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Eclairage de Belaid Abane sur la liquidation de certains militants berbéristes du mouvement national

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  • Eclairage de Belaid Abane sur la liquidation de certains militants berbéristes du mouvement national

    «Benai Ouali a été tué sous l’ordre de Mohamedi Saïd, lui-même sous l’ordre de Krim»

    Rencontré à Akfadou en marge du colloque international «Les assises de la Soummam, 60 ans après, quelles leçons ?», Belaïd Abane, écrivain, politologue et professeur de médecine, auteur de nombreux ouvrages sur Abane Ramdane, l’un des principaux artisans de cet événement majeur dans la lutte de libération du pays, revient, à travers cet entretien, sur la commémoration de l’événement tout en apportant un éclairage sur la polémique liée à la liquidation de certains militants de la cause nationale et identitaire à l’image de Benai Ouali.

    Le Soir d’Algérie : La région historique d’Akfadou commémore cette année le 60e anniversaire du Congrès de la Soummam à travers un colloque international dédié à cet événement considéré comme un acte fondateur de la révolution. Vous participez à ces assises de la Soummam sur le thème «la primauté soummamienne du politique sur le militaire : d’Ifri au Caire, une vie éphémère». Peut-on connaître le regard que vous portez sur ce genre d’initiative visant à lever le voile, sans aucun tabou, sur cet événement ?

    Belaïd Abane : Il est important que ce genre d’événement aussi fondateur soit commémoré chaque année. C’est ce qui contribue à formater la mémoire nationale. Si nous voulons que notre jeunesse aime son pays, il faudrait lui donner des modèles, des exemples valorisants dans notre histoire nationale. En ce qui concerne la commémoration tout particulièrement de cette année, c’est un 60e anniversaire donc, c’est une étape de maturité de la Nation algérienne, elle a besoin de se retrouver dans ses moments fondateurs. Personnellement, maintenant, pour moi qui suis aussi à ma maturité intellectuelle et également à la maturité de l’âge, avec du recul également, il est impensable que je ne m’arrête pas en tant qu’intellectuel, en tant que chercheur et analyste politique pour analyser cet événement dont je dis d’ailleurs que ce sera le dernier. Après je laisse la place à la jeunesse. Pour moi, il est important parce que c’est le 60e anniversaire du Congrès de la Soummam et l’année prochaine 2017, ce sera le 60e anniversaire de l’assassinat de Abane. Donc, il était pour moi important de marquer, de manière forte, le 60e anniversaire du Congrès de la Soummam pour que je puisse marquer de manière aussi forte l’assassinat de Abane à l’occasion du 60e anniversaire en décembre 2017. Pourquoi ? Parce que mon livre Vérité sur l’assassinat de Abane sort courant 2017, ce sera pour nous la famille et pour la famille nationale l’occasion d’un deuil définitif à l’occasion d’une cérémonie populaire nationale dans un esprit d’apaisement pour commémorer une bonne fois pour toutes la mort de Abane et c’est aussi une façon pour nous de faire des funérailles symboliques.

    La polémique enfle autour de la liquidation de certains grands militants de la cause identitaire durant la guerre de Libération à l’image de Benai Ouali. Certains écrivains n’hésitent pas à pointer du doigt ouvertement l’implication de Abane et Krim dans l’assassinat de ces militants berbéristes. Pouvez-vous apporter un éclairage sur ces liquidations ?

    Je rappelle d’abord qui est Benai Ouali, Amar Aït Hamouda et Mbarek Aït Menguellat, ce sont d’éminents militants de la cause nationale. Leur malheur est d’être tombés dans un mauvais moment, c'est-à-dire au moment où la puissance du PPA/MTLD bien sûr était totalement orientée vers l’arabo-islamisme. Ce sont des révolutionnaires. Ils étaient à la pointe par rapport à l’ensemble des militants du mouvement national mais en même temps, ils étaient pour la défense de l’identité berbère. Donc leur premier assassinat, c’était leur exclusion du parti. Quand ils ont été exclus du parti, d’autres sont venus les remplacer. C'est-à-dire Krim, Ouamrane, Djeffal, Fernane Hanafi, tous ces militants qui sont devenus des chefs de la Kabylie étaient des subordonnés de ces éminents militants du mouvement national qu’étaient Benai, Amar Aït Hammouda et Mbarek Aït Menguellat. Ensuite, c’était une autre équipe qui dirigeait la Kabylie, c'est-à-dire Krim avec Ouamrane et Mohamedi Saïd et le paradigme a changé, ceux qui étaient dans la crise identitaire sont devenus pratiquement les ennemis de la direction FLN de la Kabylie. Le nettoyage a commencé. Il a commence par Amar Aït Hammouda et Mbarek Aït Menguellat. Ils les ont éliminés dans un tribunal plus ou moins installé rapidement à Aït Ouabane. Quelque temps après, c’était le tour de Benai Ouali pour des raisons que j’ai développées dans un livre : une collecte de fonds que Krim considérait comme étant un peu interlope. Là donc, il faut dire les vérités. Et pour Benai Ouali, je pense, et Ali Yahia Abdenour le dit aussi dans son livre, c’est un problème personnel entre lui et Krim. Krim voulait lui régler son problème à titre personnel. Est-ce que Abane était au courant ? Je ne sais pas. Mais ce que je peux dire est que la relation entre Abane et Krim s’était détériorée au point où Abane ne pouvait pas donner l’aval ou l’ordre à Krim de liquider Benai. Si Abane avait demandé à Krim de tuer Benai Ouali, Krim ne l’aurait pas tué, il aurait fait le contraire. Si Abane lui avait dit ne le tue pas, il l’aurait tué. Donc, il ne pouvait pas y avoir Krim et Abane s’associant pour liquider Banai. Ce que je sais, c’est que Benai Ouali a été tué en Kabylie sous l’ordre de Mohamedi Saïd, lui-même sous l’ordre de Krim.
    Entretien réalisé par
    Aziz Kersani
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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