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Quand l'Algérie était une “terre de tourisme” à la mode

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  • Quand l'Algérie était une “terre de tourisme” à la mode

    Pendant plus d'un siècle, on allait dans la Californie africaine pour prendre le soleil, se baigner, et même faire du ski. Un livre retrace cette histoire méconnue.

    Elle a longtemps été surnommée la Californie africaine. Pendant plus d’un siècle, du débarquement des troupes de Charles X en 1830 à l’indépendance en 1962, l’Algérie coloniale, le plus vaste territoire du continent noir, avec ses montagnes enneigées et ses côtes maritimes plantées de ruines romaines, a été une terre de tourisme.


    C’est cette histoire méconnue que raconte Colette Zytnicki, professeur à l’Université Toulouse-Jean Jaurès et spécialiste du Maghreb. Dès la conquête achevée, gouverneurs généraux, milieux d’affaires locaux et militaires tentent de faire de l’Algérie devenue française une destination pour riches excursionnistes. La mode de l’Orient se répand déjà en Europe depuis le XVIIIème siècle. Le peintre orientaliste Eugène Fromentin débarque en 1846 avec ses carnets de croquis. Le premier «Guide du voyageur en Algérie», sous-titré «Itinéraire du savant, de l’artiste, de l’homme du monde et du colon», paraît en 1848 aux éditions Marest.

    A partir des années 1850, la bonne société internationale (Anglais, Américains, Russes…) qui d’ordinaire se retrouve, l’hiver, à Biarritz, sur la Côte-d’Azur ou la riviera italienne, prend l’habitude de traverser la Méditerranée. Les hiverneurs, comme on les appelle alors, s’installent dans les palaces d’Alger, La Régence, L’Orient, louent des villas luxueuses au cœur du quartier de Saint-Eugène, le long de la corniche, ou d’anciennes maisons mauresques à Mustapha, sur les hauteurs de la ville.

    Les oasis à la frontière du Sahara, comme Biskra, ville de garnison, qui restera longtemps le seul endroit doté d’un casino, ou Bou Saada, lieu de villégiature du peintre Etienne Dinet, surnommé «la Mecque des artistes» voient bientôt leurs murs recouverts d’affiches promotionnelles qui vantent les visites du «vrai désert» ou de «la mer de sable».


    Même les Aurès, pourtant rongées par la misère, et où des soulèvements ont éclaté en 1871 et 1879, commencent à attirer les amateurs de «paysages sauvages et de peuples "authentiques" (…), écrit Colette Zytnicki. Dans les années 20, une sorte de fièvre touristique saisit l’Algérie (…). On rénova les hôtels, on bâtit des établissements de luxe jusque dans les oasis et dans les montagnes.»


    Plus de 50.000 touristes accostent chaque année le long des côtes algériennes. Le premier parc national français, baptisé Paradis des cèdres, est créé de ce côté-ci de la Méditerranée, en 1923, à Téniet El Haad, près de Miliana. Une station de ski pousse à Chréa, à 62 kilomètres d’Alger, avec des chalets, des pistes, un tremplin. Un remonte-pente sera installé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les voyageurs posent en costumes locaux dans les studios des photographes mais ne se mélangent jamais aux indigènes, le nom officiel employé par l’administration coloniale pour désigner les musulmans.


    Lorsque la guerre éclate en novembre 1954, le premier guide Michelin est en cours d’écriture et l’Algérie affiche plus de 150.000 vacanciers annuels, de riches oisifs, toujours, mais aussi des employés plus modestes qui profitent des congés payés et des Trente Glorieuses. Après huit années de conflit, ils vont tous déserter. Seule une poignée d’Européens locaux osera encore s’aventurer sur les plages d’Alger, d’Oran ou de Philippeville.

    L’indépendance mettra un terme à la «Californie africaine». A travers des brochures touristiques, des récits de voyageurs, des extraits de guides touristiques, Colette Zytnicki lève un voile sur un autre aspect de la colonisation, quand il s’agissait de venir se divertir dans un pays où les neuf dixièmes de la population, les musulmans, n’étaient pas des citoyens comme les autres.

    Nathalie Funès NObs

    Livre: L’Algérie, terre de tourisme, de Colette Zytnicki,
    Editions Vendémiaire, 280 p., 21 euros.
    F.E.A.R, has two meanings:Forget everything and runorFace everything and Rise.....Voilà !

  • #2
    Colette Zytnicki lève un voile sur un autre aspect de la colonisation, quand il s’agissait de venir se divertir dans un pays où les neuf dixièmes de la population, les musulmans, n’étaient pas des citoyens comme les autres.
    Le tourisme chez un peuple spolié.
    F.E.A.R, has two meanings:Forget everything and runorFace everything and Rise.....Voilà !

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