Renaissance...
Écrire?
Quand plus personne ne vous inspire, n’éveille en vous cette flamme à même de faire d’une kyrielle de simples vocables un joli collier poétique bon à parer ces âmes à la sensibilité avérée ou exagérée comme diraient certains ; quand tout autour de vous, ne subsiste qu’une atmosphère vide, reniée et trahie par vos idéaux, une atmosphère voilée, trouble et confuse, lourde aussi bien pour vos yeux que pour votre cœur qui s’écœure et votre âme qui se courbe et qui capitule ; quand c’est le cas, eh bien ! N’arrêtez pas d’écrire !
Continuez à le faire pour toutes ces âmes égarées dans l’insensibilité, l’indifférence ou l’intolérance des autres ; faites-le pour tous ces êtres qui errent à la recherche d’une réponse à une question qu’ils n’ont jamais su formuler ; faites-le pour une nature qui se déchire, se crispe et qui casse les vitres qui n’existent pas, une nature qui s’irrite de ne pouvoir rayonner tranquillement sans être importunée par les pauvres mortels et les piètres faiseurs de lois que nous sommes.
Faites-le pour cette vieille que vous croisez souvent à proximité de l’école et qui, à chacune de vos rencontres, s’emploie avec soin à vous ressasser ses malheurs et son infortune, cette pauvre dame qui, du haut de ses quatre-vingts ans, se sachant sans doute larguée par ce qui fut un jour l’amour, l’amour dans son sens le plus universel j’entends, sort chaque jour en quête d’un peu de pitié pour panser tant bien que mal les plaies d’une longue vie qu’elle seule sait ce qu’elle lui a fait subir ; qui semble vous apprécier car vous lui accordez un peu d’attention, et qui prie à chaque fois pour le salut de votre âme.
Faites-le pour ces enfants que vous aimez contempler rire et courir dans tous les sens, et qui viennent, de temps à autre vous embrasser, que vous étreignez avec un certain pincement au cœur, vous demandant à chaque fois quel genre de monde sera le leur quand ils auront votre âge.
Faites-le pour ces femmes faussement fières, relatant avec une certaine vanité leurs exploits de mamans parfaites et d’épouses dévouées et pour certaines de femmes actives bien épanouies. Ces femmes que vous écoutez avec intérêt sans avoir le moindre intérêt pour leurs histoires et qui semblent aussi vous apprécier ou qui feignent de vous apprécier pour votre amabilité.
Faites-le pour ces gens qui, vous l’avez longtemps pensé et le pensez sans doute encore secrètement malgré vous, sont responsables de votre malheur.
Faites-le pour votre pauvre mère qui attend impatiemment, fébrilement que « la lumière soit » sans se douter que sa maladie est incurable, et que vous continuez de consoler en lui faisant croire que ce jour viendra sûrement à force de prière et de foi, vous appuyant sur le fait que Dieu le tout puissant est capable de tous les miracles. Faites-le pour votre père, cet homme comme il en existe si peu ici-bas, ou du moins autour de vous, cet être dont vous n’avez jamais su deviner les souffrances et qui continue de taire ses douleurs plus physiques à présent que morales pour n’en rajouter à votre mère dont il s’occupe comme d’une enfant. Faites-le pour votre frère qui souffre d’un mal auquel vous ne sauriez donner de nom et qui se détruit à petit feu sous le regard malheureux et impuissant de vos parents ; Faites-le pour votre autre frère, parti trop tôt pour une contrée que vous osez insolemment espérer rejoindre un jour. Faites-le pour vos grands-parents qui continuent de hanter vos rêves.
Faites-le pour tout un chacun ; l’heureux et le malheureux, le fier et le moins fier, le bon et le mauvais, le beau et le laid ; pour les chats et les chiens, les fleurs piétinées le long des sentiers et les arbres solitaires en haut de la colline ; pour le clochard quelque peu dérangé qui traîne en bas de chez vous, qui ramasse les ordures et en remplit les poches de son blouson méconnaissable ; faites-le pour vous.
Car vous savez que de tous ceux et tout ce que j’ai cité, vous n’êtes dissociable. Car vous ne pouvez tout simplement pas fermer votre cœur à une bulle dont vous faites partie, qui fait palpiter ce cœur même si tout en le consumant, qui vous fait frémir d’humanité et de compassion, choses que vous ne sauriez sans elle.
Écrire?
Quand plus personne ne vous inspire, n’éveille en vous cette flamme à même de faire d’une kyrielle de simples vocables un joli collier poétique bon à parer ces âmes à la sensibilité avérée ou exagérée comme diraient certains ; quand tout autour de vous, ne subsiste qu’une atmosphère vide, reniée et trahie par vos idéaux, une atmosphère voilée, trouble et confuse, lourde aussi bien pour vos yeux que pour votre cœur qui s’écœure et votre âme qui se courbe et qui capitule ; quand c’est le cas, eh bien ! N’arrêtez pas d’écrire !
Continuez à le faire pour toutes ces âmes égarées dans l’insensibilité, l’indifférence ou l’intolérance des autres ; faites-le pour tous ces êtres qui errent à la recherche d’une réponse à une question qu’ils n’ont jamais su formuler ; faites-le pour une nature qui se déchire, se crispe et qui casse les vitres qui n’existent pas, une nature qui s’irrite de ne pouvoir rayonner tranquillement sans être importunée par les pauvres mortels et les piètres faiseurs de lois que nous sommes.
Faites-le pour cette vieille que vous croisez souvent à proximité de l’école et qui, à chacune de vos rencontres, s’emploie avec soin à vous ressasser ses malheurs et son infortune, cette pauvre dame qui, du haut de ses quatre-vingts ans, se sachant sans doute larguée par ce qui fut un jour l’amour, l’amour dans son sens le plus universel j’entends, sort chaque jour en quête d’un peu de pitié pour panser tant bien que mal les plaies d’une longue vie qu’elle seule sait ce qu’elle lui a fait subir ; qui semble vous apprécier car vous lui accordez un peu d’attention, et qui prie à chaque fois pour le salut de votre âme.
Faites-le pour ces enfants que vous aimez contempler rire et courir dans tous les sens, et qui viennent, de temps à autre vous embrasser, que vous étreignez avec un certain pincement au cœur, vous demandant à chaque fois quel genre de monde sera le leur quand ils auront votre âge.
Faites-le pour ces femmes faussement fières, relatant avec une certaine vanité leurs exploits de mamans parfaites et d’épouses dévouées et pour certaines de femmes actives bien épanouies. Ces femmes que vous écoutez avec intérêt sans avoir le moindre intérêt pour leurs histoires et qui semblent aussi vous apprécier ou qui feignent de vous apprécier pour votre amabilité.
Faites-le pour ces gens qui, vous l’avez longtemps pensé et le pensez sans doute encore secrètement malgré vous, sont responsables de votre malheur.
Faites-le pour votre pauvre mère qui attend impatiemment, fébrilement que « la lumière soit » sans se douter que sa maladie est incurable, et que vous continuez de consoler en lui faisant croire que ce jour viendra sûrement à force de prière et de foi, vous appuyant sur le fait que Dieu le tout puissant est capable de tous les miracles. Faites-le pour votre père, cet homme comme il en existe si peu ici-bas, ou du moins autour de vous, cet être dont vous n’avez jamais su deviner les souffrances et qui continue de taire ses douleurs plus physiques à présent que morales pour n’en rajouter à votre mère dont il s’occupe comme d’une enfant. Faites-le pour votre frère qui souffre d’un mal auquel vous ne sauriez donner de nom et qui se détruit à petit feu sous le regard malheureux et impuissant de vos parents ; Faites-le pour votre autre frère, parti trop tôt pour une contrée que vous osez insolemment espérer rejoindre un jour. Faites-le pour vos grands-parents qui continuent de hanter vos rêves.
Faites-le pour tout un chacun ; l’heureux et le malheureux, le fier et le moins fier, le bon et le mauvais, le beau et le laid ; pour les chats et les chiens, les fleurs piétinées le long des sentiers et les arbres solitaires en haut de la colline ; pour le clochard quelque peu dérangé qui traîne en bas de chez vous, qui ramasse les ordures et en remplit les poches de son blouson méconnaissable ; faites-le pour vous.
Car vous savez que de tous ceux et tout ce que j’ai cité, vous n’êtes dissociable. Car vous ne pouvez tout simplement pas fermer votre cœur à une bulle dont vous faites partie, qui fait palpiter ce cœur même si tout en le consumant, qui vous fait frémir d’humanité et de compassion, choses que vous ne sauriez sans elle.
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