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Les MOOCs, une alternative au monopole éducatif

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  • Les MOOCs, une alternative au monopole éducatif

    Contre la politisation de l’Université, les nouvelles technologies offrent désormais des alternatives pour transmettre le savoir, notamment grâce aux MOOCs

    La période de rentrée scolaire est propice à toutes les annonces et polémiques sur les sujets les plus mineurs concernant l’éducation (jusqu’à la récente décision du Ministère de l’Éducation Nationale d’interdire les pokémons rares dans les établissements). C’est à croire que ces bruits médiatiques stériles constituent une diversion face à l’absence totale de perspectives et de débats sur les grands sujets de fond concernant la concoction des programmes (imposés par en haut), les pratiques pédagogiques ou encore les carrières des enseignants. La grande absente des discussions de cette rentrée est la question de l’enseignement numérique et de son dernier avatar : les MOOCs (Massive Open Online Courses) traduits en français par CLOM (Cours en Ligne Ouverts et Massifs).

    Les Moocs, cette utopie réaliste

    Ces enseignements gratuits et disponibles à tous ceux disposant d’une connexion Internet sont nés d’une belle idée – presque utopique – lors de sa création en 2007 par des enseignants de l’Université du Manitoba : procurer à tous ceux qui veulent apprendre l’accès aux ressources disponibles, et ce à n’importe quel moment de leur vie. Basée sur une philosophie proche des idées radicales d’Ivan Illich appelant l’abolissant de l’école en tant qu’institution1, les MOOCs très collaboratifs (cMOOCs) des débuts ont évolué vers un modèle plus classique d’enseignement (xMOOCs) élaboré par les grandes universités américaines.

    Ces cours en ligne comprennent non seulement des séquences vidéos, mais également des moyens d’interagir avec les autres étudiants inscrits dans ces cours et des évaluations qui permettent d’obtenir des certifications. Hébergés sur des grandes plateformes, ces MOOCs mis en place par les enseignants les plus renommés ont connu un vif succès aux États-Unis à la fin des années 2000, et ne sont arrivés que plus tardivement en France… à l’initiative du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (qui n’a créé la plateforme FUN qu’en 2013).

    Les avantages de cette technologie sont évidents. Le premier est de nature cognitive : en ouvrant chaque enseignement à toute la partie de l’humanité qui dispose d’une connexion internet, elle permet une large diffusion des savoirs. Les MOOCs contribuent avec Wikipédia et d’autres outils collaboratifs similaires à créer un véritable marché libre de la production des savoirs et de l’apprentissage se substituant à un modèle d’enseignement vertical monopolisé par une élite.

    Ce marché mondial est favorable à la dispersion des connaissances, or, comme l’avait fort bien remarqué le prix Nobel d’économie Friedrich Hayek2, c’est en disposant de bonnes informations à un niveau local que les acteurs sont susceptibles de prendre des bonnes décisions, favorisant ainsi la prospérité générale.

    Le succès massif des MOOCs

    L’aspect « massif » des MOOCs apparaît clairement quand on sait que le cours du MIT Circuits and Electronics a drainé 155 000 inscrits venus de 160 pays différents ! Le deuxième avantage que présentent ces technologies est l’efficacité. En proposant un large choix de cours et d’enseignants, les plateformes MOOCs permettent là aussi une circulation d’informations en indiquant quelles sont les institutions ou les enseignants qui sont les plus efficaces.

    C’est d’ailleurs un aspect pointé par la littérature académique sur le sujet : en instaurant des critères d’efficience comme le nombre d’inscrits aux cours et surtout le taux de complétion (la part des personnes qui suivent le cours de A à Z), les MOOCs permettent de remettre les enjeux de pédagogie et d’ouverture sur un public extérieur au cœur des institutions universitaires3. Certains espèrent même que cette technologie disruptive fera baisser le coût de l’éducation supérieure qui a atteint des sommets aux États-Unis.

    Les vertus de cette innovation pédagogique sont cependant à nuancer. Tout d’abord gardons-nous de tout triomphalisme, puisque depuis l’invention du tableau noir en 1841 chaque invention est perçue comme une révolution, alors que finalement rien ne remplacera l’importance des qualités personnelles de l’enseignant. Les MOOCs souffrent d’autre part d’un taux de complétion extrêmement faible (seulement 10 % en moyenne des inscrits vont au bout de la formation) et on constate que le public touché est principalement composé de personnes qui sont déjà diplômées4.

    Mais au-delà de ces limites, l’atout essentiel des MOOCs est d’être vecteur de pluralisme en permettant à tous ceux qui veulent présenter un enjeu au grand public ou d’aborder une manière originale une thématique de le faire. En effet, le système d’enseignement supérieur français étant particulièrement centralisé et basé sur la cooptation5.

    Les MOOCs contre la politisation universitaire

    Pour avoir le droit de candidater à un poste de Maître de Conférences dans une Université, un candidat doit faire « qualifier » sa thèse auprès d’une section du Conseil National des Université dont les membres sont élus (favorisant la politisation du système). Suite à cette « qualification », il doit ensuite candidater à un concours national avant d’être auditionné par des comités composés pour moitié de membres extérieurs à l’Université.], les idées minoritaires en sciences sociales sont quasiment passées sous silence. Il existe également un conformisme social très fort favorisant un monopole de la gauche anti-libérale dans l’enseignement des sciences sociales. Ce biais anti-libéral des intellectuels n’est pas nouveau et s’explique à la fois par leur sentiment de détenir un savoir les légitimant dans leur rôle d’ingénieur social (Hayek), mais aussi bien souvent une ambition frustrée concernant leur statut et leur rémunération par rapport à d’autres professions (Mises, Boudon).

    Il n’en demeure pas moins que ce biais est particulièrement fort dans l’Université française : 57 % des universitaires, toutes disciplines confondues, ont une vision négative de la concurrence (contre 38 % de la population française dans son ensemble) et 18 % seulement d’entre eux sont pour le renforcement de la propriété privée des moyens de production (soit deux fois moins que la population française)6. Il est évident que dans ce contexte les théories enseignant les mécanismes du marché libre en économie, l’individualisme méthodologique en sociologie, ou encore la pensée libertarienne en philosophie, sont la plupart du temps ignorées.

    Et si ce biais ne pouvait-il pas justement être contourné par le moyen des MOOCs ? Et si ces outils étaient mobilisés par des acteurs de la société civile disposant de connaissances pointues dans leur domaine, d’universitaires en marge de leur discipline (comme les représentants de l’école autrichienne d’économie en France) ? Et si les cours en ligne n’étaient pas un moyen subversif pour faire connaître des théories alternatives en sciences sociales ?

    C’est en tout cas à partir de cette philosophie que l’École de la Liberté va sortir sa série de MOOCS dans les semaines qui viennent, avec une offre éducative originale sur le fond à partir d’une série de questionnements divers traités par des enseignants issus de toutes les disciplines de sciences humaines.

    Quels sont les fondements du libéralisme ? En quoi ses postulats sont-ils toujours d’actualité ? Qui était Frédéric Bastiat ? Quel est son héritage intellectuel ? Quelles sont les causes de la prospérité économique ? Pourquoi l’État croît-il ? Comment limiter cette croissance ? Quelles sont les conséquences inattendues des politiques publiques ? Comment la société va-t-elle s’adapter aux changements technologiques liés à l’économie numérique ? Quels sont les liens entre les règles de droit et l’économie ?

    Guillaume Thomas est délégué général de l’école de la liberté
    Ivan Illich, Une société sans école, Paris, Seuil, 1971. ↩
    Friedrich A. Hayek, L’utilisation de l’information dans la société, Revue française d’économie, vol. 1, n°2, 1986. Pp. 117-140. Disponible sur le site de l’École de la Liberté. ↩
    A ce sujet voir John Daniel, « Making Sense of MOOCs : Musings in a Maze of Myth, Paradox and Possibility », Journal Of Interactive Media in Education, 2012. ↩
    Albó, L., Hernández-Leo, D., Oliver, M. (2016) Are higher education students registering and participating in MOOCs? The case of MiríadaX. EMOOCs 2016 conference, Graz, Austria. Voir le principaux résultats de cette étude ici. ↩
    C’est particulièrement le cas pour le recrutement des enseignants-chercheurs ↩
    Raul Magni-Berton et Abel François, Que pensent les penseurs. Les opinions des universitaires et des scientifiques français, Presses Universitaires de Grenoble, 2015. ↩


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