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Pétrole: pourquoi les producteurs chinois s'effondrent

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  • Pétrole: pourquoi les producteurs chinois s'effondrent

    Par Antoine Izambard

    Les deux géants du quatrième pays producteur mondial d'or noir: PetroChina et CNOOC sont plombés par la baisse du prix du baril et par le ralentissement de la demande chinoise.


    Les prix bas du baril de pétrole continuent de faire des dégâts. Et ce n'est pas les deux géants chinois PetroChina et CNOOC qui diront le contraire après avoir dévoilé mercredi 24 août des résultats très moroses. PetroChina, entité cotée du géant pétrolier chinois CNPC, a carrément vu son bénéfice net dégringoler de 97,9% sur un an au premier semestre de l'année. Sur cette période, le profit net du groupe étatique a chuté à 531 millions de yuans (70,5 millions d'euros), contre 25,4 milliards de yuans sur la même période de 2015. Il s'agit du plus faible bénéfice net semestriel enregistré par PetroChina depuis sa cotation en Bourse en 2000. De son côté CNOOC est passé dans le rouge pour la première fois de son existence avec une perte de 1,16 milliard de dollars en un an et a dû procéder à une provision massive.

    La Chine, quatrième producteur mondial d'or noir avec 4 millions de barils par jour a subi de plein fouet la baisse des cours du pétrole qui sont passés de 120 dollars le baril en 2014 avant de tomber à 27 dollars en janvier puis de remonter depuis quelques semaines autour des 50 dollars (le WTI est aujourd'hui à 46 dollars contre 48 pour le Brent). "La baisse des cours a touché les producteurs chinois qui se sont notamment fortement endettés mais elle n'est pas le seul facteur, analyse Benjamin Louvet, spécialiste des matières premières chez OFI Asset Management. Depuis un an, les autorités chinoises ont autorisé les petites raffineries à se développer et elles concurrencent maintenant les grandes compagnies. La croissance de la demande chinoise, plus faible qu'il y a quelques mois, explique aussi les difficultés des producteurs chinois".

    La Chine subit d'ailleurs un véritable ralentissement économique puisque la croissance du PIB a été de 6,7% au premier trimestre, la plus faible depuis sept ans. Quant à la production pétrolière du pays, elle a reculé de 5 % sur les sept premiers mois de l'année selon les statistiques officielles, tandis que juillet marquait un plus bas depuis octobre 2011.

    Comment vont résister les producteurs de schiste?

    Mais les pétroliers chinois ne sont pas les seuls à rencontrer des difficultés. Depuis le début de l'année près d'une centaine de compagnies de schiste ont fait faillite aux États-Unis. Ces dernières étant encore plus sensibles à la volatilité des cours puisque le pétrole de schiste n'est pas rentable à moins de 50 dollars le baril contrairement au pétrole conventionnel extrait en Chine ou dans les pays de l'OPEP. Selon une enquête du cabinet Deloitte publiée en février: environ un tiers des producteurs de pétrole sont exposés en 2016 à un risque élevé de cessation de paiement en raison d'un accès restreint aux liquidités et d'une capacité réduite de désendettement.

    L'évolution du prix du baril dans les mois qui viennent va donc être scrutée avec attention par les pétroliers. "On devrait avoir un baril qui oscille entre 40 et 60 dollars cette année avec un point central autour de 50 dollars, indiquait à ce sujet en juillet à Challenges l'économiste spécialiste du pétrole, Thomas Porcher, auteur de l'ouvrage "20 idées reçues sur l'énergie". Mais cela va varier car si les prix remontent au-dessus des 50 dollars, les producteurs de schiste américains vont revenir sur le marché et cela va faire baisser les prix". De son côté, Benjamin Louvet table sur un baril "proche des 60 dollars fin 2016 et compris entre 70 et 75 dollars fin 2017". Des estimations dans la lignée de celles de l'OPEP qui prédit un rééquilibrage en 2017 avec un excédent qui devrait tomber à 100.000 barils par jour.

    Quoiqu'il en soit la situation de fonds ne devrait pas fondamentalement changer. L’Arabie Saoudite, qui a orchestré depuis un an et demi cette surproduction et donc cette baisse des prix devrait maintenir sa stratégie agressive. Les Saoudiens dont le baril est rentable à partir de 20 dollars ne veulent pas réduire leur production pour conserver leurs parts de marché. L'Opep s'est d'ailleurs rangée derrière la position saoudienne en décidant de ne pas limiter la production en avril et en mai. Tant que l'Arabie Saoudite s'opposera à tout gel de la production, les prix ne devraient pas remonter à leurs niveaux de 2014.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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