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Mouton de l’Aïd : Le business lucratif des revendeurs clandestins

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  • Mouton de l’Aïd : Le business lucratif des revendeurs clandestins

    L’Aïd El-Adha, c’est dans quelques jours. Les préparatifs vont bon train. Le signe visible de cet emballement est incontestablement le mouton et ce qui va avec. Sa pitance et ses excréments qui traînent dans les bâtiments des quartiers populaires plantent le décor d’une ambiance qui s’annonce festive.

    Entre religion et traditions, l’Aïd El-Adha reste pour nombre de vendeurs clandestins un business bien lucratif. Si les marchands de bétail saisissent l’opportunité pour faire des affaires, le porte-monnaie des consommateurs en prend un coup en dépit de la clémence annoncée. Un tour du côté de Sorécal, à Bab Ezzouar, renseigne sur la volatilité des prix. Le mouton le moins cher est cédé à plus de 35.000 DA. Ce prix, nous dira Djamel, un vendeur clandestin de moutons, est bien moins élevé que l’année dernière par rapport à la qualité du mouton et de son poids. La canne à la main, il atteste qu’un mouton cédé à cette somme a été vendu en 2015 à plus de 40.000 DA. Une baisse de 5.000 à 10.000 DA peut donc être ressentie. Exposés dans un stade de la cité, les moutons ont été regroupés selon leur âge et donc selon les prix. Nous trouverons les agneaux originaires de Djelfa, dont le coût avoisine les 30.000 DA, les moutons de deux ans à environ 50.000 DA et les plus vieux à un prix dépassant les 70.000 DA.
    Cet espace, habituellement destiné aux matchs de football du quartier, change de décor, mais également de senteur. Certains habitants des immeubles, assis aux abords de l’aire sportive, s’en plaignent déjà. Les mouches et les moustiques devront faire partie de leur quotidien. « L’odeur, due essentiellement au manque d’hygiène, nous parvient jusqu’au 4e étage », a marmonné un locataire de la cité située en face du stade. A quelques centaines de mètres, Rabah Saoudi revend des moutons depuis une dizaine d’années dans une cour au quartier du Lido. Il est devenu la référence du quartier. Malgré les conditions minimales d’accueil de son troupeau éphémère, Rabah s’en sort bien. Il possède quelque 600 moutons et une vingtaine de veaux. A plus de deux semaines de l’Aïd, il a quasiment tout vendu. Il lui reste à peine 200 moutons à vendre et il n’est pas inquiet. Il vend son ovin pour environ 46.000 DA, un prix qu’il estime raisonnable pour des moutons âgés de deux ans, qu’on appelle « thni ».

    L’agneau est, quant à lui, vendu entre 26.000 et 35.000 DA. « Certains visiteurs ne veulent pas acheter, mais finissent par revenir l’ultime semaine. Et ils y trouvent leur compte. Ils ne peuvent pas passer à côté de cette tradition », dira le vendeur. Même s’il reconnaît que cette année les clients paraissent moins économes. Mais personne n’achète les yeux fermés. « Tout le monde négocie pour gagner quelques ristournes », dit-il. Les prix oscillent donc cette année entre 26.000 et 80.000 DA, selon l’espèce ou le poids. Les plus chanceux, dira Djamel, restent ceux qui ramènent des moutons des plaines de l’Ouest ou encore du Sud algérien.

    Des revendeurs partout
    Les revendeurs clandestins ne connaissent pas la crise. Ils sont même très organisés. A un mois de l’Aïd, ils ont commencé à faire leur stock de moutons pour le revendre le jour J. Certains les ont achetés petits et élevés dans leurs garages pour se faire un important bénéfice. Pour l’emplacement, c’est au petit bonheur la chance. Un champ, la rue, un garage, un bord de la route, tout est envisagé pourvu que les clients passent par-là. Nous rencontrons un jeune homme de 25 ans, à El Madania. Il vend ces bêtes de sacrifice depuis 5 ans, sur une parcelle d’herbe au Ravin de la femme sauvage, la route qui mène vers Ruisseau. « Cette place est très bien située, car elle n’est pas encombrée », nous explique-t-il. Pratique, gratuit, l’endroit n’est pas le plus sympathique, mais il attire le chaland des alentours.

    Le jeune vendeur semble exceller dans la revente de moutons, qu’il propose entre 30.000 et 60.000 DA par tête. Lorsque nous lui demandons s’il a une autorisation pour vendre dans la rue, il nous explique qu’il n’a « pas besoin d’autorisation à Alger ». Nous sommes pourtant dans le marché informel, mais celui-là semble plus licite que les autres. Nous rencontrons un autre, pas plus loin. Il nous dira que les responsables de l’APC viennent s’enquérir des prix, sans lui demander des comptes. Il ne voit donc pas l’intérêt d’avoir une autorisation, du moment qu’ils ferment les yeux et qu’il leur fait un bon prix. Dans la capitale, nombreux sont ceux qui s’autoproclament vendeurs de moutons dans le seul espoir de se faire des bénéfices, sans trop se soucier de l’hygiène ni de la santé de son bétail.
    Walid Souahi
    HORIZON
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