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BOUALEM RABIA (ECRIVAIN) Une vie pour l'écriture et tamazight

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  • BOUALEM RABIA (ECRIVAIN) Une vie pour l'écriture et tamazight

    Ceux qui ont lu les écrits de l'écrivain Boualem Rabia savent à quel genre d'auteur ils ont affaire.

    l est l'un des écrivains les plus talentueux aussi bien quand il manie la langue française que lorsqu'il revient à celle des ancêtres le tamazight, qu'il n'a jamais quitté. Comment un écrivain aussi talentueux que Boualem Rabia est-t-il peu connu au moment où d'autres auteurs qui ont beaucoup moins de mérite sont plus célèbres... Boualem Rabia est en effet un écrivain discret qui ne cherche pas à se faire connaître plus qu'il ne veut écrire, juste écrire par passion et pour rendre à tamazight ses lettres de noblesse.
    Boualem Rabia n'est pas seulement écrivain il est aussi l'un des meilleurs, sinon le meilleur traducteur de la langue amazighe vers la langue française. Il réussit des traductions dignes de ce nom dans un art qui est loin d'être une sinécure, celui de la poésie.
    Mais ce n'est pas du jour au lendemain que Boualem Rabia a pu atteindre ce niveau de maîtrise des deux langues et celui de l'adaptation. «Dans les années soixante-dix, j'ai été contacté par le chercheur Henri Genevois du FDB (Fichier de documentation berbère).

    J'étais encore lycéen. Il voulait qu'on l'aidât à traduire des poèmes anciens ayant trait au rituel de l'imposition du henné dans les mariages de la région d'Azazga.»
    Mis tous les deux en veine de confidence, il me dit: «Nous, nous sommes vieux. Il appartient aux jeunes Kabyles de prendre la relève en se penchant sur leur propre culture, cette culture que nous, chercheurs européens, voyons de l'extérieur; en revanche, vous, vous la vivez, la voyez de l'intérieur. Et tout est là.»
    Le chercheur français propose alors à Boualem Rabia de s'intéresser au rituel de Anzar, dieu de la pluie dans la mythologie, aujourd'hui tombé dans l'oubli quasi définitif. «Je fis donc des recherches à Azazga et dans ma tribu natale: Aït Ziki. Cependant, étant très jeune, mon père ayant refusé que mon nom paraisse, l'article sur Anzar fut présenté au Congrès de Malte sur les cultures méditerranéennes en 1976 avec le nom de Henri Genevois.» Les Annales en question sont éditées plus tard par la Sned (Société nationale d'édition de livres).

    Certes, plus tard encore, le père Jacques Lanfry apporta une clarification inhérente à l'article, c'était dans le N° 10 de la Revue LOAB (Littérature orale arabo-berbère) Boualem Rabia enchaîne: «Mouloud Mammeri, qui était de ce colloque, est venu me voir à Azazga, pour discuter de ce qui pouvait encore survivre de notre culture authentique dans les régions d'Aït Ziki et de Azazga: deux régions quasi inconnues des chercheurs berbérisants de l'époque. Ses encouragements m'ont poussé à m'investir davantage dans le domaine de la collecte des textes anciens, poèmes, légendes, faits d'histoire...»
    Inutile d'insister sur le fait qu'en ce temps-là, un interdit abominablement injuste frappait tout intérêt porté à la chose amazighe, authentiquement ancestrale! Il fallait donc agir dans la clandestinité la plus totale, même si je faisais partie du fameux Groupe de musique moderne: Yougourten, comme chanteur, souvent parolier et dépositaire de mélodies kabyles très anciennes inconnues ou méconnues: il fallait faire revivre tout ce qui était menacé de disparaître.» En évoquant cette période des années soixante-dix, notre interlocuteur n'omet pas de rappeler que la politique culturelle de l'époque était drastique, injuste quant à la culture amazighe, «cette culture que l'on voulait (d'ailleurs, on le veut toujours quelque part!) folkloriser, dévitaliser».
    Boualem Rabia enchaine: «Alors que la politique démoralisait son monde, Mouloud Mammeri avait fait bon coeur contre mauvaise fortune; il encourageait les jeunes adeptes de cette sauvegarde à résister vaille que vaille à la peur.»
    De là naquit un autre article: Les joutes poétiques féminines dans les mariages anciens d'Aït Ziki. Lequel article fut publié dans la revue Awal n° 4, le dernier signé par Mammeri. Puis vint le recueil de poèmes anciens: Le Viatique du Barde, publié aux éditions L'Harmattan à Paris et chez l'Odyssée à Tizi Ouzou.
    Depuis, Boualem Rabia n'a pas cessé d'écrire et de publier en tamazight et en français mais tout ce qu'il rédige a trait directement ou indirectement à la culture amazighe sous toutes ses facettes avec une part du lion réservée à la poésie kabyle ancienne et aux traditions de la région.
    Boualem Rabia a gagné aussi la confiance des cinéastes qui lui ont confié les dialogues des scénarios en tamazight. Des artistes aussi ont été séduits par le talent de traducteur hors pair de Boualem Rabia. Ce dernier compte aujourd'hui parmi les écrivains les plus en vue en Algérie et dans la région de Tamazgha pour tout ce qui est inhérent à l'amazighité. Malgré tout, Boualem Rabia reste un homme humble dont la modestie témoigne qu'un vrai kabyle qui garde les pieds sur terre même après avoir atteint les cimes.

    Par Aomar MOHELLEBI

    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Hommage à Boualem RABIA

    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      NNIG USENNAN Décrire le temps perdu...

      Dans Nnig Usennan, un roman en tamazight paru il y a deux ans aux éditions L'Odyssée de Tizi Ouzou, Boualem Rabia peint les douleurs et les déconvenues de Yidir, jeune étudiant à Alger. Ce dernier est si blasé qu'il finit par fuir la capitale. Il revient se ressourcer dans sa montagne natale. Dans cette dernière, lui semble-t-il, le monde n'est pas encore défiguré par l'insignifiance de la vie citadine, la cupidité d'aujourd'hui qui bouscule toutes les valeurs ancestrales, malmène la quintessence même d'un environnement culturel naguère encore omniprésent autour de lui. Très vite, Yidir déchante.
      Le constat est amer: cette culture disparaît progressivement avec ses derniers dépositaires. «Révolte! Car l'homme de principes est devenu une sorte d'énergumène anachronique avec son époque dominée par l'appât du gain facile, par la gérance des trop-vite-arrivés, dont Wecci est la figure de proue...», nous confie l'auteur du roman. Le flambeau de l'identité culturelle peine à rester allumé: les jeunes n'écoutent, ni n'apprennent plus auprès des anciens; l'esprit matérialiste a supplanté les trésors de la sagesse ancestrale jetée aux orties, l'individualisme a supplanté
      l'identité de la tribu. Identité que Ba Zemni s'évertue à préserver, à ne point trépasser, tant que ses disciples (Sedda,Mayas...) n'auront pas repris ce flambeau menacé par les ténèbres définitives...
      «La Tribu est donc démoralisée, dévitalisée. C'est ainsi que la voit Yidir, qui fuit son monde et devient noctambule... pour écrire entre rêve et réalité... Entre rêve et réalité d'une société qui "mute" négativement, en faisant fi des repères identitaires, des mythes ancestraux (au sens sociologique du terme)», ajoute Boualem Rabia. Ce premier roman d'un auteur qui n'en est pas à son premier livre qui, hormis l'histoire, «se soucie de sauvegarder au moins une infime partie d'un trésor inestimable de vocables et d'expressions kabyles menacés par un oubli définitif». Le même dessein pour le recueil de poèmes kabyles anciens: Le Viatique du Barde, idem pour l'émission radiophonique: «Tala Ggizlan».
      Mais cette passion n'est-elle pas vaine? Aura-t-elle un jour son écho parmi la jeunesse? Cette jeunesse tiraillée entre l'Orient et l'Occident. Nous en faudrait-il pour notre impuissance et notre rage face à ceux qui ne voient en notre indignation que folie? Ce sont là, toutes les questions que se pose l'écrivain Boualem Rabia qui oublie sans doute souvent que le plus important, ce sont ses oeuvres car si les temps changent, les écrits restent.

      Par Aomar MOHELLEBI
      dz(0000/1111)dz

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