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A Bahreïn, il y a une vie après le pétrole

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  • A Bahreïn, il y a une vie après le pétrole

    Bonjour, y aura t-il une vie aprés le pétrole, en Algérie et en Lybie ?

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    Ne produisant quasiment plus de brut, l'archipel devient un pôle bancaire et touristique.

    Des autoroutes rutilantes qui traversent l'île principale de l'archipel de Bahreïn, l'oeil cherche en vain les derricks. A l'horizon, seules d'immenses grues occupées à bâtir ici et là des gratte-ciel étincelants ébouriffent le paysage. De derricks, point, et pour cause : il n'y en a pas, ou si peu. Bahreïn, premier des émirats du Golfe à avoir exploité l'or noir, est aujourd'hui une pétromonarchie qui ne produit plus de pétrole. Seul un champ parvient encore à cracher une moyenne de 40 000 barils par jour. C'est peu, 60 fois moins que la production du Koweït, par exemple. Et les experts s'accordent : d'ici une quinzaine d'années, les réserves seront épuisées.

    Heureusement pour la famille royale, le clan Al-Khalifa, il y a l'Arabie Saoudite voisine, qui cède chaque jour 180 000 barils supplémentaires à un prix symbolique. Une générosité tout intéressée : le maintien au pouvoir de la minorité sunnite à Bahreïn est une préoccupation constante pour Riyad, inquiet de l'activisme grandissant de la majorité chiite du petit royaume.
    Bahreïn, à défaut de produire du brut, sait le transformer et le vendre : voilà comment les hydrocarbures continuent de constituer un quart du PIB de ce minuscule Etat. De quoi réaliser de confortables plus-values, quand bien même les rois du pétrole ne sont plus tout à fait ce qu'ils étaient. Les clichés ont la vie dure et ici, comme dans tous les émirats et royaumes du golfe Persique, les écrans plasma géants pullulent, les voitures de luxe se garent par dizaines dans les garages de gigantesques domaines aux pelouses parfaites et le sport national est le shopping dans les centres commerciaux où se côtoient les enseignes du luxe mondial. Mais pour maintenir sa réputation d'eldorado, Bahreïn a dû se diversifier. Après avoir été le plus gros producteur au monde de perles, l'archipel s'est créé, de toutes pièces, une production d'aluminium, important la bauxite et l'énergie nécessaires, et devenant, là encore, l'un des plus gros fournisseurs de la planète. Mais cette dépendance énergétique a poussé Bahreïn à chercher ailleurs.

    Moeurs libérales et alcool en vente libre

    En quelques années, le royaume s'est ainsi transformé en centre bancaire international, supplantant Dubaï, attirant sur ses côtes le gratin de la finance mondiale. Comme tant d'autres, BNP-Paribas, Calyon ou AXA y ont installé leur siège régional. «Le secteur est extrêmement propre, très contrôlé. La réputation des Bahreïnis tient à la fois à leur savoir-faire, à leur pragmatisme et à leur honnêteté», assure Pierre Fabre, directeur de la mission économique française à Bahreïn. La présence sur place du Gafi (1) est un élément rassurant pour des investisseurs parfois inquiets de la réputation plus trouble d'autres places financières de la région. Bien moins conservateur que l'Arabie Saoudite, plus abordable et vivable que Dubaï, Bahreïn joue de ses charmes pour attirer les investisseurs étrangers et leurs armadas de cadres, qui viennent ici s'installer en famille. Pas d'impôts sur les sociétés ou les revenus, moeurs libérales et alcool en vente libre : le cocktail séduit.

    Il plaît aussi aux voisins saoudiens. Tous les jeudis soir, un défilé ininterrompu de limousines et de 4 x 4 flambant neufs déferle du King Fahd Causeway, le pont de plus de 20 kilomètres qui relie l'île au royaume depuis 1986. Près de 4 millions de Saoudiens viennent chaque année dépenser leur argent et s'encanailler à Manama, la capitale. Ils viennent aussi pour le cinéma, interdit dans leur contrée : ce mois-ci, c'est donc à Bahreïn qu'ils ont couru voir le premier film saoudien jamais réalisé.

    Des hôtels de luxe construits sur le sable

    Pour continuer à capter ce tourisme, Bahreïn construit. Partout, des hôtels cinq étoiles éclosent, des résidences luxueuses aux prestations ahurissantes se multiplient. L'archipel est petit ? Qu'importe ! S'inspirant de Dubaï, Bahreïn construit sur la mer, déversant des tonnes de sable pour bâtir, entre autres, le complexe de Durrat el-Bahreïn, dont les îles en forme de poisson s'affichent partout sur de grands panneaux publicitaires. Les pelleteuses et les grues s'activent, transformant l'île en immense chantier. Un boom immobilier qui fait les beaux jours des Al-Khalifa, qui possèdent toute la côte et une vaste majorité du territoire. Plus généralement, 60 % du PIB est généré par des entreprises détenues pour tout ou partie par la famille royale.
    Un déséquilibre d'autant plus flagrant qu'une bonne partie des Bahreïnis est exclue de cette explosion économique.

    Un taux de chômage de 12 %

    A l'image du petit village de Duraz, non loin des riches villas de Budaya, sur la côte ouest, avec ses canalisations crevées, sa route sans goudron, transformée en marécage sous l'effet des récentes pluies. Ceux qui vivent là sont des chiites. Cette communauté qui représente près de 70 % de la population bahreïnie se sent depuis longtemps exclue de la rente pétrolière. Si tous les chiites ne sont pas miséreux, 40 % d'entre eux vivraient en dessous du seuil de pauvreté, assure Cheikh Ali Salman, le charismatique leader de l'opposition chiite, arrivée en tête du premier tour des législatives de novembre. Frappés de discrimination à l'emploi, les chiites ne peuvent pas prétendre, par exemple, devenir policiers ou militaires. Ils sont aussi faiblement représentés dans la fonction publique. A Bahreïn, Etat riche, le taux de chômage tournerait autour de 12 %.

    Pourtant, le pays continue d'importer massivement des travailleurs étrangers : main-d'oeuvre faiblement qualifiée en provenance des pays du tiers-monde ou cadres de pointe occidentaux représentent plus d'un tiers de la population. Victimes de préjugés confessionnels et d'un manque de formation, les chiites ne peuvent accéder aux postes à responsabilité et ils ne veulent pas des emplois harassants et sous-payés réservés aux immigrés pakistanais, philippins, indiens ou malaisiens. Un problème auquel le gouvernement, inquiet de la montée des revendications chiites, a promis de s'attaquer, en offrant des formations qualifiantes et en imposant des quotas d'au moins 25 % de Bahreïnis par entreprise.

    (1) Groupement d'action financière chargé de lutter contre le blanchiment d'argent.

    Par Claude GUIBAL
    15 janvier 2007 Liberation.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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