un premier volet de coupes — pourraient être de nouveau réduites. Début août, une hausse des prix de l’électricité de 25 % à 40 % a été annoncée.

    Après avoir voté, fin juillet, la réforme de la fonction publique, le Parlement se penche actuellement sur l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée. Des députés réclament la baisse de son taux, fixé à 14 % par le ministre des Finances Amr El-Garhy pour limiter les risques inflationnistes.

    Le représentant du FMI, Chris Jarvis, a salué l’introduction de cette taxe, insistant toutefois pour ne pas étendre la liste des exemptions, fixée à 52 produits alimentaires, laitiers et pétroliers. Il a également plaidé pour que la banque centrale laisse fluctuer la livre égyptienne, actuellement surévaluée par rapport au dollar.

    Hélène Sallon
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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