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Extraits de mémoire

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  • Extraits de mémoire

    Mirou


    Intérieurement, j’étais presque convaincu que notre fin à tous, était une histoire de quelques jours ou de quelques semaines et personne d'entre nous ne saura se soustraire au destin funeste que nous réservaient nos bourreaux, ces gens incultes, assoiffés de sang, méchants, pleins de haine et de cruauté.

    Nous n'avions pas affaire à des enfants de chœur, ni à de simples délinquants, mais à des ennemis redoutables qui ne reculaient devant rien ; des forcenés sans cœurs, des psychopathes d’extrêmement dangereux, très déterminés plus que jamais à en découdre pour soumettre toute l'Algérie à leur bon vouloir. Ils étaient persuadés de l'imminence de leurs actes barbares et que chaque cruauté infligée à l'être humain était un bienfait qui les rapprochait un peu plus près du Bon Dieu et leur garantissait une meilleure place au paradis.


    --------------------------------------

    J’avais passé l’épreuve la plus terrible de ma vie, exposé de jour comme de nuit aux grands dangers. A chaque matin que je me mettais les pieds dehors, je regardais le ciel et me disais que ce jour-là, sera, peut-être, le dernier jour qui me restait à vivre et me tressaillais de tout mon corps à l’idée de me voir revenir, le soir, emmitouflé dans un linceul blanc.

    J’imaginais avec amertume, le cœur battant, la réaction des miens et mesurais, dans mon fort intérieur, combien sera immense leur douleur lorsqu’ils apprendront la nouvelle de ma mort. J’avais aussi autant peur pour ma vieille mère à la santé chancelante qui n’admettra quoi qu'il advienne, jamais cette terrible fatalité.

    J’étais intimement persuadé qu'elle sera le seul être qui me pleurera vraiment à chaudes larmes, la seule personne au monde qui ne m’oubliera jamais, ne serait-ce un instant et que ma perte allait lui causer tant de chagrins, tant de peines et de douleurs qui vont hanter les maigres jours qui lui restaient à vivre.

    Je connaissais parfaitement ma mère et je savais qu’elle ne pouvait se défaire de moi que lorsqu’elle me voyait si bien entouré et en totale sécurité, raison pour laquelle, je la voyais, si fragile qu’elle était, très vulnérable aux grandes émotions et quasi certain qu'elle périra de tristesse dans les prochains jours à venir, en emportant, serré dans le cœur, son deuil dans l'au-delà.

    Je me détournais la tête et me levais péniblement de mon siège. Je remarquais que la température avait sensiblement baissé au point de frôler le degré de congélation. L’envie de manger ne me tenaillait plus. J’éteignais le feu de la cuisinière et me dirigeais avec dégoût en titubant droit vers la chambre à coucher faiblement éclairée. J’enfilais mon pyjama en soie et je me mettais difficilement sous le drap

    Je me sentais extrêmement fatigué. Je n’avais qu’une envie: prendre du papier et un crayon à mine à portée de mes mains et y déverser avec rage toute cette bile qui empestait ma vie des années durant en relatant fidèlement à celui qui voudrait me lire, toutes les exactions, toutes les injustices et les abus subis.
    Dernière modification par Mi_rou, 30 août 2016, 16h14.

  • #2
    Je m’extirpais de ma baignoire comme une limace plus tôt que prévu, enfilais une longue serviette blanche du pendoir et me dirigeai, à pas lestes droit vers la cuisine, absorbé par mes tristes pensées. C’était une succession d’images hideuses et furtives qui se défilaient frénétiquement tel un film en accéléré, parfois monochromes, parfois d’un rouge vif éclatant, accompagnées de cris d’horreur inhumaine, de crépitement des balles incendiaires, de bruit assourdissant des bombes et d’odeur pestilentielle de fleuves de sang.

    Je sentais mon cœur s’emballer nerveusement. En un temps si court, j’avais pu remettre en surface un vieux cauchemar qui me hantais jadis et le revoir aussi facilement dans son entière intégralité.

    Je n’avais d’autres qualificatifs que de le désigner de cauchemar, autrement dit, un rêve hallucinant dans lequel, je me voyais, tantôt tenir le premier rôle, kalachnikov à la main, tantôt figurant anonyme et tantôt spectateur incrédule d’une longue série de scènes monstrueuses, presqu’ invraisemblables, jalonnées par tant de morts et de destructions.

    Des scènes apocalyptiques. C’était un vrai chef-d’œuvre satanique nominé aux Oscars de Dante, savamment écrit et réalisé de concert par une poignée de diables d’intérêt prêts à toute abomination, des personnes stupides et moribondes érigées en maîtres incontestés, guidées par deux instincts maléfiques : l’adoration du pouvoir et le goût immodéré de l’argent.

    Plus j’y pensais, plus je m’enfonçais dans l’horreur et plus je m'y engouffrais, plus j’avais cette sensation de vertige et de nausées.

    Je me revoyais, l’arme en bandoulière, entouré de mes collègues, au regard innocent, blaguant et jubilant comme des gamins insouciants. Ils étaient, pour la plupart, de jeunes hommes pleins de vitalité qui venaient à peine de sortir de l'adolescence, mais fiers de porter une arme pour défendre et mourir pour la liberté.
    Dernière modification par Mi_rou, 30 août 2016, 16h21.

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    • #3
      #J’étais intimement persuadé qu'elle sera le seul être qui me pleurera vraiment à chaudes larmes, la seule personne au monde qui ne m’oubliera jamais, ne serait-ce un instant et que ma perte allait lui causer tant de chagrins, tant de peines et de douleurs qui vont hanter les maigres jours qui lui restaient à vivre.#
      Bonjour

      Hé oui, l'amour de la mère est incomparable qu'aucun femme ne pourra le remplacer.

      Tu as du galérer, cher ami.

      J'ai vu de mes propres yeux de jeunes policiers se faire canarder à Bouayba. Ils étaient 5 ou 6. Cette image cauchemardesque est restée à jamais gravée dans ma mémoire. Les impacts de balles se trouvent l'une des façades du bâtiment. Ils témoignent de la brutalité féroce du terroristes.

      Merci pour le partage. Je rentrerai la fin de la semaine à Alger pour célébrer le mariage d'un cousin. Bon courage !

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      • #4
        Elle est morte et enterrée. Rabi yerham'ha.
        Je me souviens toujours de ce carnage de mi-nuit, près du cimetière chrétien sur la route sidi halou. cinq au total ont laissé leurs vies.

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        • #5
          Mirou,

          Tes mémoires ont fait surgi des événements des plus marquants. Je revois encore quelques scènes les adieux qu'on se faisait Les veillées, l'angoisse, l'attente d'avoir des nouvelles...

          Qu'ils reposent tous en paix.
          Allah yarham ta mère.
          « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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          • #6
            Rabi yerham el moumnine
            Nous avons passé une période horrible

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            • #7
              Mirou

              Allah Yarhem Al Walida ..

              Je fuyais le service national à l'époque.. et n'ai connu aucune scène de violence en Algerie !
              Je m'incline donc avec grand respect aux sacrifices consentis par nos frères

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              • #8
                Maaliche, tu as peut etre échappé à la mort - Les appelés ont payé un lourd tribut - Ils étaient peu expérimentés et envoyés comme chair à canon. Je crois qu'ils étaient 8000 qui avaient laissé la peau
                Dernière modification par Mi_rou, 28 août 2016, 14h35.

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                • #9
                  @ Mi_rou

                  Allah yerhamha, nchallah bab el djenna maftou7elha.




                  P.S.: ta boit est pleine... desoler..

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                  • #10
                    Salam 3lik Mi-rou

                    Tes memoire sont poignant
                    Allah yarhamha lwalida
                    3lach
                    Dernière modification par Fadwasoussya, 28 août 2016, 18h49.
                    Taroua ddante" qui veut dire "Les enfants ont été emportés (par l'eau)" que cria une femme berbère qui faisait sa lessive au bord du fleuve quand les crues emportèrent ses enfants!

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                    • #11
                      Bonsoir Mirou

                      Très émouvant partage.
                      Rahmatou Allah 3ala toutes les victimes de la barbarie.

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                      • #12
                        MeRci,

                        Allah yerham el hayine aussi

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                        • #13
                          Policeman mégalomane

                          En effet, dans la police, la mégalomanie se développe comme la coqueluche dans les maternelles...

                          J’appréhende mal cette manière de mes collègues, pourtant jadis courtois mais, qui, une fois investis d’une responsabilité quelconque au sein de la hiérarchie policière, troquent leur modestie et leur simplicité contre la méchanceté et, beaucoup deviennent irrévérencieux et insolents.

                          Ils perdent brusquement de vue le sens de l’appréciation, celui du respect et de considération envers les autres, pour ne se fixer, consciemment ou pas, que sur une excentricité maladive, accompagnée le plus souvent d'une bassesse d'une vile tyrannie.

                          L’oppression et l’abus du pouvoir de nos psychopathes galonnés sont la conséquence de fâcheux incidents qui entachent chaque année la corporation policière et mènent parfois au suicide. Cette cruelle forme d'expression a pris malheureusement depuis quelques années, une proportion assez inquiétante.

                          Dans sa forme bénigne, la surestimation de ses capacités physiques et intellectuelles se traduit souvent par des ambitions vouées d’office à l’échec, en raison des dispositions personnelles réellement insuffisantes.

                          C’est ce qui peut s'avérer parfois juste, puisque, ce genre de pseudo dirigeants, n’ont jamais réussi à faire long feu. Ils seront, soit mis au placard, soit démis de leurs fonctions ou bien poursuivis en justice et jetés en prison comme de vulgaires criminels.
                          ........
                          Dernière modification par Mi_rou, 29 août 2016, 19h56.

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                          • #14
                            Bonjour,

                            Oublie, cher ami

                            Bon, la fête approche, tu trouveras ton invitation au cabinet de ma sœur.
                            Ce sera à la salle des fêtes Cléopâtre. Tu connais ? Tu prends la bretelle, sens Alger. A proximité de l'échangeur de Beni Mered, c'est simple -

                            D'ici là, je te souhaite une bonne fin de journée - Au revoir

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                            • #15
                              Bonjour,

                              Oublie, cher ami

                              Bon, la fête approche, tu trouveras ton invitation au cabinet de ma sœur.
                              Ce sera à la salle des fêtes Cléopâtre. Tu connais ? Tu prends la bretelle, sens Alger. A proximité de l'échangeur de Beni Mered, c'est simple -

                              D'ici là, je te souhaite une bonne fin de journée - Au revoir
                              Uranie est déconnecté Signaler un message hors-charte

                              Oubliez ? Pas si simple que tu le penses. Il y a des blessures que même le temps n'arrivent pas à effacer. Elles sont là avec leurs amers souvenirs et leurs vives douleurs. Oubliez, si comme tu disais à quelqu'un d'oublier son mal de dent -

                              Merci, pour l'invit. Je connais les lieux, c'est pas loin de chez moi - Je tacherai de récupérer ma carte demain inchallah - Merci d'avoir penser à moi -
                              Dernière modification par Mi_rou, 30 août 2016, 16h22.

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